vendredi 5 octobre 2012

Hammam (3)

Il faut laver la troisième, la brune qui est partie dans la salle très chaude. Elle est allongée sur son tissu, elle a l’air de dormir. Son bras relevé sur sa tête fait ressortir un sein rond, elle a posé son autre main sur son ventre. Elle attend ou elle s’est assoupie.  On lui caresse le bras pour lui dire qu’on est là. Elle ouvre les yeux, des yeux bruns liquides, presque noirs, mais pas vraiment. On ne voit que leur reflet, dans cette atmosphère sombre. Même là, on dirait qu’il y a des ombres et des rayons de lumière qui dansent dans ces deux prunelles. Comme si des bêtes fantastiques passaient derrière ses yeux.


Le henné a eu le temps de donner de beaux reflets acajou à ses cheveux bruns, on le rince à grande eau. Elle frissonne sous la douche fraiche, elle rit, elle recueille un peu d’eau dans ses mains en coupe, elle nous éclabousse avec, en riant encore. Nous rions aussi, et nous l’éclaboussons aussi avec l’eau qui sort du robinet, froide, si froide dans cette salle où la vapeur est si chaude. Elle dit quelque chose que nous ne comprenons pas, avec un grand sourire. Nous lui sourions en retour en hochant la tête.  Ma compagne se lève pour dire qu’elle va se laver à côté, il fait trop chaud ici. Quand elle aura fini, elle prendra ma place. La brune s’allonge sur le ventre, comme je lui montre par gestes. Je lui nettoie les pieds, les jambes, les fesses, elle ne dit rien, elle, le dos, les épaules. Je lui indique de se retourner et je continue. Les jambes à nouveau, les cuisses, elle ne repousse pas ma main. Elle a la peau encore plus douce, encore plus tendre que les deux autres. Elle a même l’épiderme plus clair que sa sœur, la blonde, c’est drôle, avec ses cheveux bruns et ses yeux encore plus bruns, comme deux rivières inquiétantes. Elle a les yeux clos et les lèvres entrouvertes sur un début de sourire.


Je parcours lentement, doucement son ventre. Je lui demande de se relever, par gestes, elle ne me comprend pas quand je parle. Elle se redresse, elle s’assoit presque en tailleur en face de moi. Je lui gomme les bras et je lui montre la saleté qui s’en va. Les épaules, la clavicule _ attention. Son pied repose sur ma jambe, je me suis avancée pour avoir des gestes plus précis. Elle ne semble pas se formaliser d’être ainsi en face de moi, les jambes ouvertes sur son sexe rouge. J’ai regardé, la maitresse a dit aussi que cela les gênerait, les étrangères. Elle a vu, elle n’a rien dit. Elle a une jolie bouche et de beaux seins, plus gros, plus ronds que les deux autres, des seins de femme, qui tiendraient à peine dans ma main. Malgré la chaleur, ses mamelons pointent. Je passe le gant vers sa poitrine, elle hausse les épaules et semble m’inviter à continuer. Elle se tait et sourit. Je la masse, prête à m’arrêter si elle proteste. Elle se renverse un peu en arrière, elle se laisse faire.


Son pied remonte doucement sur ma cuisse. C’est agréable. Ma compagne ne revient pas, on ne voit personne dans cette salle, s’il y a d’autres femmes, elles sont avalées par la vapeur, nous sommes dans un cocon, un cocon brûlant. Elle tend le bras vers le robinet, fait couler un peu d’eau qu’elle renverse sur son torse. Elle pousse un soupir. J’ai changé de gant, c’est le plus fin que j’ai dans mes affaires, je le passe sur son cou, son long cou de brune. Elle a les lèvres entrouvertes, elle ne sourit plus, les yeux mi-clos. Ma main effleure son menton. Ses doigts se posent sur les miens, son autre main se saisit de ma nuque, elle se penche et pose ses lèvres sur les miennes. On ne m’a jamais embrassée. C’est agréable. Sa bouche parcourt ma bouche, s’entrouvre sur une langue pointue, puis douce. J’ouvre les lèvres et sa langue caresse la mienne. C’est bon. Sa paume enveloppe un de mes seins, l’englobe, le quitte, revient. Son pied remonte lentement vers mon aine, j’ouvre encore les jambes. Je ne savais pas que ce pouvait être aussi doux. Elle se rapproche encore, nous sommes l’une contre l’autre et je sens ses mamelons durs contre ma poitrine.


Elle se frotte contre moi et ses tétons excitent les miens. Elle me caresse les bras et le dos. Sa bouche revient se coller sur la mienne et sa langue écarte mes lèvres, joue avec la mienne. Sa jambe passée derrière moi me colle contre elle et elle m’embrasse. Ses mains remontent sur mon ventre, effleurent le dessous de mes seins. Nos peaux humides glissent, se dérobent, elle m’entoure, m’englobe. Son sexe rouge vient de poser sur ma main, mes doigts étonnés s’ouvrent, se ferment, se posent, s’alanguissent.


Elle saisit ma taille, s’écarte brutalement, elle appuie sur mes hanches, elle me fait glisser vers elle, sa bouche s’empare de mon sexe, sa langue parcourt à grand coups mon clitoris. Je m’affale en étouffant un soupir. Je sens mon ventre s’inonder, je tremble, il fait chaud, j’ai oublié, tout oublié sauf ces torrents de lave qui ravagent mes reins. Je me soulève vers sa bouche, elle explore mes lèvres, l’entrée de mon vagin, je colle encore mon sexe à ses coups de langue. Ses doigts accompagnent sans pitié ses caresses. Ses yeux levés vers moi ont des reflets d'obsidienne liquide. Elle penche la tête et aspire goulûment le suc qui ruisselle entre mes lèvres. Elle mord un peu l’intérieur de mes cuisses, pas fort, un serrement de dents autour de la peau brûlante, fine, sensible. Elle reprend sa sarabande au plus creux, au plus profond de moi. Un tremblement, mes jambes qui se tendent, retombent, une vague, un cri que je retiens, ses deux mains appuyées sur mes cuisses, dans mes cuisses, sa bouche, ses lèvres, sa langue m’emportent, le plaisir se déverse dans mon ventre.

Elle embrasse mon nombril, passe de l’eau sur son visage, se lève et disparait dans la vapeur.

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