jeudi 4 octobre 2012

20 Novembre

Douce,

Je suis rentré chez moi. Dans mon appartement vide de ta présence. C’est froid et bien rangé, impersonnel et sans intérêt. Je me faisais une joie de retrouver mes murs et mes meubles, mes affaires, mes livres, ma musique. J’ai essayé de passer une soirée normale. Mes parents m’ont installé comme un grand malade. Le frigo et l’armoire à pharmacie sont pleins, je pourrais vivre ici sans sortir pendant des semaines.

Je suis sorti faire un tour dans le quartier, un petit tour à pas prudents. La concierge est toujours aussi peu aimable et ne répond pas à mes bonjours. Je pourrai au moins prendre l’air, même si je ne vais pas bien loin. Le kiné dit que, si je ne me fatigue pas, cela me fera du bien de faire un peu d’exercice. Si tu voyais l’athlète ! Je me traine au bout de 100 mètres, le souffle court et les jambes en coton. Cela reviendra, il suffit d’être patient. Ce que je ne sais pas faire.

Douce, cet appartement silencieux est une tombe sans toi. J’ai espéré un signe de ta part pendant les semaines d’hôpital et de rééducation. Ton silence est un gouffre au bord duquel je me penche sans cesse. J’aimerais partager avec toi chaque bonne nouvelle, chaque membre qui se plie, chaque douleur qui disparaît. J’ai pensé à toi, j’ai envisagé nos retrouvailles à chaque étape pénible de mon séjour là-bas. Il me reste des progrès à faire, des défis à relever, mais je serai complet, entier, comme neuf, pour toi.

Douce, je ne me souviens de rien avant le moment où j’ai ouvert les yeux à l’hôpital. Ta présence à mes côtés est passée inaperçue, et je donnerais tout ce que j’ai pour un peu de mémoire de ces instants-là. Douce, viens, reviens me raconter ta vigile, viens me rendre ces jours que j’ai perdus. Raconte-moi ce que j’ai manqué.


Samuel

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