dimanche 3 décembre 2017

L'invitation

Vous m’aviez conviée chez vous pour que nous fassions connaissance. Etonné que j’accepte, vous aviez tenu à me rassurer sur votre savoir-vivre. Je n’avais pas le moindre doute à ce sujet, ou nous nous serions retrouvés dans un endroit plus convenu, et public. Vous m’avez accueillie avec une lueur timide dans le regard. Timide et hardie, surprenant mélange. Un verre du vin que j’avais apporté à la main, nous avons devisé aimablement. Posée sur une chaise en face de vous, je savais que je ne prendrai ni vos lèvres ni votre main.  Vous ne m’attiriez pas. Votre conversation était spirituelle. Mais je ne suis pas tombée dans votre sourire, c’est tout.
Je ne vous l’ai pas dit, mais vous vous êtes beaucoup livré, ce soir-là. Je sais de votre vie des détails qu’on ne partage pas avec des inconnues, fussent-elles à votre goût. Car à votre goût, je l’étais. Votre bouche me dévorait plus que vos yeux et je vous voyais saliver. Avec toute la retenue dont vous étiez capable, vous attendiez que je me décide. L’instant passa, je confirmai mon départ. Cela vous peina. Cette soirée pleine de promesses ne les avait pas tenues. J’avais envisagé que vos draps me connaissent, si vous me plaisiez. Vous aviez pris le risque que la porte se referme sur moi sans avoir effleuré ma peau. Alors vous m’avez avoué votre désir, l’air vaincu. J’ai caressé votre joue avec un sourire et j’ai pris mon sac. Est-ce le vin qui ranima votre hardiesse ? Vous avez demandé à voir mes seins, sur le motif que vous les deviniez beaux. Un cadeau d’adieu, car nous ne nous reverrions pas. Je vous ai souhaité bonne chance dans votre quête d’une compagne de galipettes. Et vous avez réitéré votre requête. Pourquoi y ai-je accédé ? Le défi dans vos yeux peut-être. Vous aviez terriblement envie que je cède et vous tentiez une dernière manœuvre. Je vous ai regardé, et j’ai défait mes vêtements. Je me suis tenue devant vous. Votre bouche s’est arrondie. Vous avez tendu la main. J’ai dit non. En soupirant, vous avez tenté un geste que j’ai esquivé. Vous avez essayé de me voler un baiser. Cette fois, un pincement de lèvres vous a arrêté. Je me suis revêtue et j’ai quitté votre logis.

Nous ne nous sommes jamais croisés à nouveau. Je ne suis pas sûre que je vous reconnaitrais dans la rue. Mais ce souvenir déverse d’étranges frissons au creux de mes reins.

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