tag:blogger.com,1999:blog-6134866138088934602024-03-13T05:20:28.081+01:00Textes éparsAnonymoushttp://www.blogger.com/profile/04278824055610235335noreply@blogger.comBlogger89125truetag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-28158605317209187372018-05-22T17:39:00.000+02:002018-08-05T17:52:21.921+02:00Petite chienne<div style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 12.8px;">
Tu mettras une chaise haute dans ta chambre. Attends dos à la porte, debout, avec ton<span style="font-size: 12.8px;"> collier et ta laisse</span><span style="font-size: 12.8px;">. Je vais entrer et poser un bandeau sur tes yeux. D'elle, tu ne connaîtras que le toucher, le parfum et la voix. La férule aussi, c'est pour ça qu'elle est là.</span></div>
<div style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 12.8px;">
Je vais lier ton collier à ton cou Je ne prendrai pas ta bouche mais la sienne pour un baiser de bienvenue. Tu n'es plus que l'objet de nos féroces attentions. N'esquisse pas un geste dans sa direction. Elle m'appartient ce soir, et tu lui es donné. Elle est mon instrument et mon vaisseau. Mon calice.</div>
<div style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 12.8px;">
Montre-lui ta peau maintenant, enlève tes vêtements. Elle a mis mes gants, pris la cravache entre mes mains. Je vais m'asseoir sur la chaise, pose tes bras sur mes jambes et penche-toi en avant. Là, les premiers coups pleuvent. Elle est plus cruelle que moi. C'est pour ça que je l'ai choisie. Tu n'as pas de bâillon, mais si tu te penches encore, tu peux emplir ta bouche entre mes cuisses. Maintenant, agite bien ta langue où je trouve mon plaisir. Ta peine, ma joie. Il faut te concentrer, même si elle applique avec ferveur ton châtiment. Mon plaisir, ses coups.</div>
<div style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 12.8px;">
Je crains que tu gardes quelques jours les souvenirs tiraillants de son enthousiasme, malgré mes promesses. Tu penseras à nous chaque fois que tu t'assiéras. Tu faiblis dans ton effort alors que je me trouve au bord de l'orgasme. Elle va te fesser plus fort et moi je vais te gifler de mon gant pour te rappeler à ton devoir. Sois plus présent à ton oeuvre.</div>
<div style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 12.8px;">
Elle est belle, tu sais, derrière toi, la cravache à la main et les longs gants noirs sur ses bras. Elle est belle, malgré ses sourcils froncés. Elle attend que je bascule pour lever son instrument. Elle connait la suite, pas toi, pas encore. Sa bouche se relève d'un sourire quand je gémis. Elle a envie qu'on la touche, ses mamelons sont dressés, ses cuisses humides, elle voudrait sa part.</div>
<div style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 12.8px;">
Elle m'embrasse en appuyant ses cuisses sur tes fesses, et sa langue danse dans ma bouche tandis qu'elle te pousse contre mon ventre. <span style="font-size: 12.8px;">Nous allons t'attacher, petite chienne, sur le lit, pour jouer encore. </span><span style="font-size: 12.8px;">J'ai choisi à l'avance le jouet qu'elle va enfoncer dans ton cul rougi par les coups. Mes doigts d'abord jouent avec ton orifice. Ta bouche baveuse cherche à saisir la couette, pour étouffer tes gémissements. Tu te tortilles d'anticipation. Mords le drap petite chienne, nous n'avons pas fini. Mon pouce cesse de titiller pour pénétrer ton conduit, flatter le siège de ton plaisir. Tu protestes quand mon doigt quitte ton fondement avide. C'est à elle de jouer, et elle introduit lentement le plug entre tes fesses. Je resserre tes entraves.</span><br />
<span style="font-size: 12.8px;"><br /></span></div>
<div style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: 12.8px;">
Maintenant que tu nous es lié, maintenant que je chevauche ton visage aux yeux bandés, tu peux reprendre ton ouvrage avec ta langue et me donner du plaisir. Elle t'enjambe pour présenter son sexe gonflé à mes doigts gantés. Elle n'a pas osé se caresser, sous peine de voir la cravache changer de main et cingler ses seins lourds. Si tu savais comme elle gémit quand je la maltraite ! Mais tu n'entendras pas ses cris, pas ceux-là, pas ce soir. Sois heureux, petite chienne, tu es l'objet de nos attentions conjuguées. Ma main s'immisce entre les lèvres écarlates. Vois-tu, elle connait bien le contact électrisant de mes gants et elle les rend glissants. Tu vas la sentir onduler sur ton ventre, contre ta queue tendue. Ce ressac t'égare, et tu te fais moins habile. Rappelle-toi ce que tu dois à ta maîtresse. Ah! entre le jouet qui tiraille ton cul et les caresses involontaires de ses fesses, tu te trouves au bord de l'explosion. Mais le moment n'est pas venu pour toi de jouir. En quelques mouvements, je lui donne, à elle, sa première extase. Elle t'inonde de ses sucs. Tu rêvais de cette douche enchantée, la voici. Retiens ton orgasme, tu sais ce qu'il t'en coûte.<br />
<br />
Voilà, tu es obéissant, petite chienne. Tu auras ton tour, et tu adores cette délivrance patiemment construite. Je fixe les pinces sur ses mamelons si sensibles. Elle aime la lente agonie que je lui impose, elle en a les yeux vagues, éperdus. Un frisson, je sais que j'ai assez serré, elle est suspendue à sa douleur. Elle me tend la cravache. C'est avec la poignée que je vais fouiller son entrejambe pendant qu'elle te branle. Tu tressailles, tu gémis. Je sais ce que je t'impose, et ta fierté fouettée plus que tes fesses t'autorise à te retenir encore un peu. Mais tu vas lui céder, elle est redoutable. Elle a des mouvements parfaits au long de ta hampe, elle a su trouver d'instinct le rythme qui te chavire. Je t'offre un répit, je prends sa bouche et ma langue qui roule contre la sienne la déconcentre. Mes mains sur les pinces qui torturent ses seins aussi. Elle jouit encore et encore sur le manche baveux de la cravache, se cramponne plus durement à ton sexe. Elle tremble et succombe, la tête basse. Je lui tends la cravache trempée, elle lèche, avide, ses jus sur le cuir. Je mêle encore mes lèvres aux siennes fouille la cavité humide à la recherche de son goût si âcre et si doux.<br />
<br />
Il est temps que le jeu s'achève, je la veux pour moi toute seule. J'interromps notre baiser, j'abandonne ses seins. Elle proteste d'un soupir quand je quitte sa bouche et ses tétons. Sa main est restée sur ton sexe tremblant, elle accélère le va-et-vient qui te pâme. Ouvre les yeux, regarde-moi. Je veux voir le plaisir noyer tes yeux, je veux voir ton regard se perdre dans tes spasmes. D'un geste, je lui ordonne de te sucer et je plante le manche de la cravache dans son con dégoulinant. Puis je glisse un doigt agile dans son anus. Elle se tortille, elle va jouir, elle jouit en longs sanglots, tandis que tu la regardes engloutir ta queue. Tu gémis, au bord du gouffre. Supplie-moi, supplie-moi encore. Des larmes perlent aux coins de tes yeux. Quand ils roulent dans tes orbites comme ceux d'un cheval emballé, je donne mon autorisation.<br />
Et elle t'achève. Le sperme coule sur ta queue, elle le lèche avec ferveur.<br />
Nous pouvons partir, j'en ai terminé avec toi.<br />
<br />
<br /></div>
Marie Fontanahttp://www.blogger.com/profile/15333164916418580894noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-77345059110291496412018-05-22T00:41:00.000+02:002018-05-29T16:02:34.011+02:00L'égaréeTon corps pressé contre le mien. Tu te blottis, comme si toute chaleur provenait de moi, Tu n'as que des soupirs, j'entends l'air que tu expires, jamais celui qui emplit tes poumons. La main sur un de tes seins menus, je guette ton pouls, j'aimerais saisir le battement de ton cœur. Je passe les doigts autour de ta taille frêle, je pourrais presque te serrer de mes deux mains. Une tension, une intention, ma main descend sur ta fesse, tourne autour de ta cuisse, effleure l'abricot nu de ton pubis, glisse entre tes cuisses, écarte tes lèvres. Je ne peux pas te rassasier de moi, je ne peux pas avancer sans ta peau contre la mienne, sans tes membres fragiles.<br />
Tu souffles, mes doigts s'insinuent plus loin, tâtent ta moiteur. A mes narines monte un parfum âcre où j'enfouis mes doigts. Ton corps ondule sous mes tripotages, tu en fais toujours trop. J'attends tes gémissements renversants, ils me chavirent plus que ma propre jouissance. Tu ne feras pas un geste vers moi. Ta bouche cherche la mienne pour y jeter tes geignements. Je malaxe entre tes nymphes, je touille et je sens ton bassin onduler. Tu jouis en longs sanglots, la langue entortillée dans ma bouche, le sexe baveux, écarlate. Quelques caresses sur tes bras nonchalants, tu n'y es plus pour personne, et tu m'as déjà oblitérée.<br />
Je me redresse et je lèche, sur mes doigts, l'expression finale de nos emmêlements. Tu gis en travers du canapé, nous ne pratiquons pas le lit conjugal. Je me lève et je me rajuste. Ton mari va rentrer, je me lave les mains. Je crains qu'il reconnaisse une odeur qu'il ne sent pas souvent. C'est ce que tu dis et je te crois. Je n'ai pas besoin de ces dédouanements. Toi, si. Comme s'il fallait m'affirmer plus fort que tu te gardes pour moi. Parfois, j'aimerais que tu t'égares, sans moi.<br />
Et déjà, tu émerges de ta bienheureuse torpeur pour reprendre ta tenue d'étudiante. J'ai une tasse de café froid à la main, je te regarde ôter ta peau de mes caresses et de mes yeux. Je te voudrais nue et serrée contre moi, tout le jour et toute la nuit.<br />
Je ne suis pas tombée dans ton sourire, j'ai pris ta bouche tendue vers moi, une évidence, une fulgurance. Depuis, je nage dans la mélasse de nos désirs crus, avides.Marie Fontanahttp://www.blogger.com/profile/15333164916418580894noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-35212350071550750322018-05-18T11:03:00.002+02:002018-06-05T23:51:26.441+02:00Vos émois, vous et moiJ’aime vos peurs et vos hésitations.<br />
<div class="MsoNormal">
<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Et cela même ne vous appartient pas, ne vous appartient plus.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Vous avez l’ambition de vous livrer à mes attentions. Il ne s’agit
pas d’être passif ni d’exprimer vos souhaits, vos envies ou, pire, vos désirs.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Si je vous prends, je vous prendrai en main, je vous
prendrai totalement. Je vous apprendrai à me satisfaire, je vous enseignerai où
se trouvent vos désirs les plus obscurs, ceux qui résonnent avec les miens.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
La volonté de vous plier à ma férule, votre obéissance
parfaite, l’offrande de votre personne sont des artifices que vous donnez à
votre pudeur. Vous n’avez pas besoin de vous déshabiller. Vous serez mien,
nu, vraiment nu, jusqu’à la moelle, jusqu’au cortex.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Vous serez à moi plus qu’à vous-même.<o:p></o:p></div>
<br />Marie Fontanahttp://www.blogger.com/profile/15333164916418580894noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-36430715985603527712018-03-31T23:41:00.000+02:002018-04-02T15:30:55.781+02:00La pute vengeresseParée, préparée, elle a attendu longtemps. Et il n'est pas venu. Ce n'est pas encore un habitué, ils ne se sont vus que deux fois. Là, c'était leur troisième rendez-vous et il ne viendra pas. Le cœur lourd, Belle referme la porte de l'appartement qu'elle a loué, et pas amorti. Si ça se renouvelle, elle va avoir des soucis. Enfin non, à dire vrai, elle a des problèmes de fric et elle n'aime pas ça. Evidemment, il n'a pas prévenu, ne s'est pas excusé.<br />
De retour chez elle, elle envoie quelques messages, prévenir les copines. Peut-on parler de collègues quand on fait commerce de ses charmes ? Oui, on se soutient.<br />
Combler le manque à gagner lui a demandé des efforts les semaines suivantes. Elle vit en équilibre, entre ses besoins et ses revenus. Elle s'en est sortie, à coup de sacrifices. Ne pas se perdre à ce jeu-là, poursuivre ses objectifs. Prendre le fric de ceux qui veulent deux heures de récréation et au moins un orgasme.<br />
Et puis un après-midi, Anna a envoyé un message, avec une photo. C'est lui. Il n'a pas renoncé à son passe-temps, juste changé de prestataire. Fébrile, Belle répond. Faire patienter, le temps que le plan se mette en place. Anna prend la passe. La première est sans conséquence, et il faut bien qu'elle gagne sa vie, elle aussi.<br />
Après le rendez-vous, Belle vient aux nouvelles. Tout s'est bien passé. Et elle commence à avoir un plan. Anna accepte une deuxième rencontre. En général, ils suivent un schéma. Les jours s'écoulent, elle a tout préparé. D'abord l'endroit, prêté par une relation. Ensuite le matériel, et la complicité d'Anna, qui a adoré l'idée.<br />
Quand il arrive, sa putain est enjôleuse, mutine, elle en fait des tonnes. Elle lui sert un verre, ils trinquent. Elle se déshabille, elle est lascive, comme il aime. Puis, c'est le noir.<br />
Il se réveille accroché les bras et les jambes en croix, contre du bois rugueux. Sa tête pend en avant, il éprouve une vague nausée. Il tire furieusement sur ses liens, qui ne cèdent pas, mais ça, il l'avait déjà deviné. Il est nu, il se sent vulnérable. Une main caresse ses fesses exposées. La main s'écarte. Il sent que la personne placée derrière lui s'éloigne. Puis le sifflement d'une lanière et un claquement. Il entend le murmure de cuir qu'on ramène. Sifflement, claquement.<br />
Un fouet.<br />
Elle a un fouet entre les mains et elle le fait claquer à quelques centimètres de sa peau. Tous ses muscles se contractent, il serre les fesses, désespéré, dans l'attente de l'incommensurable peine des coups qui vont pleuvoir sur lui. Il en est certain, elle se prépare à le châtier. Sifflement, claquement, l'attente devient insoutenable. La lanière ne fait que le frôler. Son corps tendu s'abandonne au rythme inlassable du fouet, il anticipe chaque mouvement, le moment où la lanière quitte les mains pour se lancer vers lui. Indolente, elle l'effleure et il en vient à savourer ce bref contact. Le cuir passe sur sa peau et la hérisse. Il attend encore qu'elle le blesse, elle le caresse. Et, à sa grande surprise, il bande comme un âne.<br />
Sifflements et claquements cessent. Un corps se colle au sien, contre son dos. Les deux mains saisissent sa queue engorgée. Un rire.<br />
- Faut pas jouer des tours aux catins. Elles connaissent plus de tours que toi.<br />
Deux doigts décrochent le velcro de sa main gauche. Le temps qu'il se libère, la porte d'entrée a claqué sur un nouveau rire.<br />
Déconcerté, il ramasse ses vêtements, se rhabille et quitte l'appartement.<br />
<br />
Les jours suivants, il pense sans cesse à cette étrange mésaventure. Le début était inquiétant, mais il est obligé de s'avouer qu'il a aimé plus que de raison ce qu'il s'est passé ensuite. Il tourne une semaine entière sur son dilemme, puis recontacte Anna.<br />
- Je veux la même chose que la dernière fois.<br />
- Vous êtes sûr ?<br />
- Je paie plus, si c'est ça.<br />
- Si vous payez...<br />
<br />
Il arrive en tremblant dans l'appartement. Anna est là, aguicheuse. Elle lui offre un verre, qu'il repousse.<br />
- pas besoin de ça.<br />
<br />
Elle le mène dans l'autre pièce et il se laisse déshabiller, attacher. Elle le caresse machinalement.<br />
- pas besoin de ça non plus.<br />
Avec une moue, elle se retire. Il entend l'autre personne entrer dans la pièce, s'approcher, se coller à lui. Une autre femme. Entre eux, le fouet enroulé s'incruste dans son dos, tant elle le serre. Il se détend.<br />
- frappez. Pour de vrai, frappez-moi.<br />
Elle ne répond pas, et recule. Sifflement, claquement, la lanière passe à la hauteur de sa taille.<br />
<br />
- frappez.<br />
Le fouet effleure ses épaules. Il les tend vers l'arrière autant qu'il peut. Un ricanement. La lanière s'abat avec plus de force et lui arrache un cri de surprise.<br />
- encore. Plus fort.<br />
Cette fois, les coups pleuvent. Il bande à nouveau. Chaque onde de douleur répand une vie brutale dans ses reins, il brûle, il souffre, il est vivant. Des cris tombent de sa bouche quand le fouet le tourmente, mais il ne sait plus si c'est la douleur ou l'extase qui les font jaillir de sa gorge. Puis tout s'arrête et la femme vient contre lui, et promène ses mains sur son dos zébré. Il se cambre vers ses doigts, haletant.<br />
- une autre fois, trésor.<br />
Elle libère une de ses mains, elle a disparu avant qu'il puisse la voir.<br />
<br />
Une nouvelle semaine d'agonie. D'abord, il a du mal à s'asseoir sur les marques qu'a laissées le fouet. Ensuite, il ne pense qu'à recommencer. Il contacte Anna, qui met une éternité à lui répondre. Enfin, elle lui fait signe. Mais elle n'est pas très disponible.<br />
<br />
- ce n'est pas vous que je veux, c'est l'autre. Peu importe que vous soyez là.<br />
- elle a besoin de moi pour vous mettre en situation.<br />
- je peux avoir les yeux bandés s'il le faut. Je serai docile.<br />
- je vais lui demander.<br />
Encore trois jours d'attente avant la réponse. Il a une date, et des conditions. Le moment venu, il se tient dans l'appartement, nu, un bandeau sur les yeux, les bras et les jambes en position sur la croix, attaché en trois endroits. Elle s'approche et lie son bras libre.<br />
Et le chant du fouet retentit. Un sifflement et il se tend vers l'arrière, à la rencontre de la lanière, aussi loin que le lui permettent les épais bracelets de cuir. Les gémissement montent à sa bouche et, à mesure que les coups pleuvent, deviennent un sourd grondement. Il bande, il est au bord de l'extase. Et tout s'arrête. Il ne peut retenir un cri de rage.<br />
Un rire lui répond.<br />
- il ne manquerait plus que tu y prennes plaisir.<br />
<br />
Il y prend un plaisir écœurant, insensé, animal. Son rire lui dit que ça lui plait à elle aussi. Il voudrait voir son visage, le voir exulter de la joie sauvage du fouet. Elle s'approche et se colle à son dos lacéré.<br />
- c'est fini, trésor, tu as eu ce que tu méritais.<br />
Sa main agrippe le velcro pour le libérer.<br />
- attendez ! Je veux recommencer. Je paierai ce qu'il faut.<br />
- tu y prends trop de goût, ce n'était pas mon idée.<br />
- je sais, Belle.<br />
Elle se recule.<br />
- j'ai reconnu votre voix. Et ça n'a pas d'importance. Je veux recevoir le fouet. De vous.<br />
- ce n'est pas ce dont tu as envie qui compte, trésor.<br />
- vous avez raison. J'ai eu tort et je suppose qu'il est trop tard pour des excuses. Je veux recevoir le fouet de vous, et vous voir le faire.<br />
- ce que tu demandes n'a pas de prix.<br />
