Les saisons ont passé… me voilà admise
à Normal Sup et locataire de votre chambre de bonne… Les tatouages que vous
aviez fait graver sur ma peau et mon âme fascinaient artistes et photographes.
Je posais pour eux, au prix de leurs fantasmes et de ceux qui achetaient leurs
œuvres les plus belles, comme les plus vénales.
Vos nuits passées à l’étage finirent
par lasser votre mari devenu inutile, qui renonçant à attendre de vous voir
descendre, finit par vous quitter pour un deux pièces dans le marais.
Le même soir vous m’avez invitée à
diner dans un de ces endroits à la mode… un de ces cafés restaurants, ou l’on danse
et on rit aux sons de musiques aussi novatrices qu’incompréhensiblement
étranges. Après trois coupes de champagne je vous ai invitée à danser… et
tandis que nous étions collé serré vous avez basculé dans mon dos… votre main
cherchant mon sein et votre bouche ma nuque en susurrant : « Tu vas
m’épouser et devenir ainsi ma femme » « Je suis déjà votre
femme » ai-je répondu tandis que vous sertissiez à mon cou un collier en
or blanc en guise d’alliance.
Quarante jours plus tard nous étions
dans un village anglais, où le prêtre et son épouse avaient accepté de nous
marier devant un Dieu anglican et tolérant. Lors du repas où vous aviez invité
tout ceux qui pouvaient être charmés par notre bonheur vous avez glissé votre
main sous ma robe et votre langue dans mon oreille… vise bien à qui tu lances
ta jarretière… j’ai une surprise pour toi…
Après les discours, toasts et autres
verres enivrants me voila debout sur la table… à balancer ma chevelure et
remonter ma robe pour que tous voient ma jarretière pourpre qui tranche avec le
crème de la dentelle de mon autre vêtement…
Je la saisis et contemple
l’assistance… une belle brune d’environ quarante ans, rédactrice d’un magazine
d’art me regarde de ces yeux bleus pétillants de champagnes… envie de tricher…
je dénoue ma jarretière… saute de la table et l’attache à son cou en lui
roulant une pelle aussi brutale que mémorable… votre rire monte en cascade
devant l’assemblée médusée… vous nous séparez tendrement, et, la main sur son
épaule, vous vous éloignez pour la réconforter en chuchotant à son mari
figé : « punissez là comme vous voudrez »
Je ne me souviens plus trop bien de la
suite… son mari me pénétrant dans les toilettes pour dame… puis son ami, puis
un autre et encore un autre et enfin un cinquième…
A la lueur de l’aube, vos chevelures
emmêlées par la sueur et vos cris de plaisirs… tandis que je m’allongeais à vos
coté pour que vous me serriez fort contre vous… pour que la nausée disparaisse…
le pas discret de notre journaliste qui s’échappe… vos baisers pour
sécher mes larmes…
Seulement
huit mois plus tard venait au monde notre fille. Nous la prénommâmes
Penthièvre.
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