Vous m’aviez conviée chez vous pour que nous fassions
connaissance. Etonné que j’accepte, vous aviez tenu à me rassurer sur votre
savoir-vivre. Je n’avais pas le moindre doute à ce sujet, ou nous nous serions
retrouvés dans un endroit plus convenu, et public. Vous m’avez accueillie avec
une lueur timide dans le regard. Timide et hardie, surprenant mélange. Un verre
du vin que j’avais apporté à la main, nous avons devisé aimablement. Posée sur
une chaise en face de vous, je savais que je ne prendrai ni vos lèvres ni votre
main. Vous ne m’attiriez pas. Votre
conversation était spirituelle. Mais je ne suis pas tombée dans votre sourire,
c’est tout.
Je ne vous l’ai pas dit, mais vous vous êtes beaucoup livré,
ce soir-là. Je sais de votre vie des détails qu’on ne partage pas avec des inconnues,
fussent-elles à votre goût. Car à votre goût, je l’étais. Votre bouche me
dévorait plus que vos yeux et je vous voyais saliver. Avec toute la retenue
dont vous étiez capable, vous attendiez que je me décide. L’instant passa, je
confirmai mon départ. Cela vous peina. Cette soirée pleine de promesses ne les
avait pas tenues. J’avais envisagé que vos draps me connaissent, si vous me
plaisiez. Vous aviez pris le risque que la porte se referme sur moi sans avoir
effleuré ma peau. Alors vous m’avez avoué votre désir, l’air vaincu. J’ai caressé
votre joue avec un sourire et j’ai pris mon sac. Est-ce le vin qui ranima votre
hardiesse ? Vous avez demandé à voir mes seins, sur le motif que vous les
deviniez beaux. Un cadeau d’adieu, car nous ne nous reverrions pas. Je vous ai
souhaité bonne chance dans votre quête d’une compagne de galipettes. Et vous
avez réitéré votre requête. Pourquoi y ai-je accédé ? Le défi dans vos
yeux peut-être. Vous aviez terriblement envie que je cède et vous tentiez une
dernière manœuvre. Je vous ai regardé, et j’ai défait mes vêtements. Je me suis
tenue devant vous. Votre bouche s’est arrondie. Vous avez tendu la
main. J’ai dit non. En soupirant, vous avez tenté un geste que j’ai esquivé. Vous
avez essayé de me voler un baiser. Cette fois, un pincement de lèvres vous a
arrêté. Je me suis revêtue et j’ai quitté votre logis.
Nous ne nous sommes jamais croisés à nouveau. Je ne suis pas
sûre que je vous reconnaitrais dans la rue. Mais ce souvenir déverse d’étranges
frissons au creux de mes reins.
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