- peut-être.<br />
- je n'ai pas dit que je ferais ça pour toi.<br />
Et elle le libère.<br />
<br />
<br />
<br />Marie Fontanahttp://www.blogger.com/profile/15333164916418580894noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-46220214405161852412018-03-25T00:52:00.003+01:002018-08-05T17:56:30.111+02:00L'impossibleTes mains dénouent les miennes, accrochées à mes genoux. Je suis roulée en boule, et à l'intérieur, je hurle, je hurle. Tes mains dénouent les miennes, mes ongles lacèrent ma peau. Tes yeux d'or et d'ambre me guettent, ils guettent un répit, une accalmie, une pause dans la tempête. Et tes doigts résolus entrelacent les miens, effleurent une phalange. Je voudrais redevenir une forteresse, un temple. Et tu me berces, jusqu'à la fin des égratignures. Puis tu me laisses aller.<br />
De jour en jour, dans cette chambre que les saisons inondent peu à peu de soleil, tu t'appliques au nœud gordien de mes peurs. Tu me parles, je me tais, oui, moi je me tais. Et de jour en jour, quand l'hiver devient printemps, été, automne, tu m'ouvres ta porte et tes bras. La lumière se fait rare à nouveau, et nous discutons, sur le beau parquet de chêne. Je ne sais pas m'asseoir, je ne veux pas approcher le lit, que pour m'y adosser. Quand je frissonne, encore en lambeaux, tu poses ton front contre ma tête et tu dis des bêtises.<br />
Nous nous parlons au téléphone, tous les jours, après les cours où nous usons les mêmes chaises. Tu as des ambitions, des projets, je n'en ai pas d'autres que de survivre à ce tourment. Je me noie dans ton regard, ma veilleuse, mon fanal. Et tes doigts résolus entrelacent les miens, caressent une phalange. Le début de l'été nous trouve bacheliers. Nous célébrons avec nos camarades et bien vite nous retrouvons ta chambre inondée de soleil et nos confidences ininterrompues. Je ne peux pas poser de mots sur mon temple profané, tu n'interroges pas l'outrage.<br />
Nos têtes unies, nous parcourons ta bibliothèque, une partie de la mienne se trouve sur ta table de chevet, traîne dans le salon. Ma mère râle que les bouquins disparaissent, réapparaissent, au gré de tes lectures. Tes vacances au bout du monde nous interrompent deux longs mois. Tu me racontes ce voyage insensé, cette terre australe, ta moitié de famille. Ta peau revient presque sombre de cet air brutal, tes yeux brûlent dans ton visage tanné. Nous plongeons ensemble dans le rythme haletant des cours. Je m'enflamme de fouriérisme, tu restes réservé. Je t'assomme de Stendhal, tu me lances des copies ratées, roulées en boule. Tu t'es trouvé, je me cherche encore, moins blessée. Et tes doigts résolus entrelacent les miens, ouvrent mes mains, caressent un poignet. Nous travaillons comme des galériens, je traduis Homère, Sophocle, tu révises l'anglais, tu déclames Cervantès. Nous nous perdons dans le labyrinthe de glace de Lewis Caroll, Je corrige, tu me contredis, c'est toi qui as raison. Nous trouvons de nouvelles utopies à explorer. Je rêve toujours de phalanstères, tu hausses les épaules et tu prends ta raquette. Je t'attends près de tes livres, j'ai presque tout lu, déjà. Tu reviens en claquant fort la porte, pour me faire sursauter, et rincé, tu viens poser ta tête sur ma cuisse, en silence, pour ne pas troubler ma lecture. Je joue avec tes cheveux un peu humides, tu souffles par jeu sur mes doigts quand ils passent près de ta bouche. Ta main se pose sur ma hanche et tu soupires. Et nous restons là, en paix. Il commence à faire bon près de toi.<br />
La fin des cours, c'est 800 km entre nous toute l'année et pour l'été, 30 heures d'avion et trois océans. Jamais la circonférence de la Terre ne m'a paru plus cruelle. Je reçois des cartes postales du bout du monde, et je pars sur les rivages près de Smyrne tenter d'oublier que mes parents nous séparent. Je suis instable, rebelle, ça crie à la maison. Je pars, je suis partie, je passe mon temps à calculer combien de temps entre chaque week-end à Paris, dans ta chambre où la lumière faiblit, dans ta chambre où tes doigts irrésolus me caressent. Tu guettes un sursaut, un rejet. Tes mains entrouvrent mes vêtements, se posent sur mon ventre, mes épaules, mes seins. La barrière de la ceinture entre nous reste une frontière sans retour.<br />
Je ne suis pas pour toi, tu n'es pas pour moi. Nous nous y tenons, comme deux imbéciles. Tu me crucifies d'une autre affection, d'un autre désir. Il y a un autre visage dans ton sourire, une autre peau sous tes mains, un corps qui veut du tien. Pas moi.<br />
Et quand je tangue sous un autre poids, quand je me réconcilie à d'autres bras, quand je me consume dans ce feu de joie, tu te tais aussi. Pas de carte postale, cet été-là. Je ne l'aurais pas lue, tout entière abîmée dans l'exultation de ce plaisir, gagné, conquis, grâce à toi, pas avec toi.<br />
Et quand je m'ampute de qui j'ai aimé à la folie, je n'ose pas briser le silence. Il faut un an pour que le facteur admiratif m'apporte ta carte postale. Je t'écris. Je te raconte mes gouffres, mes délires. Je lis tes pattes de mouche en réponse. Tes yeux d'ambre et d'or sur moi, tes doigts irrésolus sur ma peau, mes mains ouvrent ta chemise, et je suis partie. J'ai trop mal d'aimer et le désir ne suffit pas. Nous passons des heures à nous chercher, à nous fuir. Tu veux des mots définitifs, je ne peux pas les prononcer. Tu quêtes un aveu, je me tais. Il te faut une phrase, si courte et pour moi si funeste. Je peux t'aimer, pas te le dire.<br />
La faim fit notre fin. Dans ta chambre inondée de soleil, j'ai enfin approché le lit, accepté tes mains sur moi où tu ne m'avais jamais touchée, parcouru ta peau de caresses affamées, posé ma bouche et mes lèvres où tu m'attendais. Il faudrait que nos épidermes chantent un cantique dont j'ai oublié les paroles, il faudrait que nos cœurs prennent la même mesure, que nous nous chuchotions le même air. Je suis pleine de toi, du rythme de tes hanches, et rien ne chante en moi. Tes yeux plantés dans les miens, ton sexe enfoui dans mon ventre, enfin désunis, défaits, vaincus. En quelques semaines vite avalées par des kilomètres de voies ferrées, nous avons tout consumé. Il te fallait un amour qui s'énonce à haute voix.<br />
<br />
<br />
<br />Marie Fontanahttp://www.blogger.com/profile/15333164916418580894noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-51300712392992203002018-03-08T22:21:00.002+01:002018-03-22T21:12:07.258+01:00L'ingénueSur mon ventre nu, il y a ta tête et l'onde de tes cheveux. Je sais qu'on appelle cette teinte blond cendré, mais, vus de près _ et ils ne peuvent pas être plus près _ tes cheveux de miel ont des reflets d'argent et d'acier. Je les sens me couvrir de leur tiédeur. Moi je ne peux pas bouger. Un pas de trop ou un pas de moins m'a clouée à ce lit, la jambe inutile, douloureuse, plâtrée. Je me lève quatre fois par jour dans des couinements de douleur. Et ça fait trois semaines que tu m'apportes nos devoirs.<br />
Je bosse à la maison, je n'ai pas trop perdu contact avec mes études. Avec mes camarades de classe, oui, mais j'ai treize ans et pas beaucoup d'amis.<br />
Nous avons fini les maths. Ta tête et tes cheveux reposent sur mon ventre. Mon ventre nu. Je ne sais pas où est passé le haut de mon pyjama. J'ai les mains enfouies sur ta nuque dans l'onde soyeuse, métallique. Je me repais de cette tiédeur vivante. Tes bras collés à mes flancs, ta joue sur ma peau. Nous flottons tout l’après-midi.<br />
Tu viens tous les jours. Ta présence est mon seul lien avec la réalité du collège, avec le fracas des couloirs pleins d’élèves, avec les salles de cours studieuses. Cette réalité s’estompe sous tes cheveux posés sur mon ventre, sous ta bouche. Tes lèvres parsèment des baisers sur ma poitrine. Tes mains posées m’enserrent. Tu soupires. Je sens le poids de ma jambe plâtrée m’enfoncer dans le lit. Je sens ta bouche vagabonde m’évader. Mes doigts parcourent ton dos. Tu viens te nicher au creux de mon cou. Tes cheveux glissent sur mon visage. Leurs chatouilles me font sourire. Je sens ta bouche s’incurver en retour.<br />
La maison bruisse, familière. Un chat gris passe la porte, fait le tour de la chambre, repart. Je tiens tes épaules étroites contre moi, mon bras glisse sur ta taille si fine. De longues mèches se libèrent. Mes lèvres effleurent les tiennes. Je m'écarte. Tu poses ta bouche sur la mienne et nous goûtons ensemble ce premier nectar.<br />
A la fin de la semaine, l’orthopédiste révèle, sous le plâtre qu’il scie de bon cœur, ma jambe atrophiée par un mois d’immobilité. Satisfait de sa réparation, il me refait un autre plâtre. Me voilà à nouveau lestée, mais au moins je peux marcher. Deux béquilles, et vogue le bateau chavirant. Je me retrouve dans les couloirs glissants du collège. Monter les escaliers est une épreuve, chaque changement de salle, une expédition. Personne pour porter mon sac, j’ai refusé que tu le prennes. Je suis ta chevelure d’ondine vers le prochain cours.<br />
Au détour d’un couloir, dans un angle désert, tu jettes mon sac à terre et tu me serres contre toi, de toute la vigueur de ton petit corps. Je me fonds dans ta tiédeur. Ta bouche cherche la mienne, je me détourne. Tu poses tes lèvres résolues sur les miennes. Je n’ai plus de force. Ta langue me caresse, j’ai laissé tomber une béquille. Puis tu fais un pas en arrière, ramasses la béquille et mon sac et nous reprenons le chemin des cours.<br />
Enfin, on libère ma jambe de ce poids mort. Elle est encore plus fine, presque inutile. Je livre au kiné mes pas hésitants pour qu'il les raffermisse. Et je suis, clopin-clopant, tes cheveux sur le carrelage traître, dans les bus de nos fins de journées. Tu viens encore à la maison, et cette fois, nous investissons ma chambre, tout en haut de la maison. Je marche de mieux en mieux et je peux monter les escaliers. Tu m'installes sur le lit, tu me couvres de ta chaleur. Je ne sais pas quel jour, quel après-midi, nos doigts timides ont cessé de s'entrelacer pour commencer à caresser. Je ne sais pas comment ta bouche enchanteresse a trouvé des chemins que j'ignorais, que ma candeur n'avait pas explorés. Et sous tes cheveux de sirène, mes reins sont devenus volcans, mon centre s'est éveillé, et tout mes membres ont vibré. Je ne sais pas quel jour, quel après-midi, tes lèvres ont écarté les miennes, ta langue a trouvé mes premiers plaisirs. Et tremblante, échevelée, j'ai pressé ta tête contre mon ventre, encouragé tes exploits, quêté de nouveaux sursauts.<br />
J'ai parcouru à mon tour chaque centimètre de ta peau. Là, dans le dos, au milieu, un frisson, là sur tes fesses, un autre, plus violent, et sur tes seins menus, et sur tes tétons érigés, plus de frissons encore. Et entre les poils clairsemés de ton pubis, le fruit connu et inconnu où j'allais poser mes baisers, dévorer ton désir, faire jaillir ton plaisir. Ondine, je me suis émerveillée de tes onctueuses voluptés.<br />
<br />Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/04278824055610235335noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-77118169513190140102018-02-24T23:07:00.001+01:002018-02-24T23:07:20.934+01:00Mon lapinElle a mal aux pieds. A un pied. Pas de symptôme apparent, elle a bien regardé, hormis une rougeur, sur un orteil. Mais ça fait un mal de chien. Ce soir, elle n’a pas beaucoup besoin de ses pieds, juste pour se rendre au rendez-vous. Ça ira.<br />
Elle va retrouver le gros nounours. Un peu, non, beaucoup peine-à-jouir, le gras sans doute. Un physique d’ancien rugbyman empâté au confit et au cassoulet. Un accent aussi rocailleux qu’une côte dans les Pyrénées, des goûts simples et une seule exigence, comme tous, se délester. Il faudrait qu’il se surveille, le gros, il a un corps d’infarctus imminent.<br />
Tant qu’il paie ses deux heures, il a le droit de jouir. Ce qu’il achète, c’est sa pénible ascension vers l’orgasme. Son problème, c’est qu’elle a mal au pied, sans raison, et qu’il va falloir trouver une solution. Elle trotte quand même vers l’appartement. Tout est prêt, il ne manque que l’ours des Pyrénées. Il sera en retard, il appelle ça le quart d'heure toulousain. Et pas moyen de lui faire entendre qu’il rogne sur son temps. Il paie deux heures, il prend deux heures. Elle se prépare en chantonnant. Après, il faudra qu’elle se concentre. Que ça dure deux heures. Il est si laborieux, parfois, qu’elle craint d’y passer trop de temps. Mais comme s’il avait une horloge dans la prostate, il se libère toujours avant qu’elle lui annonce que c’est terminé. Ou c’est pile ce qu’il lui faut, deux heures.<br />
Tout est en ordre, ne manque plus que le client. Elle est ponctuelle, toujours. C’est le premier service qu’elle leur rend, et qu’elle se rend. Arriver et partir à l’heure dite. Nounours sent vaguement l’ail, une odeur sudiste qu’elle ne déteste pas. Une pointe d’exotisme ensoleillé dans la grisaille parisienne. Il vient là « pour affaires » comme nombre de ses clients de passage. Et au passage, il se paie une pute.<br />
Peut-être que Bobonne ne tient pas les deux heures, ou qu’elle s’est lassée de s’escrimer deux tours d’horloge pour que les gonades maritales s’éveillent. Au moins, il bande. Le précédent n’était pas franc de l’érection et en accusait sa partenaire tarifée. Le rendez-vous a manqué de tourner vinaigre, autour de la nouille molle.<br />
Nounours n’arrive pas. C’est agaçant, parce qu’il la retient d’autant. Ce qui ne commence pas n’en finit pas. Elle lui envoie un texto, pour voir : tout va bien ? Il ne répond pas. Elle attend encore. Et encore. Elle n’ose pas prendre ses écouteurs, de peur de ne pas l’entendre arriver. Elle met de la musique sur la jolie chaîne hifi dans le salon. Un truc facile, du jazz. Au bout de trois quarts d’heure, elle se rend à l’évidence. Il ne viendra pas. Ça fait une demi-heure de plus que son retard habituel. Et ce salaud ne l’a pas prévenue. On prévient les gens qu’on respecte. Pas elle.<br />
Elle se remet sur ses pieds, elle a toujours mal, ferme l’appartement, rend les clés avec un sourire chagrin qui lui évite les questions, et prend le chemin du retour. Nounours lui a posé un lapin.<br />
Et puis la semaine s'écoule lentement, au long du flot gris de la Seine dont elle devine le cours par la fenêtre de son minuscule logement. Des habitués. Ils payent rubis sur l'ongle, arrivent à l'heure. Un nouveau, patiemment écrémé au fil des messages qu'elle échange avec eux pour trier, se faire une idée, avant de se lancer. C'est toujours un peu risqué, les nouveaux. On ne sait pas sur qui on va tomber. Certains sont rustres dès le début. Si elle peut, elle évite. Parfois, elle n'a pas le choix et elle y va quand même.<br />
Le nouveau est une bonne surprise. Il est charmant, il a envie de faire semblant de lui plaire. Il y en a qui sont complexés d'acheter ses heures. Ils aimeraient croire qu'ils auraient pu l'avoir pour rien, seulement en lui faisant du charme. Lui, il fait les deux. Il lui glisse son écot, et il la courtise. Pour le sexe, il n'est pas réservé. Un peu rapide sans doute. Son affaire faite, il la caresse un peu et lui dit de se rhabiller. L'heure n'est pas écoulée, elle va lui faire remarquer, mais d'un geste, il balaie ses arguments sur le point de sortir et la balaie, elle. Elle hausse les épaules, et part. Elle se sent presque libre d'avoir grappillé quelques minutes à son client. Son pied lui fait moins mal. Et elle repense à Nounours. Pas de nouvelles depuis ce rendez-vous manqué. Elle est furieuse d'avoir payé la location pour rien.<br />
Un autre nouveau, tout va bien. Lui est simple, direct, il veut deux heures, ceci et cela. Elle explique. Elle est pute, pas actrice porno. Il accepte. Elle est méfiante. Ils tentent souvent leur chance quand même, une fois en sa présence. Comme si elle allait se laisser faire, dans l'enthousiasme du moment... C'est son business, pas son passe-temps, pas un rendez-vous galant, ni un élan irrésistible de désir, qui la fait tomber dans leurs bras. Juste leur fric. Nounours lui trotte dans la tête. Par curiosité, elle a cherché son numéro, son identité. Elle n'a pas eu de mal à le trouver.<br />
En rentrant chez elle, son regard tombe sur la devanture d'un magasin, sur le quai, où des lapins ruminent dans des cages minuscules. Des lapins pour Nounours. Après tout, il habite dans une région agricole, il doit y en avoir, des lapins, par chez lui. Ils ne mangent pas que du confit, les Toulousains. Elle appelle quelques exploitations et tombe sur un éleveur arrangeant qui livre ses bêtes où on veut, même au petit matin.<br />
Le lendemain, le directeur fulminant d'une usine de lavabos, baignoires et bidets convoque son commercial.<br />
- c'est quoi, ça ?<br />
- des lapins, Bertrand.<br />
- monsieur le directeur !<br />
- des lapins, monsieur le directeur.<br />
- et qu'est-ce qu'ils font là ?<br />
- aucune idée.<br />
- ça m'étonnerait !<br />
- comment ça ?<br />
- ils vous sont destinés ! Débarrassez-moi de ses bestioles ! Puis revenez me voir. Je n'aime pas ces plaisanteries.<br />
<br />
Elle n'a pas assisté à la conversation, mais elle s'est délectée d'imaginer l'ours des Pyrénées entassant des caisses de lapins dans sa berline.Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/04278824055610235335noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-87227166403457619842018-01-07T23:10:00.000+01:002018-01-10T21:05:38.287+01:00L'installé<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
J'aime bien les adultères. J'aime bien ton adultère, celui dont je
me suis rendue complice. Cela te faisait grimacer. Et puis j'ajoutais que je ne
trompe personne, pas même toi. Enfin si, il m'est arrivé de me taire. Mais toi,
tu ne pouvais pas me reprocher de fréquenter d'autres draps, même si cela ne te
plaisait pas.<o:p></o:p></div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
J'ai redécouvert le flirt à l'ancienne, celui où on échange les
mots d'esprit et les allusions osées, dont tu t'excusais aussitôt. Tes mots me
faisaient frémir, tes excuses, sourire. Je parcourais la carte d'un Tendre un
peu salace au long de tes messages. Dans ton répertoire, je crois que je
m'appelais Bruno. Je t'ai interdit certains prénoms. Même au masculin, il y a
des noms qui ne me vont pas. Ton surnom était tout trouvé, à cause du mien.<o:p></o:p></div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
J'ai adoré la vue somptueuse et très privée que tu m'as offerte un
soir, sur le château. Une soirée un peu magique, comme tu sais en
inventer. J'ai aimé aussi ta soif de tendresse, moi qui déteste les simulacres.
