dimanche 9 février 2014

Voies de fait

Venez comme vous avez envie.

Quand tu peux, quand tu ne dois plus rien à personne, qu'à moi

Déshabillez-vous entièrement sitôt mon seuil franchi, envahissez ma bouche d’un baiser au goût de chocolat, d’un méli-mélo de langues mentholé.

Venez en voiture, en passant, faites une halte, ou un trajet de plusieurs heures pour me rejoindre. Prenez le train et attendez moi à la gare, je viendrai vous prendre. Oui, vous prendre, frigorifié par la bise d’hiver, trempé d’une averse printanière.

Laisse-moi humer ton odeur de propre et de cuir, les fragrances de ton parfum qui flottent entre nous comme un regret.

Posez-vous d’une fesse sur mon canapé, peu convaincu par mon hospitalité, installez-vous au fond des coussins, amusez-vous de me voir tourner dans le salon, allumer et entretenir le feu dans la cheminée. Prenez le verre que je vous tends et gardez-le en main, attendez que je vous rejoigne pour tremper vos lèvres.

Chipotez dans la nourriture que j’ai posée devant vous, servez-vous par politesse, complimentez-moi sur ma tambouille, ou retenez une grimace.

Abandonnez une main près de la mienne, espérant que je la prenne, regardez-moi, je me suis faite belle pour vous, ou, surprise par cette visite, je traîne et je n’espère que ta main se refermant sur un sein. Je ne porte pas plus de dessous que de pudeur.

Distrayez-moi, conversez avec moi, donnez-moi de vos nouvelles, parlez-moi de tout, de rien. Je vous écoute, je guette un sourire sur ton visage, un pauvre sourire, un malheureux sourire, et je me noie de désir entre tes paupières. Je suis neuve de tous ces « vous » que je ne vois pas, que je ne vois plus. Mais combien de temps être aveugle et sourde ?

Tourne fréquemment le regard vers la porte, vers l’escalier qui mène au terrain de nos jeux, ou, dédaignant le lit où je rêve et je ne m’en souviens pas, ouvre mes cuisses impatientes à tes caresses.

Plonge tes yeux dans la vallée de mon décolleté, envisage la tendre joie de ces lourdes collines jumelles, retiens ton souffle, expire, effleure mes épaules, ose prendre ma bouche. Envisage toutes les voluptés de mes membres, la douceur de ma peau et la délicatesse de mes doigts glacés sur tes plus tendres morceaux. Contemple ma nuque, elle se perd sous les baisers que tu ne m’as pas encore donnés. Fais ployer mes flancs sous une pluie de papillons. Écartèle-moi du bout de ta langue.


Offre-moi ta nudité crue et rends-toi à l’évidence de nos épidermes. Accepte mes mains sur toi, je te fais cadeau de mes naufrages. Et échouée sur la grève de nos trop rares emmêlements, retourne à ton existence où je n’existe pas. 

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