La garce…
Quel con. Je n’aurais jamais dû demander ça. J’ai mal à la tête, j’ai mal au
ventre. Je sais depuis toujours que tu as un amant. Cette latitude que je te laisse, tout le temps que je passe loin de toi,
tu le passes avec ce type. Tu as dit que vous ne vous voyez pas souvent. Sans
doute est-il marié, en couple, vous vous rencontrez quand il peut. Et tu
prétends que ce n’est pas souvent. Du sexe, c’est simple et c’est bien. Mais
avec moi aussi, c’est bien, enfin, c’est ce que tu me laisses croire. Est-ce
que c’est mieux avec lui ? Est-ce qu’il te donne plus de plaisir ? Tu
dis que tu vas le revoir… Quel con, mais quel con !
Je me doutais
bien que tu trompais ta solitude, que tu ne m’attendais pas sans cesse, que je
me faisais parfois trop rare. Je pressentais que tu ne te contentais pas de
lire sagement dans le jardin, les soirs où je te fais faux bond, les soirs où
finalement, je ne viens pas. Est-ce que tu vas gémir dans ses bras pendant que
je vais au foot ? Est-ce que tu te livres, est-ce que tu te donnes pendant
que je bois un verre avec les copains ? Est-ce que tu es avec lui quand je
suis avec d’autres, avec d’autres gens que j’aime, moins que toi, bien moins que
toi ?
Je ne sais
pas rester avec toi, je ne sais pas prendre le temps, j’ai peur de ne pas être
à la hauteur, tu attends trop de moi. Affamée de plaisir, tu te jettes à mon
cou, et je crains de ne pas répondre à ton appétit. Je devine ton attente, je
perçois ton désir, j’aime que tu aies envie de moi, je m’enlise dans la boue de
mon incertitude. Je voudrais te faire l’amour pendant des heures et je ne peux
pas. Je dois toujours repartir. Te fuir.
J’espère toujours que tu m’aimeras assez pour accepter mes départs, la
porte qui se ferme, le bruit de la voiture qui s’éloigne. J’espère toujours que
nos affections nous protègent de mes failles, de mes insuffisances. Et je ne
peux pas t’en vouloir, je ne peux pas te détester. Je te quitte, et à chaque
fois que je te rejoins, tu es là, tu souris, tu es heureuse. Tu es toute
douceur et certitude, tu m’accueilles comme je viens, tu frémis à peine quand
je dis le peu de temps que je veux te consacrer. Tu as tout pris, ma présence
et mes absences, surtout mes absences. Je t’aime, et je reste enfermé dans ma
cage.
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