Mais tu es sincère en tout, jusqu'à la brutalité. Que ta vie soit aussi réglée
et que rien n'y puisse y changer, cela me tranquillisait. Dans d'autres
circonstances, tu m'aurais harponnée, et tu m'aurais embastillée. Je crois même
que j'aurais pu aimer ça, un moment.<o:p></o:p></div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
Tu avais besoin de plaire, tu m'as charmée pendant des jours. A
nos emmêlements, tu as cédé comme on se rend. Tu as parcouru avec avidité
chaque centimètre carré de peau, ôté avec vénération chaque gramme de tissu,
jusqu'à ce qu'il ne reste entre nous que l'évidence de nos épidermes. Et là, tu
as déposé tes hommages à mes pieds gelés. Tu as poursuivi du bout des doigts
tes phrases cajoleuses et lascives. Tu sais mettre de l’élégance dans les
exigences de ton désir. Ce que j’ai caressé, léché, engouffré, tu ne me l’as
pas offert, je te l’ai pris.</div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
Il fallait ouvrir une voie à tes redditions. Tu ne te donnes pas. Tout
ce que tu as, il faut te l’arracher. Lambeau après lambeau. Et pantelant, abandonné
devant moi, tu frémissais encore de tes capitulations. La férule construisit
entre nous une étrange alchimie. J’ai cherché mes limites, guetté les tiennes.
Trouvé un creuset où déposer la poudre artifice d’un ultime embrasement. Quand
j’ai senti dans ma chair la sauvage grâce de ta peine, quand le plaisir rossé a
ravagé mes nerfs, j’ai su qu’il fallait te perdre, ou m’abîmer.<span style="font-size: 13.5pt;"><o:p></o:p></span></div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/04278824055610235335noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-70113723401731396162018-01-02T00:17:00.000+01:002018-04-17T22:19:14.568+02:00L'incandescent<div class="MsoNormal">
Quand tes bras ronds m’ont attirée contre toi, quand ta
bouche si grande a recouvert la mienne, quand ta langue rose a effleuré la
mienne, j’ai senti dans mon dos le relief de la porte cochère, j’ai senti
contre mon ventre la rigidité de ton désir. Ta main tenait ma nuque, l’autre
mes reins. Nos corps se sont trouvés dans cette implacable collision. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Quand tu t’es dessapé sans manières et que tu t’es tenu nu
devant moi, je n’avais jamais rien vu d’aussi beau. Oubliés les éphèbes et
leurs proportions parfaites, tu étais magnifique. Ta peau prenait des reflets
mauves dans la pénombre, tes doigts entrelaçaient les miens, ombres jumelles.
J’ai enlevé mes vêtements, je me suis allongée et j’ai ouvert les cuisses. Les
yeux plantés dans les miens, ton membre planté dans mon ventre, le septième
ciel au fond de l’abîme. Tu voulais tout de moi, je t’ai tout donné et tout pris.
Pris tes courbes et ta peau douce, pris tes lèvres et ta langue et tes doigts et
ton sexe vorace, pris ton temps et le peu de bon sens qu’il nous restait. Rien
d’autre n’avait d’importance que nous deux, nous deux emmêlés, nous deux
imbriqués. Nous nous endormions l’un dans l’autre, l’un sur l’autre, et nous
nous réveillions pour recommencer. Je m’échappais pour être avec toi, quelques
minutes. L’été allégeait nos tenues, nos impatiences nous les arrachaient des
mains. Rien d’autre n’avait d’intérêt que ta peau, ton odeur, tes mains sur
moi. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Le feu couvait sans cesse entre nous. Chaque discussion
s’interrompait sur un baiser, un baiser appelait une caresse, une caresse
produisait un soupir, un soupir nous faisait basculer. Ma peau se marbrait des
marques de nos ébats, et je ne cachais même plus les traces de nos
emportements. Je promenais partout les lourds parfums de nos obsessions, je
portais ton odeur sur moi, promesse d’autres fracas, je sentais la baise et le
stupre. J’allais rédiger des articles, le menton collant de ton sperme,
et je léchais, tout l’après-midi, ton goût sur le bout de ma langue. Aux
commentaires, j’ai répondu d’un sourire béat, encore affamé. Et je repartais
vers toi, tirer de ton gland si rond d’autres larmes de jouissance. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Mon air provenait de tes poumons, ta salive étanchait ma
soif, le satin de ton membre dans ma bouche me rassasiait, je ne respirais plus
que ta peau et ta voix était ma seule musique. Le rythme de nos corps marquait
ma cadence, les battements de cette pompe qui répandait sa lave dans
mes reins, soulevait mes cuisses à ta rencontre, et jaillissait dans un cri
ruisselant. Je voyais d’inquiétantes ombres passer dans tes yeux noirs. Tu
posais ta main si sombre sur mon ventre si blanc et tu disais que c’était beau.
Quelques semaines. Le temps coulait au long de mes jambes, implacable clepsydre,
et tu en léchais chaque goutte.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Tu me traitais de chatte infernale, et tu me renversais sur
le lit trop étroit pour parsemer mon dos de baisers de libellule. Puis quand la
torture te tourmentait trop, tu t’enfonçais dans mon ventre avide et nous nous
enfoncions ensemble dans les flammes. Je contemplais cet incendie, à peine
consciente, pourtant consciente, qu’un jour, tout s’arrêterait. Pour toi, pour
moi. Pour nous. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Nous deux, ce n’était rien. Je te regardais et je ne voyais
que toi. Nous n’étions pas un couple, mais un tout, une seule chair et une seule âme, plus grandes, c’est tout. Nous
deux, ça n’existait pas. Cet incendie rongeait tout et nous nous y jetions dans
des râles de joie. La jouissance nous saisissait à l’unisson. Je ne savais plus
où je commençais, où tu finissais. Il me semblait que mes orgasmes te
secouaient, il me semblait que tes spasmes m’achevaient, je sentais revenir en
moi chacune de tes érections, et le sang m’emplissait en d’obscures contrées où
ce n’était plus toi, mais moi qui m’abîmais en de plaisantes moiteurs. J’ai
versé des larmes de plaisir sur ta poitrine.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
La vie ordinaire est revenue, celle dont nous ne voulions
pas, et elle a planté ses crocs dans nos ardeurs. Je n’imaginais pas plus être
séparée de toi qu’être avec toi. Cela m’a aidée sans doute. Nos discussions n’avaient
aucun sens. Tu voulais continuer, et rien n’avait commencé. Le présent enchanté
s’arrêtait. Je trouvais injuste de me sentir plus forte que toi quand tu t’es
tu. Plus tard, j’ai entendu les sanglots dans ta voix et j’ai compris. Je me
consumais en toi et j’ai sorti mes instruments de bourreau. Je nous ai
exécutés. Chaque mot m’a lacérée, et c’est moi qui les ai prononcés. Je nous ai
amputés l’un de l’autre. Une dernière fois, je t’ai fait basculer sur le lit,
une dernière fois, je t’ai chevauché jusqu’à la glorieuse agonie, une dernière
fois, j’ai planté mon regard dans les ombres liquides, inquiétantes de tes yeux
noirs et je les ai vus s'emplir de larmes. J’ai fermé la porte sur toi,
les cuisses trempées de nos fluides mêlés.<o:p></o:p></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
Puis je me suis noyée dans l’abysse où je m’étais jetée,
seule, pour n’être plus ta chair et ton âme. J’ai pris des trains indifférents,
j’ai griffonné des notes inutiles, ânonné d’insignifiantes notions, rempli d’absurdes
pages. J’ai oublié la géographie de mon
corps, où tu avais posé tant de caresses, j’ai oublié l’acuité de mon esprit,
où tu ne me donnais plus la réplique. J’étais vide de larmes, je n’étais plus que
la plaie de ton absence. Mais je me sentais vivante de souffrir autant de toi.<o:p></o:p></div>
Marie Fontanahttp://www.blogger.com/profile/15333164916418580894noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-85282650070920465922017-12-22T23:11:00.000+01:002017-12-23T21:47:56.349+01:00L'inattenduJe t'avais demandé un endroit insolite pour cette rencontre. Au Panthéon, essoufflés de baisers, nous avons fait de délicieuses découvertes contre la tombe de Voltaire. Le grand homme n'eut pas approuvé ton enthousiasme en découvrant que je portais des bas, noirs. Il faut peu de choses pour émouvoir un homme. Quelques grammes de nylon suspendus à quelques grammes de dentelle suffisent.<br />
Tu t'étais donné des défis pour te surpasser. Le marathon n'en était plus un, et tu disciplinais tes efforts dans des courses folles, des courses d'homme de fer. Cela t'avait donné un corps délié et dur à la fois. Tu avais appris à dépasser la douleur dans ton organisme saturé de fatigue. Baiser avec toi était simple et bon. Tu mettais au corps d'une autre la même scrupuleuse attention que tu t'appliquais à percevoir les signes les plus discrets. Avec l'enthousiasme heureux de ceux qui se font du bien, ensemble, nous roulions des draps à la moquette et du canapé au tapis. Nous avons fait voyager le lit devenu radeau, navire, au long de fleuves d'endorphine. Tu as bu mes naufrages, avalé mes redditions en riant.<br />
Tu avais eu ton enfer, de ceux que je ne peux pas imaginer. Et cette brisure dans ta vie, au-delà de ton corps martyrisé, t'avait donné le goût de vivre et d'en jouir follement. Nos transports bouleversaient mes géographies familières. C'était un peu répétitif, aussi. Il me faut plus que quelques coups de boutoir pour enflammer mon cerveau et maintenir mon désir. Je te l'ai dit, et nous avons continué d'explorer nos ressorts et nos satiétés.<br />
Je fus la première étonnée du jaillissement de cette fontaine. C'est si rare que j'avais tenu le phénomène et l'amant pour uniques, et peut-être fantasmés. Tu n'en tiras pas gloire et tu avais raison. Mes orgasmes ne sont pas plus violents quand ils sont inondés. Cela nous offrit un nouveau champ à explorer.<br />
Tu m'as surprise une seconde fois, par l'acuité de ton propos. Toi, dont je connaissais le moindre relief et le moindre pli, tu ne m'avais pas ouvert ton esprit. Cette conversation à bâtons rompus m'a plus gratifiée qu'un bouquet de fleurs. Et surtout, à ce moment, tu te livrais vraiment. Ce jour-là, tu t'es mis à nu, plus impudique que jamais. Ce jour-là, j'ai éprouvé plus de tendresse que de désir. Puis les mots se sont tus, et nous avons repris notre périple autour de la chambre.Marie Fontanahttp://www.blogger.com/profile/15333164916418580894noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-775175529538921482017-12-20T22:02:00.000+01:002018-03-25T01:02:18.307+01:00L'intranquillePersonne ne fut plus maladroit que vous pour déployer ses charmes. Vous êtes beau et vous le savez, et vous paraissiez intimidé. Peut-être le contexte, vous me l'avez fait remarquer. Vous poussière, moi étoile. Vous savez être convaincant et désarmant à la fois. Cette rencontre au sommet n'était qu'un prétexte et j'étais déjà ferrée, au bout de la ligne de votre sourire. Je vous observais dérouler votre scénario de séduction, et j'appréciais la jolie romance. Vous aviez de l'imagination, et cela me plait. Il y eut donc un rendez-vous au bord du canal. Vous essoufflé, en retard. Mes escarpins vous ont volé le peu d'air qu'il vous restait. Les tickets de la séance de cinéma à la main, vous m'avez entraînée sur les quais, pour discuter. Ces tickets que vous avez cherchés en maugréant devant l'employé du ciné. Je vous ai ramené à la poubelle où je vous avais vu les jeter. Vous vouliez vous punir. Vous punir, déjà, de moi ?<br />
Vous m'avez avoué que vous n'aviez jamais mis dans votre lit une femme comme moi. Devais-je en être flattée ? J'ai ignoré ce commentaire embarrassé. Je vous ai écouté faire le deuil de vos amours passées. Et je me voyais figurer dans cette galerie de portraits. Je suis un excellent pansement, et je vous ai laissé user de cette faculté de réparer. Vous ne regrettiez pas vos trahisons, mais vos échecs. Je vous ai caché cet autre amant qui avait pris un bout de mon âme et j'ai commencé à inventer notre fin.<br />
Nos chairs se joignaient glorieusement. Tendu et inspiré, vous avez contemplé mes frissons, vous vous êtes repu de mes extases. Vous auriez pu vous émouvoir de mes naufrages. Vous étiez flatté. Cette fatuité me garda de sombrer dans vos yeux clairs. J'étais folle de vous, captée, captive, c'était bien assez.<br />
Il vous fallait aussi la comédie d'une certaine normalité. Je n'ai pas su vous cacher combien j'étais horrifiée que votre fils apprenne mon existence. Je suis une ombre, et je préfère le silence. Toute forme de conjugalité me répugne. Je vous ai appris à vous taire, je vous ai appris à lâcher ma main, puis à ne pas la prendre. Je vous ai appris à dormir seul, dans les draps froissés.<br />
J'ai goûté avant vous, bien avant vous, l'amertume de notre fin. Il fallait vous pousser dans vos derniers retranchements pour que vous développiez vos plus puissants arômes. Je vous ai mené, semaine après semaine, à la conclusion. Et je me suis enivrée de cette note finale, la plus tranchante.<br />
Quand nous étions séparés, je vous ai écrit. Je ne sais pas si vous avez lu mon histoire, et à vrai dire, je m'en fous. Seule comptait la chute. Vous aviez peur de la poussière sur nos attachements, et vous êtes tombé dans un autre sourire.<br />
J'ai mis de longues semaines à me débarrasser de votre corps contre le mien. Ma peau tout entière hurlait pour vos caresses, mes mains vous ont cherché, ma bouche ne vous a pas trouvé. Il eut été trop salope de vous confesser que, de tous les moments que nous avons passés ensemble, deux ont marqué ma mémoire. Le soir où vous m'avez collée sur votre table pour me prendre comme un hussard, et celui où je vous ai lancé dans une course folle à vélo.<br />
Voilà. Vos yeux clairs, l'impérieuse émanation de votre désir, votre peau si douce et vos bras si durs, votre sourire triste et tous vos actes manqués, tout s'estompe. Votre sexe planté en moi, brutal si j'avais été moins accueillante et moins affamée de vous, mes cuisses en feu après des kilomètres de course, c'est tout ce qu'il reste de vous. Et quelques morceaux de musique.Marie Fontanahttp://www.blogger.com/profile/15333164916418580894noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-44434190699766947062017-12-12T22:08:00.000+01:002018-03-27T22:00:58.200+02:00L'impertinent<div class="MsoNormal">
C’est peut-être dans votre sourire, peut-être dans vos yeux,
peut-être votre sourire qui éclaire vos yeux. Il faut un esprit affûté pour
être à ce point salope et jamais vulgaire. Ou pour mettre autant de distinction
dans l’impertinence de vos désirs. Vous m’avez toujours fait rire, et souvent
déroutée. Il est rare que je fasse assaut d’éloquence, mais vous avez toujours
remporté nos joutes verbales comme nos parties de poker. Sauf qu’au poker, je
fais exprès de perdre. Les enjeux étaient trop tentants. Il suffisait sans
doute de mettre cette dragée au bout de nos parties émaillées de carrés de
chocolat.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Je n’aime pas les barbes et je vous avais prévenu. Mais
votre corps a des courbes et des creux délicieusement féminins. J’ai fait la
rencontre de nos intérêts communs entre votre taille fine et les collines de
vos fesses. Etre attachée ne me procure aucun plaisir, être bâillonnée fut une
douloureuse tentation. Je préférais vos membres écartelés à mon lit et votre
bouche inaccessible. User de vous, abuser de vous, je vous ai eu putain, je me
suis rêvée maquerelle. Nous jouions de la confusion des genres. Je suis devenue
votre maîtresse grâce à <a href="https://textesepars.blogspot.fr/search/label/Espi%C3%A8gleries">vos espiègleries</a> et vous avez eu la joyeuse initiative
de me les écrire.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Vous ne pouviez pas repartir avec les marques de mes
emportements sur votre peau si fragile, aussi la cravache ne fit souvent que
vous caresser et vous tenter. Comme une promesse inachevée, j’ai retenu mes
coups, comme un regret, je ne vous ai jamais vraiment fait sentir cette férule.
Vous ai-je d’ailleurs soumis ? Tout était jeu avec vous. J’ai été surprise
des efforts que vous avez consentis pour me tendre vos fesses, et l’anneau
avide d’hommages que vous me reprochiez de négliger. Je vous ai offert ce que
vous demandiez, et le souvenir de votre jouissance m’émeut encore. Je suis
allée chercher dans votre fondement l’agonie d’un autre orgasme auquel peu d’hommes
se livrent. Vous m’apparteniez, et à ce moment précis, je n’ai chéri personne plus
que vous. Les instants passent, la mémoire de votre corps abandonné à l’extase
perdure.<o:p></o:p></div>
Marie Fontanahttp://www.blogger.com/profile/15333164916418580894noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-14990562852179599902017-12-06T23:59:00.001+01:002017-12-10T17:22:28.454+01:00L'imprévu<div class="MsoNormal">
Il fallait que je repasse par les lieux que nous avons
hantés, sentir si le fantôme de ta main dans la mienne s’y attardait. Certains
endroits sont des blessures, et celle-ci m’a lacérée. <o:p></o:p><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Nous avons dialogué dans le soir, alors que mon corps
n’était pas repu de l’amant lamentable que je venais de quitter. Certains
hommes, trop sûrs de leur art de faire jouir, ne s’attardent pas assez au plaisir
de leur maitresse. Celui-là ne m’a jamais revue, il m’avait ratée. J’étais
triste sans doute, de m’être livrée à d’inutiles tentatives d’atteindre le
nirvana. Tu m’as parlé, je ne me souviens pas de quoi, mais je me souviens que
ta voix m’apaisait. Et au milieu de la nuit, comme ça, tu m’as proposé de me
rejoindre. Ton sourire incertain, le doute dans ta voix, nous deux installés
dans le salon, à distance. Je m’étais lovée dans le canapé et tu fumais. Et tu
me parlais encore. Une heure, deux heures, tu m’as bercée dans tes mots. C’est
moi qui me suis approchée. Je voulais faire durer le temps avant le premier
baiser, prendre une dernière inspiration avant de plonger. Ma main sur ta joue,
ta main dans mon cou. Sur une impulsion, je me suis jetée à l’eau, dans tes
bras, à corps perdu. <o:p></o:p><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Il faut une tendre patience pour découvrir une peau. Tu pris
le temps de faire connaissance avec la mienne. Et puis tu es revenu. Cette
envie m’a surprise. Nous nous étions possédés, et je ne pensais pas que
tu prendrais le goût de moi. J’ai retrouvé avec bonheur tes embrassements. Je t’ai accueilli, plus ou moins parée, plus ou moins
préparée. Nous nous jetions l’un sur l’autre, dès l’entrée, et nous roulions
sur les murs, avides, en transe. Tu me serrais à m’écraser, je te grimpais dessus.
