Je suis sorti
de l’hôpital et ce maigre progrès me semble une victoire. Je peux marcher seul
quelques pas, je commence la rééducation sérieusement dans ce nouveau lieu. Les
gens sont plutôt agréables, même si certains sont là depuis longtemps. Beaucoup
sont très handicapés et je m’estime heureux de savoir qu’au bout de mes
efforts, je tiendrai debout et je marcherai normalement. Je sortirai bientôt,
je reprendrai ma vie d’avant.
Douce, tu me
manques. Ton absence est un vide au creux de moi. Je n’ai aucune nouvelle
depuis que tu as quitté mon chevet. Ce sont les autres qui m’ont parlé de toi.
Je ne t’ai pas vue, je ne t’ai pas sentie, je n’ai aucun souvenir de ton
passage. Une infirmière m’a glissé que tu avais l’air triste. Tout le monde
s’affolait autour de moi, mes parents sont restés, inquiets, angoissés, posant
mille questions aux médecins. Tu es venue, repartie, et tu avais l’air triste.
C’est tout ce que je sais.
Douce, rien
n’est fini. Tu peux revenir. Les mots qui mettaient fin à notre histoire, je ne
les ai jamais prononcés. Je n’ai pas dit les phrases qui nous séparaient, je
n’ai pas franchi ce rubicon. Rien n’est consommé, tu peux revenir et nous
reprendrons notre vie d’avant. Notre vie. Ensemble.
Je ne suis
pas très abîmé, tu sais. J’ai quelques cicatrices, bien sûr, mais les médecins
m’ont dit que cela aussi pouvait se réparer. Dans quelques mois, je serai neuf,
sans traces. Tout sera oublié. Et j’aurai fini ma thèse. Je travaille autant
que je peux. Mon chef pense que je pourrai soutenir en septembre et prendre un
poste dans le service qui m’intéresse. J’avance bien, là aussi.
Douce, ta
fantaisie et ta folie me manquent. J’ai besoin de ton désordre dans mon
existence. Ici, tout est fade et plat. Tout dégouline d’une gentillesse et
d’une sollicitude béate. Douce, ton énergie insatisfaite me comblait, te
l’ai-je assez dit ? Douce, je me perds dans ce monde ouaté, confortable,
je ne suis pas fait pour ça. J’ai envie de nos bagarres, j’ai envie de nos
cris, j’ai envie de tes soupirs et de tes sanglots de rage.
Dans un mois,
je reprendrai ma vie d’avant. Il faut que tu reviennes, Douce, il faut que tu
reviennes secouer mes habitudes, il faut que tu reviennes auprès de moi.
Samuel
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