vendredi 7 juin 2013

Pauvre type (2)

Je suis seul depuis des heures. Les flics m’ont embarqué au petit matin. Ils ont pris ma ceinture et mes lacets, mon portefeuille, et ils m’ont mis là. Ils ne m’ont rien demandé, et j’entends les bruits du commissariat tourner dans mes oreilles. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Enfin si, je sais, je voulais lui faire mal. Cette fille qui ne m’a même pas regardé, qui a refusé mon invitation voir. Elle était un peu trop jolie pour moi. Elle n’a pas tourné les yeux vers moi, elle m’a repoussé sans me voir. Je voulais qu’elle me voie, qu’elle me remarque. Les autres étaient déjà occupés à ramasser des filles, vite, avant qu’il ne reste que les plus moches, esseulées. Et moi je la voulais tellement, celle-là, trop jolie pour moi.

Alors quand je l’ai vue arriver vers ma voiture, je me suis dit qu’elle allait être obligée de me voir, qu’elle se souviendrait de moi. Je n’ai pas réfléchi, elle avançait dans ma direction, j’ai eu envie de la prendre, de la ravir à son indifférence. Je ne me souviens pas de tout. Je suis sorti, je l’ai plaquée contre le capot. En quelques secondes, j’étais entre ses cuisses, dans son ventre. Et Dieu que c’était doux ! C’était tellement bon, je ne savais pas que c’était comme ça. Elle ne disait rien, elle ne me regardait pas. Le plaisir est monté sans prévenir, j’ai fermé les yeux. J’ai essuyé mon sexe dans un mouchoir qui trainait dans ma poche. Et j’ai eu peur. Qu’elle se mette à crier, que des videurs l’entendent. Je suis monté dans ma voiture et je suis parti en vitesse.


Je me doute que les flics vont venir me chercher pour me parler de ça. J’ai encore la sensation de son ventre étroit autour de ma queue, du plaisir débordant. Je n’ai pas pensé à tout ça, pas pensé qu’ils me trouveraient si vite. Elle ne m’a même pas regardé, je ne sais pas comment elle peut se souvenir de moi.

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