Il me semblait que j’allais dissoudre mes vêtements, que tu allais les percer
de ton impatience. Mais ni acide ni lame, nous arrachions les étoffes qui nous
faisaient obstacle et nous roulions, l’un sur l’autre, l’un dans l’autre.
Apaisés, mais pas assouvis, nous nous retrouvions dans d’inlassables caresses. <o:p></o:p><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Tu es revenu, quand d’autres attachements ont chassé les
amants que je consommais. Toi seul, et cet autre à qui j’ai tout tu, toi et
moi, lui et toi. Je me suis consumée de ne pas aimer assez fort pour regretter
la fin de cette jolie passade. Tu t’inquiétais que je n’aime pas. Tu me
demandais comment fait-on pour ne pas aimer ? Comment s’empêcher de tomber
amoureux ? <o:p></o:p><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Tu me serrais si fort que j’en tremblais. Et ta bouche
magicienne descendait, descendait au long de mon ventre pour m’agiter encore.
Là où d’autres vont droit au fait, là où tu savais si bien aborder mon plaisir,
tu explorais, arpentais, cheminais au long de mes lèvres. Je protestais contre
cette gourmande lenteur. Tu écartais mes arguments d’un coup d’œil amusé et tu
reprenais ton périple au long de mes nerfs. Quand je frissonnais d’anticipation,
tu me naufrageais de quelques coups de langue. <o:p></o:p><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Tu as parfois exigé ma bouche, parfois réclamé le fourreau
de mon ventre. Tu emprisonnais mes mains dans les tiennes, et pour une fois,
une fois seulement, je me suis sentie en sécurité, labourée et promise. J’ai contenu mes mots, pas mes caresses. Je ne me lassais pas de tes membres si blancs,
abandonnés à mes draps dans les lourdes odeurs de stupre. <o:p></o:p><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Le désir de ta présence fait couler une lave inutile dans
mes reins, une impudique humidité me rappelle que j’ai toujours hâte de ton
poids sur moi. Et ton absence est trop légère.<o:p></o:p></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
Comment fait-on pour ne pas aimer ? On se tait. Et on
retient sa tendresse.<o:p></o:p></div>
Marie Fontanahttp://www.blogger.com/profile/15333164916418580894noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-39587075164900903592017-12-03T01:37:00.002+01:002017-12-19T12:30:58.787+01:00L'invitation<div class="MsoNormal">
Vous m’aviez conviée chez vous pour que nous fassions
connaissance. Etonné que j’accepte, vous aviez tenu à me rassurer sur votre
savoir-vivre. Je n’avais pas le moindre doute à ce sujet, ou nous nous serions
retrouvés dans un endroit plus convenu, et public. Vous m’avez accueillie avec
une lueur timide dans le regard. Timide et hardie, surprenant mélange. Un verre
du vin que j’avais apporté à la main, nous avons devisé aimablement. Posée sur
une chaise en face de vous, je savais que je ne prendrai ni vos lèvres ni votre
main. Vous ne m’attiriez pas. Votre
conversation était spirituelle. Mais je ne suis pas tombée dans votre sourire,
c’est tout.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Je ne vous l’ai pas dit, mais vous vous êtes beaucoup livré,
ce soir-là. Je sais de votre vie des détails qu’on ne partage pas avec des inconnues,
fussent-elles à votre goût. Car à votre goût, je l’étais. Votre bouche me
dévorait plus que vos yeux et je vous voyais saliver. Avec toute la retenue
dont vous étiez capable, vous attendiez que je me décide. L’instant passa, je
confirmai mon départ. Cela vous peina. Cette soirée pleine de promesses ne les
avait pas tenues. J’avais envisagé que vos draps me connaissent, si vous me
plaisiez. Vous aviez pris le risque que la porte se referme sur moi sans avoir
effleuré ma peau. Alors vous m’avez avoué votre désir, l’air vaincu. J’ai caressé
votre joue avec un sourire et j’ai pris mon sac. Est-ce le vin qui ranima votre
hardiesse ? Vous avez demandé à voir mes seins, sur le motif que vous les
deviniez beaux. Un cadeau d’adieu, car nous ne nous reverrions pas. Je vous ai
souhaité bonne chance dans votre quête d’une compagne de galipettes. Et vous
avez réitéré votre requête. Pourquoi y ai-je accédé ? Le défi dans vos
yeux peut-être. Vous aviez terriblement envie que je cède et vous tentiez une
dernière manœuvre. Je vous ai regardé, et j’ai défait mes vêtements. Je me suis
tenue devant vous. Votre bouche s’est arrondie. Vous avez tendu la
main. J’ai dit non. En soupirant, vous avez tenté un geste que j’ai esquivé. Vous
avez essayé de me voler un baiser. Cette fois, un pincement de lèvres vous a
arrêté. Je me suis revêtue et j’ai quitté votre logis. <o:p></o:p></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
Nous ne nous sommes jamais croisés à nouveau. Je ne suis pas
sûre que je vous reconnaitrais dans la rue. Mais ce souvenir déverse d’étranges
frissons au creux de mes reins.<o:p></o:p></div>
Marie Fontanahttp://www.blogger.com/profile/15333164916418580894noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-13788785500329383452017-11-01T21:10:00.000+01:002018-03-17T22:33:09.598+01:00Deirdre<div class="frame" style="background-color: white; box-sizing: border-box; line-height: 30px; word-wrap: break-word;">
<div class="content" style="box-sizing: border-box;">
<div style="box-sizing: border-box; margin-bottom: 10px;">
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">— C’est une catin que tu m’offres, Conor ! Belle récompense en vérité !</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">— Tu es un imbécile, Eogan, catin ou pas, je t’offre la plus belle femme du pays.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Le roi et son capitaine se disputent. Ils se doutent que je les entends, mais ils ne baisseront pas la voix. Je ne suis plus rien, après tout, qu’une fontaine âpre et salée, un puits infertile de larmes. Il fut un temps où j’étais belle, oui, la plus belle des femmes du pays.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Le roi d’Ulaid avait épousé Nessa, qui avait eu auparavant un fils du druide Cathbad. Le pays était perpétuellement en guerre contre ses voisins, surtout le Connacht. La reine convainquit son mari de laisser le trône un an à son beau-fils, pour l’éprouver. Conor amena la paix et fit si bien que ni le peuple, ni l’assemblée des guerriers, et encore moins les druides n’envisagèrent de laisser revenir l’ancien roi. Celui-ci s’inclina. Et de fait, Conor était un bon roi. Il était jeune et il était bien conseillé. Cathbad se tenait près de lui, et Cathbad tenait tous les druides du pays. L’Ulaid est un pays magnifique, et cette contrée ne demandait qu’à prospérer. Le nouveau souverain gouvernait avec sagesse et droiture, il gardait ses guerriers habiles au maniement des armes en organisant joutes et tournois, ou en allant prêter main forte à ses voisins contre d’autres voisins. Son alliance était changeante, mais elle était souvent décisive. Le Ard Ri, le haut-roi d’Irlande, le salua à l’égal des autres princes de l’île. Conor était jeune, vigoureux et sage. C’était un bon roi.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Comme il fêtait le retour du printemps avec ses hommes réunis pour un banquet, on entendit un cri affreux, glaçant. Tous se tournèrent pour savoir d’où provenait ce son, effrayés à l’idée d’avoir perçu l’appel d’une banshee. On amena ma mère, qui était grosse. Les femmes dirent que le cri provenait de son ventre. Cathbad fut appelé pour rendre un oracle. Et il prophétisa :</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">— l'enfant qui va naître de cette femme sera la plus belle des femmes, les cheveux comme les blés, le teint comme le lait, les yeux comme le ciel de printemps et comme la mer d’Irlande, bleus, verts et gris. Et elle conduira l’Ulaid à sa perte, car son chemin est un torrent de larmes et de sang.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Les guerriers du roi voulurent tuer ma mère, mais Cathbad refusa. Et Conor refusa aussi. Il voulait pour lui la plus belle des femmes, comme il avait les plus grands guerriers, les meilleurs chiens, les beaux chevaux, les plus habiles cochers, les armes les plus redoutables. Le druide et le roi avaient parlé, les guerriers s’inclinèrent en grommelant.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">A ma naissance, je fus emmenée dans une ferme isolée et confiée à un couple de braves gens. Je n’ai jamais vu mon père ni ma mère. Je grandissais dans un monde entouré d’un mur. Cette clôture était symbolique, elle marquait la limite de notre domaine, empêchait nos bêtes de divaguer, et les étrangers d’approcher. C’était une vie simple et douce. Mes parents nourriciers s’occupèrent de moi avec patience, même s’ils ne me donnèrent pas beaucoup d’affection. Nous ne manquions de rien. Le roi passait parfois me voir, sans se montrer. Il disait à Cathbad que les forêts d’Irlande ne sont pas plus denses que ma chevelure, les blés pas plus rayonnants que mes mèches blondes, les fruits de sa terre pas plus délicieux que mes joues roses, ses collines pas plus douces que les courbes délicates de mes seins et de mes cuisses. Il veillait sur moi, en maître avisé. On oublia la prophétie de Cathbad, le pays était prospère comme une jeune fille dans la fleur de son printemps.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Les ciels d’Irlande sont changeants, et ils étaient mon univers, bien plus que notre domaine dans son mur. Je ne souffrais pas de ma solitude ni d’enfermement, je chevauchais inlassablement les nuages. Tête nue, le visage exposé à toutes les brises, je buvais dans la pluie les embruns, les ruisseaux, les saisons. Je me nourrissais d’éther et je chantais avec les averses, mêlant mes airs au martèlement des gouttes, au ruissellement du dégel. Je mâchais des flocons, me rassasiais de cristaux, je fredonnais en faisant craquer le verglas. </span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">J’avançais en âge, ignorante des projets du roi. Conor se lassait de sa reine, aucune concubine ne trouvait grâce à ses yeux et il décida bientôt que j’étais prête à réchauffer sa couche. Il tergiversa un peu sur la conduite à tenir, puis décida d’envoyer ses neveux me chercher. Il leur faisait confiance, il les avait élevés près de lui et en avait fait de bons combattants. </span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">C’était l’hiver. Les premières neiges étaient tombées juste après Samain. On avait égorgé un veau né trop tôt dans la saison, qui ne passerait pas les froids trop rudes. Nous avions besoin de viande. Je vis un corbeau se poser sur la flaque de sang frais, déjà en train de durcir sur le sol immaculé.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Un grand bruit se fit entendre, comme nous n’en avions jamais perçu, les sons lourds et grossiers d’une escorte armée. A la tête de la bande, trois hommes. Et entre deux fiers guerriers, lui, les cheveux aussi noirs que la plume d’un corbeau, les joues avivées par le froid, rouges de sang vaillant, son teint clair comme un matin d’hiver. Un amour de jeune fille. Mon cœur bondit sous mes seins, et mon visage se couvrit de larmes. Du sang, des larmes, déjà.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Les fils d’Usnech venaient me prendre pour m’amener à leur roi. Sans un mot, mes gardiens me confièrent avec un paquet de hardes aux hommes-liges. On me posa rudement sur un char et nous primes le chemin d’Emain Macha, toujours en silence. Les farouches guerriers détournaient la tête pour ne pas me dévisager. Certains se rappelaient la sinistre prédiction de Cathbad, tous me savaient destinée à la couche de Conor. Ils ne me parlaient ni ne me voyaient. A leur tête, se tenaient les trois frères, aussi droits que leurs lances, fiers de la foi jurée et gardée. Pauvres fous ! </span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">On m’enferma à nouveau, sous la garde de Leborcham, qu’on disait sorcière. Elle aussi était toute dévouée au souverain, même si elle voyait d’un mauvais œil l’arrivée d’une donzelle qui détournerait encore un peu plus Conor de son épouse. C’était aussi une femme rude et impérieuse. Elle devait me préparer à mon sort, elle se contenta de m’ordonner de me résigner. Je n’étais pas farouche ni têtue, et je ne savais pas que j’étais belle. En vérité, assez belle pour tenter tous les hommes du souverain, et les damner.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Cathbad harcelait Conor pour qu’il renonce à me prendre comme concubine. Il lui remémorait sa prophétie, il usait de ses pouvoirs de druide, et de ses arguments de père. Depuis des années qu’il se tenait derrière le trône, et parfois même devant, le conseiller avait une emprise terrible sur le souverain, et sur le fils. Il lui rappelait qu’il était un bon roi pour un pays prospère, et que ma possession ferait la ruine de l’Ulaid, il lui enjoignait de m’exiler, ou mieux, de faire de moi une monnaie d’échange. Le souverain écoutait son ministre, et son père, mais il ne se décidait pas. </span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">De ma prison, on entendait les bruits nombreux et affairés de la maison du maître d’Ulaid. Les banquets préparés pour les nombreux guerriers, les conciliabules des druides. Et parfois, s’élevait un chant, une voix d’homme merveilleuse, forte comme le mugissement d’un taureau, et douce comme le ruissellement du dégel. Je demandai à Leborcham qui chantait ainsi.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">— C’est Noise, le neveu de Conor. Il a la plus belle voix qui soit. Toutes les filles sont amoureuses de lui quand il susurre une ritournelle, et tous les guerriers sont prêts à mourir quand il entonne un refrain martial. Il est très bel homme, il faut dire, et très habile combattant, comme ses frères. Les meilleurs hommes du roi, ses neveux, et les plus fidèles.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Le lendemain, une complainte montait jusqu’à ma fenêtre. Je soulevai la tenture et tentai d’avancer ma tête par l’étroite ouverture dans la muraille. Je connaissais ce couplet, et je me joignis à l’air. Nos voix s’entrelaçaient et se mêlaient idéalement. J’apercevais la silhouette de Noise en bas. Il leva le regard.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">— Jolie donzelle, car tu dois être aussi radieuse que ton chant, qui es-tu ? Je ne me souviens pas d’un si beau ramage.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">— C’est que tu ne m’as guère parlé quand nous nous sommes rencontrés, pas plus que tu m’as regardée.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Il eut un mouvement de recul.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">— Ah, c’est toi ! Tu n’es pas pour moi, ma belle, mais pour le roi.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">— Le roi est vieux, et il ne chante pas aussi bien que toi.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">— Peut-être, mais c’est à lui que je t’ai amenée.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">— On verra.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Et le visage clair, les joues rouges, les cheveux noirs de Noise, le plus beau des fils d’Usnech, disparurent. </span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Leborcham était fidèle à Conor, mais elle comprenait aussi les avertissements Cathbad. A me voir me glisser près de l’unique fenêtre de ma prison, chaque fois que retentissaient les airs de Noise, elle devina bien vite quel parti prendre. Ma gardienne me suggéra habilement un sort qui liait d’amour un homme. L’enchantement n’avait pas à être bien puissant. Déjà nos chants mêlés avaient jeté les bases d’un attachement entre le beau guerrier et moi. Tâtonnante, mais certaine de vouloir échapper à Conor, je m’exerçais mille fois sur la silhouette vague qui passait sous mon mur, ajoutant toujours mes notes aux siennes. Peu à peu, cette haute stature que je guettais tant s’approcha de ma fenêtre. Son timbre retentit. C’était un beau chant, mais un lai triste à mourir. Il disait l’amour impossible, la malédiction des amants séparés. Je lui répondis, et j’improvisai une aubade à la passion partagée, la ballade des amoureux réunis. Notre air devint un hymne à la gloire des sentiments éprouvés. Nos voix roulaient, s’emmêlaient, s’enchaînaient. Il me semblait pousser des ailes, pour m’enfuir de ma geôle. Une note céleste finit ce doux couplet. Derrière moi, Leborcham ruisselait de larmes.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Au matin, les trois fils d’Usnech forcèrent ma porte, attachèrent ma gardienne, sans doute pour lui épargner la fureur du roi, et m’entraînèrent avec eux. Ils me mirent sur une monture et nous nous enfuîmes au galop. Les guerriers d’Ulaid nous donnèrent la chasse, mais nous allions plus vite. Et puis, le jour où nous partîmes, l’alarme retentit dans le pays : le Connacht attaquait. Conor défendit son pays, avant de penser à retrouver sa belle et ses trois meilleurs hommes, ses neveux, en qui il avait toute confiance. </span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Dans un petit port, nous payâmes notre passage vers Alba. Seule la mer entre nous pouvait retarder les efforts du roi pour me reprendre. Nous continuâmes ainsi notre route, vers les contreforts des âpres montagnes calédoniennes. Nous nous arrêtions dans de petits villages, évitions les endroits populeux où on parlerait de nous. Les fils d’Usnech choisirent de s’installer près de la tenure d’un petit seigneur, et se mirent à son service, pour la chasse et le combat. Heureux de gagner trois hommes forts et redoutables, celui-ci ne posa pas de questions. Je pris possession d’une humble demeure, juste assez vaste pour nous quatre. Commença alors une vie simple, proche de la misère, et la plus heureuse que j’ai connue.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Noise mêlait toujours ses refrains aux miens, que nous soyons l’un près de l’autre ou séparés. On le célébra rapidement pour ses dons. Il partait guerroyer – ou plutôt razzier quelques bêtes pour agrandir le troupeau de son maître – et chasser. Et il revenait en fredonnant des mots d’amour. J’étais libre, j’étais amoureuse, et je chantais tous les jours. Et j’étais toujours plus heureuse quand la belle voix de mon aimé soutenait mon couplet, lui donnait des ailes.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">La contrée où nous avions élu domicile était plus âpre que la douce Irlande, mais nous étions ivres de bonheur. Nous étions réunis au prix d’un exil, sans avoir connu de vraies épreuves, cachés à l’ombre des montagnes d’Alba. Nous nous soûlions de caresses et de mots tendres, devenus idiots de félicité. Ces cieux étaient idéaux, puisqu’ils couvraient nos transports béats. Ils étaient froids et gris comme le fer d’une hache d’armes, mais nous ne voyions que les déchirures du soleil dans leur couverture métallique. Ils avaient l’éclat de nos émerveillements. Nous avions tranché tout lien avec nos familles, nos terres, notre langue, pour ce ravissement imbécile.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Nous goûtions notre bonheur tranquille comme s’il pouvait durer une éternité. Mais les amants ne sont-ils pas immortels ? Il nous semblait que cette existence pouvait se dérouler sans heurts jusqu’à nos vieux jours, et que nous franchirions les portes du Sidh appuyés l’un sur l’autre pour nous aimer encore dans l’au-delà. C’est du moins ce que mon aimé me murmurait, le soir, quand il m’entourait de ses bras. Pauvres fous ! On n’amuse pas le destin d’un sourire !</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Le roi d’Alba vint chasser sur les terres de son homme-lige, le seigneur que servaient les fils d’Usnech. Il força loups et sangliers, au cœur de l’hiver, tous les jours, usant bêtes et traqueurs. Un soir, Noise revint tard, se tenant le côté droit. Il était blessé. Une laie avait tenté de l’embrocher, tandis qu’à ses côtés le souverain brandissait son épieu. Je soignai l’estafilade en chantonnant des encouragements à mon grand guerrier rieur. Il se tortillait en protestant contre mes chatouilles, lui qui avait vu des plaies bien plus graves. Il n’en avait pas connu, ses adversaires n’avaient jamais réussi à le toucher sérieusement. Nous nous endormîmes, serrés l’un contre l’autre.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Au matin, Noise se préparait à partir pour une nouvelle chasse, pansé par mes soins, quand nous entendîmes des hommes approcher. C’était l’intendant du roi, qui apportait des cadeaux, pour remercier mon amant de son aide décisive dans la mise à mort de la laie, saluer sa bravoure, et compenser sa blessure. Je me retirai dans notre maisonnette, mais le serviteur entra. Il me vit, me fit une courbette, et posa sans un mot son paquet sur notre table. Puis il sortit. Dehors, il parla avec Noise et ils partirent ensemble.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Noise ne rentra pas le soir. Cela arrivait, son maître avait parfois besoin de lui pour une razzia ou une traque. Je l’attendis, puis me couchai, seule.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Au matin, un bruit de galop me fit sortir. Ce n’était pas mon bien-aimé, mais l’intendant accompagné d’un autre personnage. Celui-ci s’exclama :</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">– En vérité, tu avais raison ! Cette femme est la plus belle que j’aie vue !</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Je le regardais sans comprendre. Le serviteur fronça les sourcils.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">– Incline-toi devant le roi !</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Je fis une courbette. Le souverain rit.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">– Offre-moi d’entrer dans ta chaumière !