Ma chère
sœur,
Je peux enfin
te donner de meilleures nouvelles de Samuel. Il vient de sortir du service de
réanimation et a été transféré. Le chirurgien est très confiant dans ses
possibilités de retrouver une mobilité normale. Il a l’air aussi plutôt
satisfait de son travail. Je sais que tu as vu notre frère dans un état
inquiétant, et je t’assure qu’il va aussi bien que possible aujourd’hui. Il
râle, ronchonne à nouveau, d’ailleurs.
Papa et Maman
commencent aussi à se remettre de cette épreuve. Ils viennent tous les jours
voir Samuel, qui les attend avec impatience, et se lasse vite de leur présence.
Papa supporte tant bien que mal l’ambiance de l’hôpital, qui lui pèse.
Samuel est
très bien soigné. Son chef de service s’est fait connaître et a pris en
personne de ses nouvelles. Reconnu pour un pair, notre frère bénéficie d’une
attention soutenue. Il ne semble pourtant pas beaucoup s’intéresser aux
informations et aux explications qu’on lui donne. La seule question qu’il pose
est la date de sa sortie. Le chirurgien lui a parlé de rééducation, il faudra
du temps encore pour qu’il soit autonome.
Le temps lui
parait long et je le comprends. Il est au repos forcé, il dit n’avoir aucun
souvenir de son séjour en réanimation. Ses muscles ont fondu, et il n’a pas
beaucoup de distractions. Je lui ai apporté quelques livres qu’il a mis de
côté. Maintenant qu’il est dans une chambre normale, il a le téléphone et la
télévision, qu’il ne regarde pas. Il ne la regardait pas avant ce stupide
accident. Il m’a demandé de lui apporter son ordinateur et de lui trouver une
connexion à internet, il a l’intention de travailler. Il se fatigue encore très
vite, mais il a besoin de s’occuper.
Il guette
parfois son portable, comme s’il attendait un appel. Certaines personnes l’ont
contacté pour prendre des nouvelles. Il en donne avec indifférence, comme s’il
parlait de quelqu’un d’autre.
Il ne se
souvient pas de tes visites en réa. Il m’a demandé comment vous alliez tous et
je l’ai assuré que tu lui passerais le voir. Quand penses-tu pouvoir faire
l’aller-retour ? Je crois que cela lui ferait plaisir.
Je vous
embrasse tous bien fort,
Guillaume.
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