Elles sont alanguies sur le sol dur, l’onde ruisselle dans
des rigoles. Les bonnes leur ont indiqué les robinets le long des murs, d’où
coule de l’eau plus froide. Elles s’y rafraîchissent souvent. On les entraîne
dans une salle plus chaude, où les domestiques leur expliquent par gestes
qu’elles vont les laver, les récurer, pour qu’elles soient vraiment propres . L’une
d’entre elles a préparé le henné pour les deux brunes. Pas pour la blonde, elle
a vraiment des cheveux comme les chaumes, courts, mais très beaux. On étale la pâte odorante sur la
tête des Françaises, on essuie soigneusement les coulures, qui marqueraient la
peau de traînées orange. On leur tend le savon pour qu’elles se frictionnent.
Les étrangères ne sont pas à l’aise, ça se voit. On va
commencer par leurs pieds. Tout le monde aime avoir les pieds propres et doux.
On n’aura pas besoin de les épiler, elles ont les jambes douces, on ne sait pas
très bien comment, elles ne sont pas venues au hammam auparavant. Elles gardent
les cuisses bien serrées, comme si elles avaient peur de montrer le buisson de
leur sexe. On est entre femmes, il n’y a pas de honte. On gomme longuement les
pieds, les chevilles, les mollets, on se félicite de voir la crasse partir, la
peau douce devient encore plus douce. Une des brunes patiente, dort peut-être
dans la vapeur, en attendant que les deux autres soient propres. On masse les
cuisses doucement, on prend un bras et on le retourne dans tous les sens pour
le nettoyer. Le dos, les épaules, le ventre, les visiteuses se laissent faire
de plus en plus volontiers. Sur la clavicule, on fait attention, l’épiderme,
plus fin, supporte moins bien les frottements. L’année dernière, l’épouse du
jeune maitre a frémi d’horreur parce que le gommage, trop franc, avait fait
perler un peu de sang à cet endroit. On s’est fait corriger, même si elle avait
dit qu’elle n’en parlerait pas. Elle aussi, elle est blonde, mais on ne l’aime
pas beaucoup, elle n’est pas très gentille. La brune qui attend s’est levée,
elle est allée dans la troisième salle, la plus chaude.
On effleure doucement les petits seins de la blonde, comme
une question. Est-ce qu’elle acceptera qu’on la nettoie, là aussi ? Elle
repousse gentiment la main, prend le gant et le passe sur sa poitrine. Elle ne
veut pas non plus qu’on touche l’intérieur de ses cuisses, elle le fait. La
maitresse a dit que les Françaises ne voudraient peut-être pas. Après
tout, depuis qu’elles sont là, elles s’enferment soigneusement dans la salle de
bain.
On se tourne vers la brune qui est bientôt propre, on rince
le henné, on passe tranquillement le peigne dans ses cheveux qui auront pris de
jolis reflets. On rince encore, jusqu’à ce que l’eau soit claire. Elle se lave
aussi elle-même les seins, les cuisses, tout ce qui reste. On les aide à
étendre le ghassoul qui fera la peau douce, les cheveux brillants. On rince
encore, elle frissonne sous l’eau froide. Les deux visiteuses s’étendent à nouveau sur leur pagne, on leur a fait
comprendre qu’on a terminé.
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