</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Je fis ce qu’il demandait. Son homme resta dehors.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">– Tu es fort jolie. As-tu meilleure hospitalité à proposer à ton prince ?</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Je le fixai.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">– Allons, tu as sûrement un réconfort plus tangible à procurer ?</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Je lui tendis un plat de viande salée et sortis le pain.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">– Ce n’est pas de nourriture que j’ai faim.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Je fis un geste de dénégation. Il se leva.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">– Tu es un mets de choix, royal, dirais-je.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Je répétai ma mimique. Il s’approcha. D’un mouvement vif, je brandis le couteau du pain. C’était une lame longue et large, affûtée par mes soins.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">– Allons, la belle, pose ça, tu vas te faire mal.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Mais je ne bougeais pas. Je savais manier ce couteau. Le roi leva une paume apaisante.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">– Paix, jeune femme. Je veux juste goûter à tes charmes. Personne n’en saura rien, ton compagnon est loin d’ici. Ne te vante pas d’avoir attrapé le souverain dans les fils blonds de ta chevelure, c’est tout. Et puis qui sait ? Si tu es à mon goût, je pourrais te prendre comme concubine et t’arracher à cette existence misérable. Que défends-tu ainsi ? Les femmes sont faites pour le délassement des hommes.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Je défendais mon bonheur, mon exil et mes projets aux côtés de mon bien-aimé. J’étais déterminée. Mon adversaire aussi. Il sortit un coutelas de chasse, et nous croisâmes le fer. Bien sûr, il eut le dessus, bien sûr il me désarma. C’était un combattant, pas moi. Et bien sûr, il me viola.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Noise revint au bout de quelques jours. Cette nuit-là, je pleurais en silence loin de lui sur notre couche. C’était la brèche d’un orage dans notre ciel toujours couvert, la déchirure d’un crépuscule qui masquait les éclaircies de notre bonheur.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">On annonça une ambassade venue d’Irlande. Fergus avait épousé la sœur de son rival en même temps que sa cause et il était convaincu du message qu’il portait. Incapable de traîtrise ou de simple dissimulation, il souhaitait ardemment ramener les trois frères à Emain Macha. Les frères de Noise étaient d’avis de regagner l’Ulaid. Ils se languissaient de leur pays, de leurs proches. Noise hésitait. Il tournait dans notre maison, s’interrogeant sans fin sur le pardon de Conor. Ses frères insistaient. Fergus était un homme de parole. </span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Nous embarquâmes. Fergus fêtait la décision des fils d’Usnech, décrivait en rotant sa bière les célébrations innombrables et grandioses qui marqueraient notre arrivée. Il était fier d’avoir si bien mené son ambassade. Il promettait les plus belles filles aux frères de Noise, vantait les prouesses que tous trois accompliraient. L’Ulaid avait bien besoin de ses plus vaillants combattants. Et il louait derechef l’habileté de ses amis à la guerre, et la sagesse du roi, qui avait pardonné. Tout pardonné. Et il éclatait d’un rire sonore, demandait encore de la bière et s’endormait en marmonnant des promesses de razzias fastueuses et de fructueuses prises de guerres. Comme si le destin pouvait se noyer dans un tonneau de cervoise ! </span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">On nous fit bon accueil, sur les côtes d’Ulaid, et Fergus montra avec un gros rire les beaux chevaux et les chars rapides envoyés par le roi pour nous amener à Emain Macha. Tout le trajet, il démontra, encore et encore, que Conor souhaitait l’apaisement, qu’il était plein d’indulgence. L’Irlande se partageait sous nos yeux en deux bandes brutales. En haut le bleu dur, l’océan du ciel, et le blanc fiévreux des nuages, en bas, le vert vif des pâturages tout juste sortis de la neige et la ténèbre touffue des forêts. Entre les deux, les silhouettes des hommes sur leurs chars. Noise avait les mains jointes sur les rênes, un condamné qu’on mène au billot.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Nous arrivâmes à Emain Macha. Le roi se tenait devant sa maison, Cathbad à ses côtés. Le druide ne nous regardait pas. Mais Leborcham, ma gardienne, était là, et elle avait le regard dur. Je poussai un gémissement. Nous étions condamnés. Le roi avait menti – à Fergus autant qu’à nous, car il n’aurait jamais pu convaincre cette grosse brute joviale de trahir sa parole. Les larmes aux yeux, je descendis de mon char.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Il n’y avait pas de fête pour nous. Conor nous mena à l’arène de combat, comme pour nous honorer d’un tournoi. Là, ses hommes se jetèrent sur les fils d’Usnech. Fergus hurla « trahison ! trahison ! » et il brandit une hache monstrueuse avec laquelle il faucha immédiatement les trois hommes les plus proches de lui. Il se battit vaillamment, Fergus, parce que le roi Conor l’avait abusé. Mais mon bien aimé et ses frères furent massacrés. Les guerriers ulates ne parvenaient pas à les atteindre au corps à corps, et ils tombaient aux pieds des fils d’Usnech. Eogan saisit un arc long, encocha ses flèches les plus lourdes et les tira en vulgaire gibier. Je vis de mes yeux le monstre prendre une masse et l’abattre sur le visage ensanglanté de mon amant. Alors je poussai un cri. Un cri de banshee. Et les hommes présents tentèrent de se boucher les oreilles pour ne pas entendre ce hurlement. Car quand on a ouï la banshee, c’est qu’elle vient vous prendre.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Et agenouillée dans le sang clair de mon compagnon, j’ouvris les bras et je hurlai :« vous, hommes d’Ulaid, vous les meurtriers des fils d’Usnech, vous périrez le fer à la main ! Soyez damnés ! »</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Conor s’approcha alors, me gifla à toute volée et me jeta sur le chemin de sa demeure. Il m’y boucla dans ses quartiers, sous la garde de Leborcham. </span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">— C’est ma punition, maîtresse. Si tu sors à nouveau de ces pièces, Conor m’éventrera devant son foyer.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Je me résignai facilement à cette vie recluse. Depuis que j’avais vu tout le sang de mon bien-aimé répandu sur le sable de l’arène, j’étais absente. Le roi me fit coucher sous ses fourrures. Il écarta mes cuisses, s’enfonça dans mon ventre. Je restai inerte. Je n’étais plus de ce monde, déjà.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Et j’appelais tous les soirs la banshee.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">« Ma sœur, mon autre ombre, viens, viens m’emporter. »</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Leborcham, cette femme dure et forte, s’attendrissait. Elle m’apportait les meilleurs morceaux de la table du roi. Sur son insistance, je plaçais quelques bouchées entre mes lèvres, je buvais les coupes d’eau claire, de lait aigre ou de cervoise légère qu’elle mettait dans mes mains. Je n’aurais pas cherché à mourir de faim, mais il m’importait peu de me sustenter. Je pleurais quand j’étais seule, je pleurais quand Leborcham prenait soin de moi. Je pleurais encore quand le roi venait et s’allongeait sur moi, et s’agitait et se répandait dans mon ventre. Il se lassa de cela, me battit pour obtenir une réaction. Il usa de ses mains furieuses, me frappa avec les lanières de ses chiens. </span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Cela dura un an. Au bout d’un an, le roi ne voulut plus de moi dans sa couche. La plus belle fille d’Ulaid avait les yeux rouges, les paupières gonflées, les joues ravinées de sel. Il me demanda :</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">— Ne souffres-tu pas de mes corrections ?</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">— Je n’ai plus de souffrance, mon seigneur. Je ne sens pas tes coups, puisque je ne sens plus les baisers de Noise. </span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">— Qui hais-tu le plus, en dehors de moi ?</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">— Je ne hais personne, mon seigneur, pas même toi. Je n’ai plus de haine, puisque je n’ai plus d’amour. Je n’ai plus que des larmes.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">— Et Eogan ?</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Une douleur fulgurante me laboura les entrailles, la pointe d’une lourde flèche qu’on aurait subitement tenté d’arracher. Conor sourit.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Le soir même, Eogan et Conor se disputaient. Mais l’homme du roi accepta de me prendre. Leborcham ramassa mes affaires au matin pour en faire un baluchon qu’elle plaça entre mes bras. Dans la cour de la maison du roi, les chars attendaient. Le monstre eut un gros rire quand il me vit arriver et me tendit la main pour me faire monter. Il promit mille morts douloureuses et lentes au cocher qui me conduisait s’il m’arrivait malheur. Puis il fit des adieux désinvoltes au souverain et ordonna le départ. Il attendait sans doute des cris et une farouche résistance de ma part et semblait interloqué que je me laisse mener comme une brebis qu’on va égorger – mais cela, la bête ne le sait pas, seul l’homme qui tient la lame sait pour quel usage. Ma docilité l’indisposait. Il me voulait hurlante, en furie. J’étais abasourdie de souffrance, sidérée d’affliction depuis la mort de Noise. J’étais ivre de tourment, et ma raison s’était enfuie avec le dernier souffle de mon bien-aimé. Alors Eogan souhaita être cruel.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">— Tu vois, derrière ce tournant, se trouve le ravin dans lequel on a jeté les cadavres des fils d’Usnech.</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Je le regardai. Il détourna la tête. Je savais que mes yeux étaient toujours bleus comme le ciel et la mer d’Irlande, et verts comme ses champs et son océan, et gris comme ses orages et ses tempêtes. Mais mon esprit n’était plus dans mes yeux. Mes joues ruisselaient de larmes, embruns dans la pluie, vagues furieuses. Et au moment où mon cocher négociait habilement ce virage, je sautai de mon char, dans le précipice. Et le cocher s’écria :</span><br />
<span style="color: #404141; font-family: "times" , "times new roman" , serif;">— Ah ! Douleur ! Fille de toutes les douleurs !</span></div>
</div>
</div>
<div class="footer-frame" style="background-color: white; box-sizing: border-box; color: #262626; padding-top: 10px;">
</div>
Marie Fontanahttp://www.blogger.com/profile/15333164916418580894noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-47133979804229428482017-10-15T20:40:00.002+02:002017-12-08T19:17:17.108+01:00Comment j'ai donné du plaisir à une femme<div class="MsoNormal">
Une fois assis à ma place dans le TGV, le crachin me fit
moins regretter de rentrer à Paris pour assurer mes consultations. Je laissais
Paul chez ses parents, pour quelques jours de plus à la Baule. J’aime
l’ambiance de ces week-ends de milieu d’été. Je bénéficie, l’espace de
quarante-huit heures, de la joyeuse énergie des vacances.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
C’est, je crois, la vue de son arme qui attira mon regard.
Là, à la ceinture d’un pantalon bleu marine ajusté sur de longues jambes
nerveuses, le pistolet était à sa place et totalement incongru sur ce quai de
gare. L’homme s’arrêta, en pleine vue de ma fenêtre, mais à l’abri des regards
des autres voyageurs. Une femme le suivait, accrochée à son bras. Ils se
rencognèrent dans l’ombre, face à face. Les mains posées autour de son visage,
les yeux mi-clos et balbutiant d’amoureuses insanités, il semblait hésiter. Il
s’empara de sa bouche comme un noyé cherche l’air. Les doigts enfouis dans un
chignon sévère, il libéra autour de leur étreinte le soyeux rideau d’une
chevelure.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
J’aurais dû me sentir importun, même si le couple ne pouvait
m’apercevoir, mais je ne parvenais pas à détourner le regard des amants
enlacés. S’il est plutôt inhabituel qu’un gendarme se soustraie à son devoir
pour se livrer à sa fougue amoureuse sur un quai de gare, il est encore plus
étonnant de se trouver témoin des élans d’une connaissance. Dans mon milieu, on
ne s’embrasse ni ne s’étreint en public.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Et dans mon milieu, on ne partage pas l’existence d’un autre
homme. Ma mère allait me faire payer ce week-end à la Baule, quand bien même
elle refusait d’inviter Paul et m’ouvrait à peine sa porte.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Il ne restait plus que deux minutes avant le départ du
train. On sentait chaque seconde s’enfoncer comme une aiguille entre les
épaules défaites de l’homme en bleu. Il glissa à terre et se retrouva à genoux.
Les yeux clos et le visage pressé sous ses seins, il aspira une dernière fois son
essence, se leva et la guida vers l’entrée de la voiture. Sa main se serra, et
il se détourna pour quitter l’endroit à grands pas rageurs.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
La femme monta dans le wagon, les mains dans sa chevelure.
En deux mouvements, la somptueuse crinière, domptée, réintégra un chignon
serré. Elle me sourit et s’assit en face de moi.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpFirst" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Bonjour docteur.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Bonjour Mme M.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Comment allez-vous ? Je vous en prie,
appelez-moi Sirine.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpLast" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Je vais bien, je vous remercie, et appelez-moi Jérôme.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Le temps de ce bref échange, les portes du train se sont
fermées et nous roulons hors de la gare. Ses yeux brillent. Je pourrais penser
y deviner des larmes, mais ce n’est pas ça. Elle respire un peu vite. Elle
irradie de bonheur, d’énergie, d’émotion ? Elle était sur le quai, avec un
homme qui n’est pas son mari et elle me sourit, apaisée et chaleureuse.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoListParagraph" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Comment va votre époux ?<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Elle sourit encore plus largement.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpFirst" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Il est dans les Émirats, avec Hussein.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Vos fils ?<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->En vacances. Yunes est chez un ami près de
Boston, Ali fait un stage de voile dans un endroit terriblement snob près de
Cape Cod. Comment va Paul ?<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Je l’ai laissé avec ses parents. J’ai passé le
week-end avec eux.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Vous avez vos consultations…<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Oui. Paul peut se permettre rester.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpLast" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Vous voilà célibataire pour quelques jours.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Le voyage se passe à deviser agréablement avec cette femme
que je connais si bien et si mal. Je me laisse bercer par le son de sa voix sereine
et l’éclat doux de ses yeux bruns. Nous approchons de Paris.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoListParagraph" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Venez diner un soir à la maison. Je suis seule
pour quelques jours moi aussi.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
L’invitation me surprend, mais j’ai envie de revoir cette
femme, dont j’ai pourtant exploré le plus intime secret.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
La vie sans Paul est d’une fade banalité. Je ne sais, dans
notre quotidien bien rôdé, ce qui donne du sel à mes jours, si ce n’est sa
présence toute entière, à mes côtés. Je suis amoureux, pas comme au premier
jour, mais dans l’émerveillement du lendemain, dans la fête toujours célébrée de
le trouver à mes côtés. Je n’erre pas tout à fait comme une âme en peine, une
coquille vide, mais son absence, si elle n’a plus l’acuité d’une amputation, me
vide la tête.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Jeudi, je vais dîner chez Sirine. J’ai abreuvé Paul de ce
rendez-vous deux fois par jour. Il a ri en me faisant remarquer que si elle
avait été un homme, il aurait été un peu jaloux. J’ai ri aussi. Il n’est rien
de plus ferme que mes sentiments pour cet homme et il n’est pas jaloux. Je
tourne en rond comme un gamin de quinze ans avant un premier rendez-vous au ciné.
Là, j’ai trente ans de plus, je n’ai pas besoin de me demander si j’oserai
tenter de l’embrasser.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
La journée s’étire, patient après patient. Enfin arrive
l’heure de sonner à la porte d’un immeuble cossu. J’ai à la main une boite à
gâteaux d’un pâtissier à la mode et une délicate composition florale, valeurs
sûres. Elle m’ouvre, j’entre, nous hésitons à nous saluer. Devons-nous nous
serrer la main comme nous l’avons toujours fait, ou puis-je déposer à quelques
millimètres de sa joue ces simulacres de bise qui marqueraient une intimité que
je n’ai pas encore méritée ? Elle me sauve en claquant un baiser sonore
sur ma pommette, me débarrasse de mes présents et m’indique son salon.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpFirst" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Je suis heureuse que vous ayez accepté mon
invitation.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpLast" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Je suis content de vous voir.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Elle est belle. C’est une de ces femmes dont la jeunesse est
inachevée, trouble, mais dont la maturité éclate à son midi. Elle sera belle
jusqu’à son dernier souffle, l’âge la polit comme la mer retourne un tesson et
le transforme en gemme.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpFirst" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Vous n’avez pas compris, sur le quai de gare,
n’est-ce pas ?<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpLast">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Je sursaute, contrit. Elle ne m’a pas vu avant de monter
dans le wagon, mais là où j’étais assis, je ne pouvais pas avoir manqué de la
remarquer.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Elle sourit avec une pointe d’indulgence.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoListParagraph" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Voyons, Jérôme, je ne vous invite pas à dîner
pour acheter votre silence. Vous êtes assez gentleman pour ne pas vous répandre
en société sur ce que vous avez vu, et assez honnête pour ne pas souhaiter
mentir. Je suis discrète, surtout pour ne pas porter tort à mes fils, mais je
n’ai rien à cacher à mon mari. Nous sommes mariés depuis vingt ans, vous savez.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Je cligne des yeux. Mon hôtesse n’a pas quarante ans.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoListParagraph" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Nous allons passer à table et je vais vous
expliquer. C’est pour ça que vous êtes là, pour que je puisse me confier.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Elle rayonne de douceur et de bienveillance. Je suis venu
plein de curiosité et elle me reçoit pour me rassasier.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpFirst" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Je me suis mariée jeune. Omar a douze ans de
plus que moi. On lui avait recommandé ma famille, qu’il connaissait. Il voulait
une épouse assez intelligente pour la vie qu’il souhaite mener. Un mariage,
deux enfants au moins, même si c’étaient des filles, l’assurance d’une vie
aisée. Il a ses secrétaires particuliers. Il doit être discret, pour ses
affaires, pour sa respectabilité.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Quel âge aviez-vous quand vous l’avez
épousé ?<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpLast" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Tout juste dix-huit ans. A mon époque, c’était
assez jeune pour se marier, mais pas inusité. Nous sommes venus vivre à Genève
tout de suite après nos noces. Il ne voulait pas rester en Egypte, ce pays
l’étouffe. Nous y allons deux fois par an, c’est assez pour lui. J’ai toujours
eu une vie agréable avec lui.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
J’ai croisé Omar trois fois. La première fois, c’était dans
une soirée de charité. Un de mes meilleurs amis a rassemblé de nombreux
médecins autour de projets humanitaires. Grâce à lui, j’ai voyagé et soigné
loin de chez moi. Omar faisait partie des donateurs. Un homme lointain, dont le
sourire est aussi distant que celui de sa femme est chaleureux. Un bel homme
aussi, soucieux de l’impression qu’il donne. J’avais trouvé qu’ils formaient un
couple assorti.<br />
<span style="text-indent: -18pt;"><br /></span>
<span style="text-indent: -18pt;">Il ne m’a
jamais touchée, pas même pendant notre nuit de noces. C’est un mari respectueux
et un compagnon agréable. J’ai rempli ma part du contrat. J’adore mes fils.
