vendredi 5 octobre 2012

Hammam (2)

Le lendemain, les deux domestiques prennent les grands paniers qu’elles ont préparés pour le hammam. Les visiteuses ont pris des vêtements propres, pour s’habiller après le bain. Les jeunes bonnes parlent à peine français, mais la petite troupe se débrouille de quelques mots et de gestes, personne d’autre ne peut les accompagner. L’établissement est vaste, , c’est le plus beau de la ville. . on paie, on entre, on confie ses affaires à la gardienne du vestiaire. Elle fait un paquet soigneux et disparaît dans des profondeurs. Les Françaises sont un peu déconcertées, on les guide respectueusement, enroulées dans un long pagne. Les bonnes indiquent qu’il faut poser le tissu, s’asseoir dessus, s’allonger, nue dans la vapeur, attendre. Les étrangères sont réticentes, elles semblent pudiques, c’est drôle, car il n’y a ici que des femmes, et puis elles sont plutôt jolies. Un peu maigres peut-être, et  leurs cheveux sont beaucoup trop courts, elles ont la peau très claire, même la brune, la sœur de la blonde aux yeux bleus. Leurs bras et leur visage ont pris un léger hâle, mais pas leurs jambes, qu’elles montrent un peu, mais pas trop.


Elles sont alanguies sur le sol dur, l’onde ruisselle dans des rigoles. Les bonnes leur ont indiqué les robinets le long des murs, d’où coule de l’eau plus froide. Elles s’y rafraîchissent souvent. On les entraîne dans une salle plus chaude, où les domestiques leur expliquent par gestes qu’elles vont les laver, les récurer, pour qu’elles soient vraiment propres . L’une d’entre elles a préparé le henné pour les deux brunes. Pas pour la blonde, elle a vraiment des cheveux comme les chaumes, courts, mais très beaux.  On étale la pâte odorante sur la tête des Françaises, on essuie soigneusement les coulures, qui marqueraient la peau de traînées orange. On leur tend le savon pour qu’elles se frictionnent.


Les étrangères ne sont pas à l’aise, ça se voit. On va commencer par leurs pieds. Tout le monde aime avoir les pieds propres et doux. On n’aura pas besoin de les épiler, elles ont les jambes douces, on ne sait pas très bien comment, elles ne sont pas venues au hammam auparavant. Elles gardent les cuisses bien serrées, comme si elles avaient peur de montrer le buisson de leur sexe. On est entre femmes, il n’y a pas de honte. On gomme longuement les pieds, les chevilles, les mollets, on se félicite de voir la crasse partir, la peau douce devient encore plus douce. Une des brunes patiente, dort peut-être dans la vapeur, en attendant que les deux autres soient propres. On masse les cuisses doucement, on prend un bras et on le retourne dans tous les sens pour le nettoyer. Le dos, les épaules, le ventre, les visiteuses se laissent faire de plus en plus volontiers. Sur la clavicule, on fait attention, l’épiderme, plus fin, supporte moins bien les frottements. L’année dernière, l’épouse du jeune maitre a frémi d’horreur parce que le gommage, trop franc, avait fait perler un peu de sang à cet endroit. On s’est fait corriger, même si elle avait dit qu’elle n’en parlerait pas. Elle aussi, elle est blonde, mais on ne l’aime pas beaucoup, elle n’est pas très gentille. La brune qui attend s’est levée, elle est allée dans la troisième salle, la plus chaude.
On effleure doucement les petits seins de la blonde, comme une question. Est-ce qu’elle acceptera qu’on la nettoie, là aussi ? Elle repousse gentiment la main, prend le gant et le passe sur sa poitrine. Elle ne veut pas non plus qu’on touche l’intérieur de ses cuisses, elle le fait. La maitresse a dit que les Françaises ne voudraient peut-être pas. Après tout, depuis qu’elles sont là, elles s’enferment soigneusement dans la salle de bain.
On se tourne vers la brune qui est bientôt propre, on rince le henné, on passe tranquillement le peigne dans ses cheveux qui auront pris de jolis reflets. On rince encore, jusqu’à ce que l’eau soit claire. Elle se lave aussi elle-même les seins, les cuisses, tout ce qui reste. On les aide à étendre le ghassoul qui fera la peau douce, les cheveux brillants. On rince encore, elle frissonne sous l’eau froide. Les deux visiteuses s’étendent à  nouveau sur leur pagne, on leur a fait comprendre qu’on a terminé.

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