Je vous ai vu
nu.
Je suis
passée sans transition de cette situation banale, un verre pris dans un café,
une conversation enjouée, à vous, nu. Nu et deux fois debout, deux fois tendu
vers un ciel entrevu, le septième forcément.
Vous n’avez
pas remarqué mon silence, mais peut-être mes yeux devenus rêveurs, et leur
fuite en imagination. J’ai effleuré vos cheveux, je me suis emparée de leurs
boucles et j’y ai entortillé mes doigts. Votre visage s’est relâché, un soupir
est passé sur vos traits, une attente. Mon regard s’est perdu dans la rue
passante, sans percevoir les gens crachés par la bouche de métro.
Je vous ai vu
nu.
Souriant et
déjà triomphant, un peu étonné de vous trouver dans cette chambre que je ne connais pas. Je
vous ai contemplé à loisir, puisque vous m’apparteniez comme le reflet d’un
songe. Je vous ai voulu là, dépouillé de vos artifices. Votre peau avait des
tons de vieil albâtre, et il n’était pas de plus vivant que vous. J’ai apprécié
la chute de votre dos vers vos fesses, la vigueur de vos jambes, le décroché de
vos hanches, la poitrine discrètement renflée, votre sexe dressé vers un
horizon plus élevé.
Je vous ai vu
nu.
Et puis je
suis revenue à notre conversation. Vous parliez de vos voyages. J’ai des envies
de croissant sur le Bosphore.
Et de vous,
nu.
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