J’aurais dû être comblée. Je l’ai été.</span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpFirst" style="margin-left: 35.4pt; mso-add-space: auto; mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpLast" style="margin-left: 35.4pt; mso-add-space: auto;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Je suis médecin. Je vois défiler dans mon cabinet des hommes
qui doivent se mettre à nu, littéralement. Paul plaisante parfois en soulignant
que je passe mon temps à faire enlever leur slip à d’innombrables inconnus. Je
soigne surtout des prostates que les métastases rongent, des vessies qui ne se
vident plus, des pénis qui ne se remplissent pas. Urologue, c’était moins
prestigieux que chirurgien, à la déconvenue de ma mère, mais j’aime mon métier.
Pauvre femme, dans ma vie professionnelle comme dans ma vie privée, je l’ai
toujours déçue.<br />
<br />
<span style="text-indent: -18pt;">Toutes les femmes ou presque, dans mon pays,
sont comme moi.</span><br />
A la naissance d’Ali, j’ai
surpris un échange entre deux aides-soignantes, à la porte de ma chambre. Elles
n’avaient pas conscience que je les entendais. Elles avaient de la compassion
pour moi, pour mon corps mutilé. Et c’est devenu insupportable. Pas
brutalement, mais insidieusement, mon corps ne m’appartenait plus, il n’était
pas normal. Omar s’est inquiété. J’étais sombre, je mangeais à peine. Il m’a
envoyée consulter un des meilleurs psychiatres qu’il connaissait. Et puis à
vous. Vous savez, j’ai mis longtemps à me décider, avant même de vous
rencontrer.</div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt;">
<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 35.4pt;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
C’est là que j’ai rencontré Omar pour la troisième fois.
C’est lui qui a pris rendez-vous. Par habitude, je lui ai demandé de s’asseoir
et j’ai commencé mon interrogatoire médical. Il a fait un geste pour balayer
mes questions et il m’a indiqué qu’il n’avait pas besoin de mes soins ou plutôt
qu’il n’était pas venu pour lui. Je l’ai écouté attentivement. Je n’avais
jamais fait ça. Je lui ai dit. Il a écarté mes objections d’un autre geste.
C’était moi qui devait opérer et personne d’autre. J’ai proposé d’autres noms,
d’autres références. Il y tenait. Moi et personne d’autre.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Entretemps, nous nous étions croisés, à l’opéra Bastille. A
l’entracte, j’étais allé saluer un de mes copains de mission humanitaire. J’ai
retrouvé Paul en train de discuter avec le bel Egyptien. Omar, la main sur
l’épaule de mon compagnon, lui parlait presque dans l’oreille. Paul hochait la
tête. Quand je me suis approché, il a haussé les épaules. La main est retombée.
Omar a souri et il a dit « il n’y a pas de place entre vous deux, il y a
trop d’amour. » et il s’est éloigné. Je n’ai pas demandé à Paul de quoi
ils parlaient. Cela semblait trop évident.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpFirst" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Je suis heureux que vous ayez trouvé le chemin
de mon cabinet.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Pourquoi ?<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Pourquoi ? Je soigne. Ce n’est pas
seulement un métier.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Si, c’est un métier. J’ai compris, au fil des
consultations, que ce que vous faites est complexe et délicat.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Ce n’est pas si compliqué. J’ai appris.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpLast">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Oui, j’ai appris. J’ai trouvé des médecins pour m’expliquer
les gestes, des patientes à opérer, à qui restituer une part essentielle à leur
sexe.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpFirst" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->L’homme que vous avez vu sur le quai, c’est mon
premier amant. Le seul.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Qu’avez-vous attendu ?<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->J’avais besoin de devenir moi-même, dans ce
corps que vous m’avez donné. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Je ne vous l’ai pas donné, il a toujours été vôtre.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Et maintenant, il est assez mien pour que j’ose
me mettre à nu, et découvrir ce qu’il peut donner de plaisir.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Etes-vous heureuse ?<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Vous voulez savoir si l’opération est réussie ?<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpLast" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Non. Non, pas du tout. Le plaisir d’une femme
m’est doublement mystérieux. Je sais que j’ai réparé ce qui pouvait l’être. Je
veux vraiment savoir si vous êtes heureuse.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Elle secoue la tête et son chignon se défait. Une ondoyante
cascade noire se répand sur ses épaules. Ses yeux brillent entre ses cheveux
soyeux.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpFirst" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Oui, je suis heureuse.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Alors j’ai fait mon travail.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpLast" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Plus que ça. Vous m’avez donné du plaisir.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
Quand j’ai dit à Paul que j’avais donné du plaisir à une
femme, il a hurlé de rire à s’en faire mal au ventre. Je suis urologue, je
soigne des prostates, des vessies, des pénis. Et j’ai appris à reconstruire un
clitoris pour que cette femme soit heureuse.<o:p></o:p></div>
Marie Fontanahttp://www.blogger.com/profile/15333164916418580894noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-48728885427374267952015-08-27T23:00:00.002+02:002015-08-27T23:00:35.332+02:00Mon cher fils<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Mon cher fils,<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
A l’heure où tu liras ces mots,
je peux me permettre de te nommer « cher », quoiqu’il n’y eut jamais entre nous
la moindre affection. Je sais que ce moment a trop tardé pour toi de prendre ma
succession. En témoignent tes nombreuses tentatives de m’arracher le sceptre.
Je l’ai voulu ainsi, tu as fait tes premières armes d’homme d’Etat en rusant pour
le devenir. Tu y as appris la prudence, et un peu de stratégie. Tu y as perdu
aussi tes camarades _ je ne pouvais pas laisser impunis vos complots. Et un
empereur n’a pas d’amis. Il a des ministres, un héritier et des serviteurs.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Tu vas pouvoir poser sur mon
trône tes fesses accoutumées à la selle. Ces années passées à te trouver des
alliés contre moi t’auront servi à tester la loyauté des grands de cet empire _
et à moi, à repérer quelques branches pourries, que j’ai élaguées. Tu as aussi
découvert l’inconstance, l’appât du gain et des honneurs. Tu sauras t’attacher
les uns et les autres par ces moyens, comme je l’ai fait.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Ton impatience à me remplacer t’a
obligé à t’intéresser au gouvernement que j’ai mis en place, aux impôts que je
lève, aux populations qui les paient, à mon administration. Tu as longuement
étudié cet assemblage subtil que j’ai construit au fil du temps. Je te lègue un
pays stable et aux finances saines. Après la conquête, il a fallu réduire les
effectifs de l’armée, occuper les anciens soldats, installer des structures
stables et assurer un revenu à chacun. J’ai transformé l’économie du pays, on a
fabriqué des outils plutôt que des armes, mis les terres conquises en culture,
ouvert des écoles, levé des impôts plus justes. Les peuples soumis ne sont pas
assimilés, tu devras poursuivre leur intégration. Quelques révoltes émailleront
ton règne. Sois ferme, mais ne deviens pas cruel.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Je t’ai fait fort et droit. Si tu
m’as tant trahi, c’est que je voulais pour toi ces épreuves. Aujourd’hui, je
n’ai pas plus de conseils à te donner. Je vais te livrer un secret. Il est si
bien gardé que j’ai fait éliminer tous les témoins afin que nul ne puisse dire
d’où je venais. Puis j’ai construit une légende. Tu préserveras le mythe, mais
tu n’oublieras jamais qui j’étais.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Je suis né les pieds dans la
glèbe, aux confins de l’empire, dans une province modeste, dans un village plus
modeste encore. Ton auguste père, fils du ciel, est un paysan. J’ai grandi en
bordure de nos champs, j’ai travaillé de mes mains. Je ne savais pas tenir une
arme, sinon pour égorger un poulet _ nous n’étions pas assez riches pour
posséder du bétail _ ou tirer du gibier. Je me suis marié avec une jolie
villageoise, une compagne d’enfance et nous étions heureux. Pauvres, mais
heureux. Des années médiocres ont succédé à des récoltes insuffisantes. A
l’époque, plusieurs royaumes régentaient ce qui devint mon empire. Ils étaient
plus petits, plus étriqués, plus vieux aussi, à bout de souffle et déjà ruinés
par leurs rivalités. Pour financer une querelle de plus contre le monarque
voisin, le nôtre leva une taxe sur le sel. Une denrée indispensable, et dont
l’imposition pesait lourd sur le menu peuple.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Je ne sais pourquoi, je quittai
ma femme en pleurs. Elle a tenté de me dissuader de cette démarche folle, mais
je partis et je me rendis à la capitale. Pour voir le roi. J’ai voyagé des
semaines et je suis arrivé près du palais. Ne pouvant y pénétrer, j’ai soudoyé
un eunuque qui travaillait là. J’ai choisi un personnage important. Je l’ai
fait boire et jouer aux dés. Je l’ai laissé gagner juste assez pour qu’il croie
à sa chance, puis perdre, et remporter la mise et perdre à nouveau,
indéfiniment. Quand il n’eut plus d’enjeu à placer, je lui ai extorqué une
audience. Je suis allé me prosterner devant une cour narquoise et un fantoche
placé sur un trône, abrité par un mouchoir parfumé. Interloqué, il a écouté ma
supplique, puis un geste méprisant m’a chassé du palais. J’ai regagné mon
village. Là, ne m’attendaient que des ruines. Des chicots noircis, c’était tout
ce qu’il restait de nos maisons. Les champs étaient recouverts de sel, ce
maudit sel que nous devions payer plus cher. Et sur ce qui fut nos chemins, des
cadavres boursouflés servaient de pitance aux corbeaux et aux mouches. Les
dépouilles des femmes étaient rassemblées à l’écart. Toutes, les vieilles, les
mères, les sœurs et les épouses, les filles, les jupes relevées sur les
cuisses, et la gorge tranchée. J’ai quitté ce lieu de désolation. Sans creuser
une tombe. Le corps de mon épouse reposait parmi les autres.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Je suis parti sur des chemins que
j’ignorais. J’ai vécu dans la forêt, je n’y ai pas croisé un homme. Et puis un
jour, près de la lisière, j’ai entendu les sons d’un convoi. Des soldats
entouraient un palanquin où se prélassait un homme gras. Les gens d’armes
chantaient en marchant. Ils avaient l’air bien nourris, leurs vêtements
paraissaient neufs, et le poussah sur sa litière arborait une chaine en or.
J’ai compris que je voyais passer un collecteur d’impôts. Et je lui en ai voulu
d’être si florissant alors que je vivais comme un sauvage. Je suis retourné
chercher mes flèches. Mais elles convenaient pour tirer le gibier dont je me
nourrissais, pas pour tuer un homme. Alors je les ai suivis, et j’ai attendu la
nuit. Dans les petites heures du matin, alors que tous ronflaient, j’ai
dépouillé un type endormi. Je l’ai saigné sans un bruit et j’ai pris son
équipement. Et ainsi de suite. Au bout de trois morts, le capitaine a désigné
des sentinelles, a organisé des rondes. J’ai continué à tuer, et à me
constituer un arsenal que je cachais sur ma route sanglante. Quand ils se sont
réfugiés dans une auberge, j’ai tiré des traits meurtriers sur ce qu’il restait
de la troupe au moment où elle sortait pour aller boire. J’ai gagné la chambre
du gros percepteur et je lui ai crevé la panse. J’ai pris son coffre et je l’ai
laissé essayer de retenir ses énormes entrailles de ses mains, hurlant comme un
porc.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
J’ai ramassé les armes volées et
je suis retourné, chargé comme un baudet, dans ma forêt. Je suis resté des
jours avec une cassette pleine d’or dont je n’avais que faire. Et j’ai
recommencé. J’ai tendu des embuscades de plus en plus élaborées, j’ai volé de
plus en plus de métal précieux, et d’armes. Un matin, un jeune homme s’est
rendu dans ma retraite. Et il a appelé. Il expliquait que lui et ses compagnons
voulaient se joindre au héros qui éliminait les collecteurs d’impôts. Je me
suis découvert. Et pour voir ce qu’il valait, je lui ai confié un peu d’or.
Puis je l’ai suivi. Il est allé dans son village, et il a partagé mon trésor
entre tous les villageois. Nous avons monté une bande, dont j’étais le
capitaine. Le roi a envoyé des soldats, et même un général. Nous leur avons
pris leurs chevaux. Et j’ai éventré l’orgueilleux officier.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Nous étions de plus en plus
nombreux. J’ai réparti des commandements entre mes premiers compagnons d’armes.
L’armée, déjà abattue par les conflits incessants avec les royaumes voisins,
nous regardait passer en priant pour que nous l’épargnions. J’ai enrôlé des
déserteurs, je me suis retrouvé à la tête d’un régiment, et surtout d’une
révolte. Des paysans nous rejoignaient, des érudits nous approuvaient. Et notre
monarque apprit à ses dépens qu’une cour d’eunuques et de femmes, et un
mouchoir parfumé forment un maigre rempart contre une insurrection. J’ai pris des villes, j’ai pris
la capitale. J’ai fait passer au sabre tout un harem de femelles et deux ou
trois bambins qui pouvaient se prétendre de sang royal. Des nobles vinrent me rendre
hommage, mettre leur sabre à mon service. Ce fut un jeu d’enfant de lancer une
guerre de conquête. Je me suis taillé un empire. J’ai noué des alliances. Ta
mère, une princesse hautaine et froide, me donna un fils et dota ma cour d’une
étiquette. Peu à peu, les complices des débuts disparurent, et je précipitai la
perte des deux restants. Je ne voulais pas de témoins de mon passage de la
forêt au trône. Les lettrés furent convoqués, avec quelques prêtres, pour me
donner une origine à la mesure de mon destin.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Puis je fus las de la guerre et m’attachai
à construire. Des ingénieurs vinrent me présenter des plans et le pays se
couvrit de routes et de ponts. Des administrateurs me proposèrent des réformes.
Je fis table rase des anciens systèmes pour me retrouver à la tête d’un pays
organisé et prospère. Il y eut quelques soubresauts, mais je me plus à être
empereur comme j’avais aimé éventrer des percepteurs. Les prisons ne sont pas
pleines. Elles ne sont pas vides non plus, et le bourreau a des loisirs. J’ai
pu étudier, moi qui avais grandi inculte. J’ai fait brûler nombre d’ouvrages
qui ne m’intéressaient pas.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
J’ai fini par devenir un vieil
homme. Je crois que mes peuples m’aimaient un peu, au-delà du culte que je leur
ai imposé. La légende dira que je suis monté aux cieux rejoindre les dieux qui
m’ont enfanté. Mais la vérité, c’est que, pendant toutes ces années, je n’ai
cessé de pleurer mon épouse, mon village et mes champs. Je suis heureux que
tout se termine enfin.<o:p></o:p></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Tu as été élevé soigneusement
pour perpétuer mon héritage. Je t’ai voulu en révolte parce que tu ne possédais
pas ce génie qui m’a élevé au trône. Tu as appris, avec du sang et des larmes,
à prendre ma suite. Je ne t’ai jamais aimé, tu n’es que la continuation de mon
autorité. Et cet empire après moi ne durera que le temps de nouvelles querelles
avec les pays voisins, d’une autre disette et d’un impôt de trop. Alors
seulement se lèvera mon digne héritier, celui qu’habite la force irrésistible
des vainqueurs. Je te laisse le pouvoir. Pas le bonheur, ni l’éternité.<o:p></o:p></div>
Marie Fontanahttp://www.blogger.com/profile/15333164916418580894noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-43407365745425394192015-08-27T22:59:00.000+02:002018-03-10T22:32:25.029+01:00Inch'Allah<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Ses paupières s’ouvrent dans le noir.
Il est l’heure, elle le sait, malgré la pesanteur de ses membres sur le
matelas. Elle s’étire pour chasser le sommeil et se lève en quelques
bruissements habitués. Elle emplit la vieille bouilloire, la pose sur le feu.
Il fait frais dans la pièce. Elle attrape ses vêtements et se dirige vers la douche,
fait demi-tour pour prendre le savon. L’eau fatiguée coule sur son corps. Elle
se frotte, longtemps, pour évacuer la couverture rêche, la nuit trop courte.
Habillée et presque prête, elle prépare son thé. Il ne sera pas assez fort,
mais elle n’a pas le temps de le laisser infuser. Elle pose le réveil à côté du
lit des enfants, pose une caresse, un million de baisers sur leurs fronts
assoupis. Puis elle se glisse dehors.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Le trottoir luit de flaques orangées
des réverbères. Elle marche vite, en serrant son manteau autour d’un frisson
las. Dans son sac, sous ses doigts, elle sent l’étui du Navigo et du badge.
Elle effleure le portillon pour qu’il la laisse passer. Le quai froid du RER
attend la tiédeur d’un wagon. Encore un voyage. Les yeux clos, elle rêve de
brises dans les palmiers, de plages brutales de soleil, de mer, de barques, de
misère. Elle sent sur son dos la chaleur imposante d’un autre rivage. Le train
ouvre devant ses pieds engourdis sa porte de métal soupirant. Elle monte,
s’assied, referme les paupières. Les enfants se lèveront-ils quand le réveil
sonnera ? Seront-ils à l’heure à l’école ? Le roulis la berce. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Elle ne compte plus les arrêts. Elle se
lève, prend son tour pour la descente, parcourt sans les voir les escaliers,
les couloirs. Une aube imprécise enroule une bise pleine de feuilles mortes
autour de ses jambes. Elle marche vite contre le vent d’automne. Elle sort le
badge, le présente au lecteur, pousse la lourde poignée. Elle prend sa blouse
dans le placard, la revêt, tire le chariot, vérifie les produits, réassortit
les chiffons, les serpillières. Elle pousse son fardeau jusqu’au monte-charge. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">D’abord l’immense cuisine, avant que
le reste du personnel arrive. Elle balaie le sol rapidement. Puis elle emplit son seau, dose le détergent,
décrasse avec un soin maniaque. C’est comme ça qu’on lui a appris. L’endroit où
on prépare la nourriture doit être propre. Elle s’applique, en admirant les
éviers et les appareils en inox rutilants, que l’équipe a briqués hier soir,
avant de finir son service. Elle est là pour les gros travaux, et à ce grand
ménage, elle s’applique. Elle passe une dernière fois pour sécher le carrelage,
vérifie que tout est bien net, ferme la porte derrière son chariot.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Un couloir. Les toilettes des
employés. Elle avance par petites étapes. Elle entend les gens arriver. Ils
s’emparent des espaces qu’elle vient de quitter. Elle sort un gros aspirateur
d’un réduit et se précipite vers la salle à manger. Elle a passé trop de temps
dans les communs, elle doit se dépêcher avant le petit déjeuner. Elle a mal au
bras droit. Elle a tout le temps mal. Elle oublie quand elle dort, mais là,
elle sent l’élancement partir de son épaule, irradier dans son coude, se
concentrer dans son poignet. Elle ignore la douleur et pose en vitesse les
chaises sur les tables, lance le manche de l’aspirateur à l’assaut des saletés.
Elle a vite fini. Elle passe rapidement un bon coup de serpillière, jette un
dernier regard sur le sol sec. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Avant le repas des pensionnaires, elle
a droit à une pause, et va prendre sa tasse de café à la cuisine. La maîtresse des lieux est une matrone moustachue et bougonne, qui lui fait penser à une de
ses tantes, Aïcha, la plus ronde. Elle boit debout, mais elle a vu, sur le
plateau, le sucrier qui déborde, un joli pot plein de lait frais, une assiette
de petits gâteaux. La grosse femme la lui désigne en silence. Elle hoche la
tête, en prend un, par politesse. Elle a faim. L’autre lui tend encore
l’assiette, puis se détourne et y ajoute une grosse pomme rose. Une belle pomme
sucrée et juteuse. Elle hoche la tête, sourit, murmure un merci et empoche le
fruit et les gâteaux.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Elle reprend son chariot et monte
faire les chambres désertes. Tout le monde est descendu prendre le petit
déjeuner. Elle s’affaire, rapide et précise, malgré son bras qui la tourmente.
Les enfants étaient-ils bien couverts ? Si-Mo a-t-il bien pris son écharpe ?
Elle peut compter sur la grande pour prendre soin des petits. Elle soupire,
grignote un gâteau entre deux portes, la main sous le menton pour rattraper les
miettes. Les draps sentent l’urine. Elle enlève les tissus tâchés, nettoie
l’alèse imperméable à grands coups d’éponge, refait le lit. Une autre pièce.
Près du sommier, un bassin empeste. Elle le prend, vide les déjections dans les
toilettes, tire la chasse. Elle désinfecte le tout, replace le bassin près du
lit.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Les pensionnaires regagnent leurs
chambres. Parfois, une aide-soignante ou une infirmière lui demande d’aider
pour la toilette. Ils sont si vieux, si fragiles. Elle admire les gestes précis
et doux des femmes en blanc. Elle écoute les instructions, elle a du mal à
comprendre, elle s’arrête pour tendre l’oreille, comme si la répétition de ces
mots étranges pouvait lui permettre de leur trouver un sens. C’est comme une
musique dans sa tête, la langue d’ici qu’elle n’a pas pris le temps
d’apprendre. Quand elle y pense, elle demande aux enfants, le soir. Quand elle
y pense et quand elle n’est pas trop épuisée pour avoir oublié ce qu’elle n’a
pas compris.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Chambres, lits, draps souillés,
bassins. Hormis la tasse de café, elle frotte depuis cinq heures. Elle a oublié
de manger la pomme. Elle la rapporte d’un air contrit à la matrone, dans la
cuisine. Celle-ci repousse le fruit dans sa poche. Un cadeau, ça ne se refuse
pas. L’intendante arrive. Tout le personnel se redresse avec un frisson. Le
regard froid inspecte les lieux, les tenues, la préparation des repas. Elle
sort. Tout est en ordre. Le travail reprend dans un soupir, que nul ne se
souvient avoir retenu. Le personnel mange juste avant les pensionnaires. La
cuisinière sert le même repas à tous. Les plats parcourent la tablée, toujours
un peu plus légers. On ne discute pas vraiment, et ça l’arrange, de toute
façon, elle n’a pas assez de vocabulaire pour participer à la conversation.
Elle mange peu, mais savoure chaque bouchée. A cause d’elle, la viande est à
part, elle n’en prend jamais. Elle n’ose pas. Et si c’était interdit ?
Elle n’a jamais rien dit. Simplement, depuis qu’elle est arrivée, c’est comme
ça. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">La pause est terminée. Elle reprend
son chariot et va nettoyer la salle à manger. Après, elle ira dans les bureaux,
et ce sera fini. L’intendante la toise à la porte de son office. Elle n’a pas
tout à fait honte de lui avoir menti, alors qu’on l’a élevée dans la plus
parfaite honnêteté. Pas tout à fait, parce qu’elle n’avait pas le choix. Elle a
fait son travail, ce travail auquel elle n’avait pas droit. Elle range son
chariot, met les chiffons souillés et les serpillières dans la machine à laver.
Elle étend une brassée de draps propres sur le fil immense qui court dans toute
la cave. Puis elle enlève sa blouse grise, prend la pomme dans sa poche et
pousse la lourde porte pour sortir dans le vent plein de feuilles mortes. Le
quai du RER sent les couloirs défraîchis et la marée humaine qui les emprunte
chaque jour. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Elle tire un peu sur son foulard, sent
le lourd chignon sous le tissu. Sa mère avait des cheveux magnifiques, noirs
comme une nuit de printemps. Elle se souvient de sa silhouette, de son rire, de
ses comptines. Guère plus. Elle se souvient du ventre distendu et du bébé mort
avec sa mère. Elle pense à ses enfants à elle, à ses quatre trésors vivants, à
leurs boucles tièdes dans son cou, à leur babillages, à leur enfance, loin, si
loin des brises dans les palmiers, des plages brutales de soleil, de la mer,
des barques, pas assez loin de la misère. Le trajet du retour s’étire sur son
bras douloureux. Demain, ça fera encore plus mal. Il faudrait qu’elle ménage ce
membre qui la tourmente. Elle ferme les yeux sur le roulis du train, sur la
tiédeur moite du wagon griffé de trainées humides. Il pleut.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Elle remonte vers chez elle. Il n’y a
pas de relief entre la gare et son immeuble, mais la rue semble toujours en
pente sous ses pieds. Elle pousse la porte et les remugles de l’escalier
l’assaillent. Dans l’ascenseur, elle ferme encore les yeux. Les enfants ne vont
pas tarder à rentrer. Encore une journée, morte comme la veille. Elle ouvre.
Elle a les yeux brillants. Une ombre dans la pièce à vivre. Le canapé où elle
dort est replié. Il est levé. Il l’enlace, ôte le foulard, défait le chignon,
glisse ses doigts dans ses cheveux. Elle
se laisse aller contre sa poitrine, un sanglot au bord des lèvres. Jusqu’à
quand ? Elle ravale sa peine, elle ne veut pas que les enfants la voient
pleurer. Il pose un baiser sur son front et la laisse aller. Elle rattache ses
cheveux d’un geste machinal, accroche un sourire à sa bouche pour accueillir la
joyeuse cavalcade de retour de l’école. Bouchra pousse sa petite sœur devant
elle. Si-Mohamed a l’air boudeur. Hakim manque de tomber sur un cartable jeté
près de la porte. Ils l’embrassent, parlent tous en même temps. Leur père
fronce les sourcils, elle lève une main, indique la salle de bain. Ils se ruent
pour se laver les mains. Puis elle sort la pomme rose et juteuse, énorme. Elle
la coupe en quatre et distribue un quartier à chacun. Ils rient et poussent des
cris de joie. Elle les gronde pour qu’ils savourent le fruit.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Alors elle s’assoit près de lui sur le
canapé. Et elle soupire. Jusqu’à quand ? Il prend son menton découragé, le
redresse et lui montre le dossier, l’énorme dossier.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraph" style="text-align: justify; text-indent: -18pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Courage,
cette fois, ça va marcher. Je te promets que nous aurons le droit de rester,
d’être ici, sans nous cacher.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Elle regarde la grosse pile qu’elle ne
sait pas lire. Inch’Allah, cette fois, on leur donnera des papiers.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
Marie Fontanahttp://www.blogger.com/profile/15333164916418580894noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-56910159577250509062014-09-30T23:17:00.002+02:002017-10-15T17:16:28.324+02:00Introspection<div class="MsoListParagraphCxSpFirst" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Voilà,
encore une fois, j’ai tout gâché. C’est
con, je savais, je savais avant de les prononcer que ces mots-là n’étaient pas
les bons. Mais je les ai dits. Comme si je plantais moi-même ce poignard dans
mon ventre, comme si je le retournais, pour voir si ça fait vraiment mal.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Allons,
cette </span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=XC3ahd6Di3M"><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">histoire</span></a><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";"> était mal engagée, c’était couru
d’avance, ce gâchis.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">C’est
moi qui ai tout gâché.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Ça
te plait, de t’apitoyer ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Non,
mais je sais reconnaitre mes responsabilités.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Ben
voyons. Ce n’était pas possible, je le sais bien.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">J’aurais
pu agir autrement, je le sais aussi.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Et
te trahir ? Elle ne t’aurait pas aimé si tu étais devenu un autre. C’est
toi, fidèle à ce que tu es, qu’elle aimait.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">M’a-t-elle
seulement aimé ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Bien
sûr. C’est pour ça que ça fait mal. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">J’aurais
voulu m’écraser, pour une fois. Ça aurait tout sauvé.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Non.
Elle ne serait pas restée avec une larve. Pas un homme, mais un pauvre clébard,
agitant la queue en espérant un pardon ? Elle ne t’aurait pas jeté un
regard. C’est son amour que tu voulais, pas sa pitié.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Peut-être.
J’aurais pu être généreux. Je n’ai pas su, pas pu.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">De
la générosité ? Tu crois ça ? De la connerie, oui, et en couche
épaisse. C’était foutu d’avance, je te dis.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Décidément,
je ne sais pas vivre une belle histoire.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Tu
ne sais pas les vivre, ou tu as choisi de ne pas les faire durer ? <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Je
ne sais pas faire durer ces histoires. Il arrive toujours un moment où j’ai
besoin de tout ruiner.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">C’est
un bon résumé d’ensemble. Et en même temps, y avait-il une autre
solution ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Il
y a toujours une porte de sortie.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Mais
elle n’est pas toujours acceptable. C’est un peu facile, je trouve, ta
tragi-comédie. Oh pas assez de passion pour mériter un drame, mais juste assez
pour provoquer un beau gâchis et en souffrir. Tu es bien dans le rôle du héros
torturé, je trouve. Comme si tu étais le seul acteur de cette histoire, que les
autres n’avaient pas leu libre arbitre, qu’ils ne pouvaient pas décider que
c’est fini. Elle avait peut-être, sans
doute, sûrement, envie de </span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=XmSdTa9kaiQ"><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">s’échapper</span></a><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">
de cette histoire.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">On
peut tout sacrifier quand on aime vraiment.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Oui,
et se trahir.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Ou
aller jusqu’au fond du fond, et tirer de soi les ultimes ressources d’</span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=Yi52HjJbwVQ"><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">aimer sans raison</span></a><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";"> et sans contrepartie, ne rien attendre, et s’offrir aux
flammes de cette ordalie, traverser les braises et renaitre encore, s’oublier
et devenir tout entier sa seule passion.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><a href="https://www.youtube.com/watch?v=5PC68rEfF-o"><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Le vin</span></a><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">
t’est monté à la tête, et tu es descendu bien bas.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Pourquoi
pas ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Parce
que tu n’es pas Tristan, et elle pas Brunehilde. Bon, je me mélange un peu,
mais c’est l’idée. On n’aime pas seul. Vous étiez sur le bord de l’abîme, en
permanence, sur un fil fragile et elle s’est lassée de ce vertige. Est-ce si
difficile à reconnaître, que tu n’étais pas le seul à décider ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Il
faut être deux pour construire, mais c’est vrai, il n’en faut qu’un seul pour
démolir.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Et
tu serais le seul ? Tu tiens les rênes et tu maitrises tout ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Non,
la preuve. Mais c’est moi qui ai précipité la fin.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Ce
n’est pas fini. Tu peux ramasser les lambeaux de ton ego et tout </span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=CfihYWRWRTQ"><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">retenter</span></a><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Je
ne peux pas ravaler les mots que j’ai dits. Je ne lui voulais que du bien, je
voulais l’entourer, la protéger, la rendre heureuse. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Dans
la ouate ? <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">J’ai
prononcé des mots durs, des mots blessants, des mots sans retour.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Oui,
c’était grandiose. Mais si les murs se sont écroulés si vite, c’est que les
fondations n’étaient pas bien solides. Tu as bâti ton bonheur sur du sable et
la première marée l’a emporté.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">C’était
une belle plage.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Où
la mer, sans cesse, a brisé ses tempêtes.
Une belle plage, exposée à la fureur des éléments. Comme un petit
garçon, tu as sorti ta pelle et ton seau et tu lui as offert un château de
sable. Une tente parait plus durable. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Tout
ce que nous avons </span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=1G4isv_Fylg"><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">partagé</span></a><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">…<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">A
été emporté par la brise et les vagues. On peut regarder le soleil se lever sur
la plage, ou à la rigueur s’y coucher, selon l’orientation. On ne peut pas </span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=XC3ahd6Di3M"><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">y habiter</span></a><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">.
Il ne te reste que des souvenirs amers, qui vont t’empoisonner la vie un petit
peu, assez de remords pour te donner encore un peu plus envie de te calfeutrer,
assez de regrets pour en baver des mois, et la perspective de chercher, encore
une fois, celle qui te touchera assez pour te faire sortir de ta carapace. Et
tu la voudras libre, dans une belle illusion, avec la détestable tentation de
tirer encore une fois les fils, d’orienter vos vies, de t’attribuer le mérite
de vos joies et la responsabilité de vos chagrins.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Tu
divagues. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Tu
aimeras, encore, bien sûr, il n’y a pas encore assez d’indifférence en toi pour
ne pas tomber dans un sourire.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">J’ai
peur d’avoir mal.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">C’est
que tu es vivant. L’amour, ça fait mal. Toujours. Jusqu’au fond de l’âme.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">J’ai
</span><a href="http://www.youtube.com/watch?v=hH_j_GjNKaY"><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">mal</span></a><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">C’est
que tu es encore plus vivant. D’échec en
échec, tu t’abandonnes moins.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Je
suis prudent.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">L’amour
ne l’est pas : il est </span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=12d-5Azr6PI"><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">aveugle</span></a><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">,
il ne sait pas où il va, et il accepte de se cogner, de rencontrer un obstacle
et de s’y blesser.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Tu
deviens sentimental, tu m’emmerdes.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoListParagraphCxSpLast" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: "times new roman"; font-size: 7pt;">
</span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">C’est
déjà ça. <o:p></o:p></span></div>
Marie Fontanahttp://www.blogger.com/profile/15333164916418580894noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-23259434649202995462014-03-03T00:30:00.001+01:002017-12-19T13:05:44.853+01:00Offrande<div class="MsoNormal">
Offerte, ouverte, sans dessus ni dessous, entortillée de
nylon et de dentelles, impudique et rauque, chienne et chatte, grattant les
draps, suspendue au fil de coton, dernier rempart avant l’abîme, dernière
coquetterie, dernière pudeur.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Offerte et abandonnée, en toute inconscience et en toute
confiance, éhontée et bue, dévorée et dissolue, dissoute, bonbon dans ta
salive.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Offerte, à tes mains frissonnantes, tes doigts ensorceleurs,
ta langue torturante, tes jambes clouées aux miennes, ton sexe délicieusement
envahissant.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Offerte à ta peau la plus douce, au cœur de ton plaisir, aux
explorations avides de tes tressaillements, au goût de ton désir érigé entre nous, à
ta couronne et à ta gloire, à ton gland parcouru de voluptés, à la merveilleuse
langueur de ta longueur, paresseuse et avide, jusqu’à
tes spasmes dont tu me refuses l’aliment.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Offerte et renouvelée dans la nuit où nous sombrons, dans
les petits matins émergents.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
Ceci dit, je sais que je ne suis pas un cadeau.<o:p></o:p></div>
Marie Fontanahttp://www.blogger.com/profile/15333164916418580894noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-9974861769159699292014-02-09T21:06:00.000+01:002017-12-19T13:03:27.394+01:00Voies de fait<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Venez comme
vous avez envie.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Quand tu peux, quand tu ne dois plus rien à personne, qu'à moi</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Déshabillez-vous
entièrement sitôt mon seuil franchi, envahissez ma bouche d’un baiser au goût
de chocolat, d’un méli-mélo de langues mentholé.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Venez en
voiture, en passant, faites une halte, ou un trajet de plusieurs heures pour me
rejoindre. Prenez le train et attendez moi à la gare, je viendrai vous prendre.
Oui, vous prendre, frigorifié par la bise d’hiver, trempé d’une averse
printanière.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Laisse-moi
humer ton odeur de propre et de cuir, les fragrances de ton parfum qui flottent
entre nous comme un regret.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Posez-vous
d’une fesse sur mon canapé, peu convaincu par mon hospitalité, installez-vous
au fond des coussins, amusez-vous de me voir tourner dans le salon, allumer et
entretenir le feu dans la cheminée. Prenez le verre que je vous tends et
gardez-le en main, attendez que je vous rejoigne pour tremper vos lèvres. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Chipotez dans
la nourriture que j’ai posée devant vous, servez-vous par politesse,
complimentez-moi sur ma tambouille, ou retenez une grimace.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Abandonnez
une main près de la mienne, espérant que je la prenne, regardez-moi, je me suis
faite belle pour vous, ou, surprise par cette visite, je traîne et je n’espère
que ta main se refermant sur un sein. Je ne porte pas plus de dessous que de
pudeur.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Distrayez-moi,
conversez avec moi, donnez-moi de vos nouvelles, parlez-moi de tout, de rien.
Je vous écoute, je guette un sourire sur ton visage, un pauvre sourire, un
malheureux sourire, et je me noie de désir entre tes paupières. Je suis neuve
de tous ces « vous » que je ne vois pas, que je ne vois plus. Mais
combien de temps être aveugle et sourde ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Tourne
fréquemment le regard vers la porte, vers l’escalier qui mène au terrain de nos
jeux, ou, dédaignant le lit où je rêve et je ne m’en souviens pas, ouvre mes
cuisses impatientes à tes caresses. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , sans-serif;">Plonge tes
yeux dans la vallée de mon décolleté, envisage la tendre joie de ces lourdes
collines jumelles, retiens ton souffle, expire, effleure mes épaules, ose
prendre ma bouche. Envisage toutes les voluptés de mes membres, la douceur de
ma peau et la délicatesse de mes doigts glacés sur tes plus tendres morceaux. Contemple
ma nuque, elle se perd sous les baisers que tu ne m’as pas encore donnés. Fais
ployer mes flancs sous une pluie de papillons. Écartèle-moi du bout de ta
langue.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";"><br /></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Offre-moi ta
nudité crue et rends-toi à l’évidence de nos épidermes. Accepte mes mains sur toi,
je te fais cadeau de mes naufrages. Et échouée sur la grève de nos trop rares
emmêlements, retourne à ton existence où je n’existe pas. <o:p></o:p></span></div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/04278824055610235335noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-83057203181864069602013-12-05T23:46:00.002+01:002017-12-19T13:05:11.196+01:00Vue sur le Bosphore<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Je vous ai vu
nu.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Je suis
passée sans transition de cette situation banale, un verre pris dans un café,
une conversation enjouée, à vous, nu. Nu et deux fois debout, deux fois tendu
vers un ciel entrevu, le septième forcément.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Vous n’avez
pas remarqué mon silence, mais peut-être mes yeux devenus rêveurs, et leur
fuite en imagination. J’ai effleuré vos cheveux, je me suis emparée de leurs
boucles et j’y ai entortillé mes doigts. Votre visage s’est relâché, un soupir
est passé sur vos traits, une attente. Mon regard s’est perdu dans la rue
passante, sans percevoir les gens crachés par la bouche de métro.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Je vous ai vu
nu. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Souriant et
déjà triomphant, un peu étonné de vous trouver dans cette chambre que je ne connais pas. Je
vous ai contemplé à loisir, puisque vous m’apparteniez comme le reflet d’un
songe. Je vous ai voulu là, dépouillé de vos artifices. Votre peau avait des
tons de vieil albâtre, et il n’était pas de plus vivant que vous. J’ai apprécié
la chute de votre dos vers vos fesses, la vigueur de vos jambes, le décroché de
vos hanches, la poitrine discrètement renflée, votre sexe dressé vers un
horizon plus élevé. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Je vous ai vu
nu.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Et puis je
suis revenue à notre conversation. Vous parliez de vos voyages. J’ai des envies
de croissant sur le Bosphore.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";"><br /></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "arial" , "sans-serif";">Et de vous,
nu.<o:p></o:p></span></div>
Marie Fontanahttp://www.blogger.com/profile/15333164916418580894noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-86619765927168489822013-10-16T23:46:00.000+02:002013-10-25T22:12:40.422+02:00Tirésias<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Un
froissement a déchiré les lambeaux de mon sommeil. Il fait bon et doux sous la
couette. Le réveil me désoriente, il me faut un moment pour regagner le monde
des vivants. Dans la blême lueur de ce matin d’automne mon corps me parait lourd
et tendu. Je referme les yeux pour dissiper les derniers voiles de mes rêves.
Un glissement se produit à mes côtés. Le chat, déjà, venu réclamer sa
pitance ? Une main vient se poser sur ma cuisse. Les doigts sont
légers et ma jambe semble pesante, et
terriblement poilue. Il y a une femme, plutôt jeune, dans le lit. Je ne me
souviens pas d’elle, mais elle partage la même tiédeur paresseuse et son geste
indique entre nous une intimité.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Je reprends
lentement conscience de mon corps, je me réintègre. L’inconnue me caresse. Elle
a des cheveux blonds mi-long étalés sur l’oreiller, je ne vois pas son visage.
Elle progresse vers mon aine et s’empare d’une belle érection matinale. Il faut
croire que nous nous connaissons assez bien. Mes tétons se durcissent à me faire
mal. La diablesse enveloppe mon gland, le titille avec douceur. Je pose une
main sur une hanche délicate. Il y a des rondeurs bien appétissantes par
là-bas. J’approche ma bouche de la courbe de son épaule et je dépose un baiser
mordillant près de son cou. Un soupir répond à l’invite, sa main s’empare de ma
queue. Ah, c’est bon ! je vais à la rencontre d’une toison soigneusement
élaguée. Sa cuisse s’écarte un peu pour me livrer un passage, et je pars en
expédition dans de sensibles moiteurs. Elle enveloppe mon sexe de
va-et-vient languissants. Je parcours avec tendresse des lèvres humides, un
clitoris qui semble, lui, bien réveillé, petit bouton tout dur sous la pulpe
prudente de mes doigts. J’entends un souffle plus long échapper de ma voisine.
Apparemment, elle aime. Sans cesser mes cajoleries, je captive un sein, et je
prends un téton dans la bouche. Elle n’a toujours pas tourné la tête, mais son
souffle s’accélère, s’approfondit encore. Mon index se faufile dans son vagin,
mon pouce effleure toujours son clitoris. Majeur vient rejoindre son frère
et nous patinons dans la cyprine. Elle est dans de bonnes dispositions, ma
compagne anonyme. Qu’à cela ne tienne, je le suis aussi. J’échappe à sa main
diabolique et je plonge une langue triomphante où j’ai mis mon pouce. Elle
gémit. Je goûte à la douceur de ses lèvres, texture souple, parfum animal et
salé. Il me semble que mes papilles se hérissent, que ma langue devient un peu
râpeuse, un peu sauvage, envahissante. Je décris des huit à l’intérieur de sa chatte,
je picore son petit bouton, je le prends dans ma bouche pour l’agacer de plus
près. Un tremblotement dans ses jambes m’annonce un orgasme, et la belle
s’abandonne dans un halètement. J’ai plus que jamais la gaule, mon envie de
pisser ravalée au rang des détails futiles. Je pose un baiser barbouillé de
mouille sur son nombril, elle rit doucement. Elle a l’air heureux, maintenant
que je peux voir son minois. Des yeux noirs ou marron très foncés, un visage
clair, ouvert, de jolis plis au coin du regard, près de la bouche. Elle rigole
plus souvent qu’elle ne fait la moue. Elle a une délicieuse fossette, une
seule, en bas de la joue droite.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;">Elle se
redresse, m’allonge, et enjambe ma tête. Elle a visiblement envie que je
recommence. Je replace mes deux doigts dans son vagin, ma langue revient se
poser sur son clitoris. Mon pouce vient toquer à son petit trou. D’un
grognement, elle approuve. Bien, on va être très amis tous les deux. Sa bouche
enserre mon gland et glisse ma queue vers sa glotte. Le velours humide de son
palais et de ses joues coulisse le long de ma queue, elle musarde, me ressort,
lèche lentement la longueur de mon sexe, s’attarde sur la couronne de mon
gland, promène une langue espiègle sur mon bout. En même temps, elle écartèle
des lèvres dégoulinantes au-dessus des miennes, elle se cambre sur mon doigt
coulé dans son anus. A mesure que ma gloutonnerie gagne son petit intérieur,
elle m’engloutit, me gobe, elle s’aide de la main, écarte les doigts pour m’avaler
plus profond. Ah, sorcière ! c’est que tu sais donner du bonheur, toi. J’ai
d’autres prétentions. Mes deux mains sur ses cuisses donnent le signal de la
relève. Docile, elle pivote et vient empaler son ventre gourmand sur ma queue.
Danse, enchanteuse inconnue, danse mon désir et le tien. Je sens le fourreau de
tes muqueuses accueillantes s’écarter sur mon sexe planté dans ton corps,
prends-moi entier, cueille-moi dans les profondeurs embrouillées de ta
fiévreuse cavité. Sens comme nous nous emboîtons bien. Serre tes muscles,
retiens-moi et laisse-moi glisser comme à regret pour me saisir à nouveau, m’absorber
encore, encore, encore. Et tandis que je m’abîme, tu sombres dans les cieux.
Combien y en a-t-il déjà ? Sept ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">L’orgasme la
saisit et étrangle mon sexe. Je sens le goulet d’un spasme enserrer mon abdomen.
Pas maintenant, ensorceleuse, pas maintenant. Elle glisse pantelante, dans les
crispations de son acmé. Elle me libère et gît, soufflet d’une forge encore
brûlante. Je caresse son visage émerveillé. En quelques souffles, elle se
redresse, s’agenouille et me présente une croupe rebondie. Ah, diablesse,
visiter à nouveau tes moiteurs ! Je m’enfonce à délices dans son sexe
ouvert. Mon pouce vient agacer sa petite porte d’entrée. Je veux ton
étroitesse et ses constrictions, je veux ton cul, démone. La tête sur le
matelas, elle plaque deux mains décidées sur ses fesses, les écarte. L’invitation
est claire. Je place mon gland inassouvi contre son anneau brun et je m’introduis
lentement. Elle pousse un long soupir et tend un peu plus son cul résolu vers
ma queue. Ah l’étreinte incomparable de ton cul ! Les affres de ton
plaisir suspendu au risque de la douleur, la détresse de ton ventre envahi et
offert. Je goûte ton souci jusqu’à la lie, je plaide pour nos voluptés communes
à grands coups de reins. Prends et donne sur le fil de ton désarroi. Et du
tréfonds de mes couilles à la transe de mes muscles bandés, je sens monter une
crue furieuse. Mon ventre lutte et se soumet, je glisse et je me cramponne à
tes rondeurs impatientes, et j’explose dans le sanglot de tes dernières
convulsions. Aveugle, sourd, insensible, tout entier résumé à mon bout de chair
gorgé de sang et de sperme, planté dans tes humeurs goulues, je me suspends à
ces quelques secondes de plaisir et je perds pied, tête et raison.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Je me
réveille au son languissant de la radio. A mes côtés, des cheveux blonds s’étalent
sur un oreiller. Deux yeux presque noirs et un sein matinal me contemplent en
souriant. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpFirst" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
-- <span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Tu
as bien dormi ? Tu t’agitais beaucoup.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpFirst" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: 'Times New Roman'; font-size: 7pt;">-- </span><!--[endif]--><span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Un
rêve. Tu sais quoi ? Tirésias a menti.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-family: 'Times New Roman'; font-size: 7pt;">- </span><!--[endif]--><span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Drôle
de réflexion au réveil, de quoi parles-tu ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
--<span style="font-family: 'Times New Roman'; font-size: 7pt;"> </span><!--[endif]--><span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Tirésias,
le devin, fut changé en femme pour sept ans, sa punition pour avoir séparé deux
serpents qui s’accouplaient. A l’issue de son châtiment, il fut appelé à
arbitrer une querelle entre Zeus et Héra. L’un prétendait que les femmes tirent
plus de plaisir de l’acte charnel, l’autre que ce sont les hommes. Tirésias
avait fait l’expérience des deux, on lui demanda donc son avis. Il répondit que
ce sont les hommes. Il flattait Zeus, tout en donnant raison à Héra.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
--<span style="font-family: 'Times New Roman'; font-size: 7pt;"> </span><!--[endif]--><span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Pourquoi
me racontes-tu ça, de bon matin ?</span></div>
<br />
<div class="MsoListParagraphCxSpLast" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
--<span style="font-family: 'Times New Roman'; font-size: 7pt;"> </span><!--[endif]--><span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Parce
qu’il a menti. J’en suis sûre maintenant.<o:p></o:p></span></div>
Marie Fontanahttp://www.blogger.com/profile/15333164916418580894noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-66619724304580831912013-08-27T22:37:00.000+02:002014-01-08T22:44:22.222+01:00Ceci n'est pas une pipe<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Nous nous
sommes donné rendez-vous au paradis des voyeurs, près du Parc Floral. Sans un
mot, tu es monté dans ma voiture, à l’arrière. Je t’ai rejoint sur la
banquette. Tu ne m’embrasses pas, je ne sais pas pourquoi, avec toi, ça ne me
dit trop rien. J’ai laissé un peu de musique pour l’ambiance. Je bataille avec
la boucle de ta ceinture, tu attends, bras ballants. Un déclic. Sésame… Ouvrir
ta braguette n’est qu’une formalité. Je glisse à genoux devant toi. L’espace
est exigu, j’ai le nez dans ton sexe à peine bandé. Tu souris d’anticipation et
je plonge sur ta queue. Un peu flasque, elle entre sans peine dans ma bouche.
Je joue de la langue avec cette chair soyeuse, je la sens gonfler sur mes
papilles. Elle m’échappe presque. Je la sors pour la prendre à deux mains,
luisante, rose, rouge. Je lape à petits coups le gland, la couronne rebondie
qui l’unit à ta hampe. Je m’attarde sur la peau plus rugueuse, je teste les
textures. Tu bascules la tête en arrière, ça a l’air bien. Je continue mon
exploration. Je te goûte, je te hume, je te déguste. Mes doigts glissent en
rythme sur ta belle longueur à présent déployée. Ils s’ouvrent pour laisser
passer ma langue qui t’environne, t’enveloppe. Je te gobe presque entier et je
te fais glisser entre mes lèvres, je te reprends, je te délaisse. Ma main
gauche flatte tes roustons, la droite revient enserrer la base de ton sexe. Je
presse, tu aimes ça. Tu as les yeux fermés. Un mouvement à la fenêtre m’indique
que nous avons de la compagnie. Aussi fidèle que si nous l’avions invité. Nos
regards se croisent. Il est plutôt beau, il a l’air paumé, égaré. Un hochement
de tête, je ne vais pas vérifier qu’il bande, c’est sûr.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Je reviens à
nos affaires. Ma bouche court le long de ta bite enflée. C’est bon, ça sent
l’homme, le savon et la salive. Je joue avec ton gland, à petits coups de langue
encore, et l’épreuve de mes dents. Oh je ne te ferai pas de mal, mais tu sais
qu’elles sont là, tout contre la partie sensible et si charnue de ton anatomie.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Mes
doigts ont repris leur ouvrage sur tes boules. Je les fais rouler, je les tâte,
je les tiens au chaud. Mes lèvres coulissent sur ta queue, ma main dégouline de
bave. Tout ça bouge ensemble et je sens que tu t’abandonnes un peu plus. Je
fais durer le plaisir. Je connais la cadence qui te fera jouir. Tu effleures
mes cheveux. Je n’aime pas ces gestes de tendresse. Je n’ai pas envie de
partager ça avec toi. Je ne sens plus rien, tu as compris sans que je te
rappelle à l’ordre. Tout ce que je te demande est dans ma bouche. Une belle
gaule à sucer. Je prends mon temps, tu ne m’en voudras pas. Le voyeur se
caresse, je l’ai aperçu en relevant la tête. Ça m’excite. Je l’ignore. Nous
sommes dedans, et lui dehors. Je me remets à ma besogne. Et si je n’avais pas
les joues si pleines de ton sexe, je sourirais. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Tu
ahanes doucement à mesure que mes va et vient se font plus soutenus. Mes doigts
te serrent toujours, font un rempart précaire à ton sang que je sens
s’accumuler sous leur pulpe. Je ralentis le rythme. Quelques allers et retours,
bouche ouverte, font redescendre la pression. Mes mains te branlent lentement,
très lentement tandis que mes lèvres happent un de tes testicules, je lèche et
je pourlèche, j’attrape l’autre. C’est compliqué, j’ai la bouche envahie par
tes roustons, le nez coincé dans ta bite où mes doigts s’activent. Tu grognes,
plaisir et frustration, impatience. Tu as peur de prendre froid ?
J’abandonne tes boules, je lève la tête et je croise ton regard. Et mes yeux ne
quittent pas les tiens quand je te remets en place. Ton gland butte contre ma
glotte. J’aime cette sensation d’étouffer, de suffoquer. Je sais que ta queue
se sent à l’étroit dans ma gorge serrée par réflexe. Mes mains se font un passage
sous tes fesses, j’aime t’agripper comme ça, m’arrimer, te tenir. Ma bouche
descend, remonte, mollement. Je resserre un peu les mâchoires, ma langue en
appui sur ta peau tendue, mes lèvres serrées t’englobent, te gobent. Je te
pompe de plus en plus vite, sous mes doigts je sens le flux monter et j’accueille
avidement ton sperme et tes spasmes. Je reste là une minute, ton sexe flasque
entre mes joues, ton jus qui coule sur mon menton. Lingettes de débarbouillage,
toilette soignée et sommaire. Bonne soirée. Tu descends de voiture, je te
demande de laisser la portière ouverte. Je me rince la bouche, je crache, je bois
longuement. Jamais pu avaler, ton sperme salé et sucré est lourd, amer.<o:p></o:p></span><br />
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><br /></span>
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">ça continue<a href="http://textesepars.blogspot.fr/2013/08/ceci-nest-pas-une-pipe-suite-1.html"> comme ça</a></span><br />
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><br /></span>
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">ou <a href="http://textesepars.blogspot.fr/2013/08/ceci-nest-pas-une-pipe-suite-2.html">comme ça</a> ?</span></div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/04278824055610235335noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-613486613808893460.post-45515086401312331592013-08-27T22:36:00.000+02:002013-08-28T20:52:18.482+02:00Ceci n'est pas une pipe (suite 1)<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Le joli
voyeur est toujours là, il a la main sur son entrejambe gonflée. Je lui souris, lui fais signe. Il a toujours l’air
un peu paumé, et là, il est surpris. Quelques pas, il se rapproche. Je lui
tiens la portière pour qu’il monte. Je me demande quelle voix il a. J’aimerais
qu’il ait la voix basse, sourde, profonde. Les timbres aigus m’écorchent les
oreilles. L’anti-flirt. Nous n’en sommes plus là. Il est assis dans la voiture.
Je ferme la porte, je verrouille la voiture. Ça fait longtemps que j’en ai envie.
Il ne dit rien, c’est dommage. Il avance la main vers mes jambes, il lève la jupe. Il pousse un soupir en voyant les bas, les jarretières. Quand c’est
noir, ce sont des bas, je n’ai pas de collant noir. Il a un mouvement
enveloppant très doux pour caresser mes cuisses, le dessus et le dedans. C’est
bon et c’est tiède. Il se penche en avant pour déposer de petits baisers entre
le cou et l’épaule, là où la peau est fine. J’ai la chair de poule. Je ne le
touche pas, je le regarde. Il a les cheveux un peu clairsemés, les yeux égayés
au coin de plis nés de sourires. Il baisse la tête vers mon décolleté, il
mordille le bout de mes seins à travers l’étoffe. Ils sont tellement tendus
qu’ils me font presque mal. Sa main remonte le long de ma peau, pas trop vite.
C’est bien, il n’est pas pressé. Moi non plus. Ses doigts déboutonnent mon
chemisier blanc, les autres progressent lentement vers ma culotte. Un geste et
un de mes tétons, libéré de sa frêle cage de dentelle, est entre ses lèvres,
entre ses dents. Il découvre l’autre, le titille, enroule son majeur autour.
Pas de jaloux, sa langue, son doigt, mes deux seins occupés, et je chavire.<o:p></o:p></span><br />
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Je sens ma
culotte s’écarter, une caresse sur mon aine, sur mon pubis. Travail d’approche
au bord de mon sexe humide. Maintenant, j’ai envie qu’il se dépêche, je suis
noyée de mouille, là en bas. Il prend son temps, besogne ma poitrine. Enfin, un
pouce se fraie un passage. Je l’aide, et je mets à bas l’obstacle devenu
importun, le slip va valser à l’avant. La jupe relevée, les cuisses ouvertes,
je me cambre, il accepte l’invite et glisse au sol pour plonger la tête entre
mes jambes. De longs coups sur mes lèvres m’écartèlent un peu plus. Je pose un
pied sur le dossier du siège passager. Je tends ma chatte trempée à ses coups de
langue. Il explore, s’aventure, se glisse à l’entrée de mon vagin, remonte vers
mon clitoris. Ah ! Que c’est bon ! Continue… Ses lèvres se referment
sur mon bouton, il suce, s’acharne, je suis près de jouir. Déjà ? Déjà.<o:p></o:p></span><br />
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Il a dû
sentir les tremblements gagner mes jambes. Il lève la tête et me sourit. Son
visage s’éclaircit, il est vraiment beau, là, avec la bouche barbouillée de
cyprine et son regard doux et brun. Des fleurs brunes, ses iris. Il y a une
exquise tendresse sur sa figure. Il ferme les paupières et retourne à son bel
œuvre. Il me lèche, il me triture, il me mâchonne. Je geins et je grogne quand
il relâche son rythme. J’ai envie de jouir, de jaillir maintenant. Il me met au
supplice, s’applique et ralentit, me maintient au bord du plaisir, m’en
rapproche encore. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Mon pied
droit est parti à la rencontre de sa braguette. J’arrondis les orteils autour
de sa somptueuse bosse. Il faudra en faire quelque chose, de cette gaule. Je
mène mes va et vient à son rythme paresseux dans mon sexe. Enfin ses lèvres se
referment à nouveau sur mon clitoris, le bout de sa langue vient me torturer
divinement, je flageole de tous mes membres. Il me tête et m’achève.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "Arial","sans-serif";">Quelques
derniers coups de langue pour recueillir mes derniers spasmes. Il dit : « tu
reviendras ? » Avec plaisir. Il a la voix profonde comme une grotte
préhistorique.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/04278824055610235335noreply@blogger.com2