mardi 23 octobre 2012

Tu sais

Il fait encore bon dans le lit que tu as quitté sans un mot, les mâchoires serrées. Tu sais, et tu ne sais rien. Je me love dans ta chaleur, dans les odeurs de nos deux corps qui viennent de se quitter. Le chat tigré tourne autour du lit, hésite à prendre place. Tu n’es pas resté contre moi, tu n’as pas posé ta tête trop lourde sur mon ventre. Tu es parti en colère, tes vêtements à la main et tu as claqué la porte. Tu t’es enfui, tu t’es dérobé, comme toujours.

Et moi je trompe ma solitude, comme toujours, dans les draps froissés. Tu ne sais pas rester en place, même contre moi. Tu arrives et tu repars. Tous tes départs me déchirent, je ne sais pas te retenir. Je vis dans la tiédeur résiduelle de nos rencontres charnelles, toujours trop brèves, toujours trop rares. Je t’attends la moitié de ma vie. J’ai besoin de toi, j’ai besoin que tu te poses près de moi, j’ai besoin que tu t’endormes dans ce lit et que tu t’y réveilles, les yeux amoureux.

Dans les limbes imprécis de notre amour sans bornes, tu es là, et tu n’es pas là. Tu m’aimes, tu me quittes. Tu finis toujours par franchir la porte, attiré au dehors, vers d’autres gens, d’autres entrains, d’autres sourires. Tu n’as pas le temps de t’abandonner. Nos étreintes ont l’urgence et la violence de moments finis, limités. 

Je ne t’ai rien demandé, je t’ai accepté comme tu étais, un courant d’air, une intermittence. Je savais, et j’ai pris ce qu’il y avait à prendre, et je vis ce qu’il y a à vivre. Ta précieuse présence, quand tu m’en fais grâce, et ces longs moments où tu n’es pas là. Je me réchauffe comme je peux dans ce lit que tu abandonnes, je t’entends ramasser tes affaires, prendre tes clés, franchir le seuil, fermer la porte, t’éloigner. Avant que tu arrives, j’ai attendu patiemment, j’ai lu, j’ai rangé un peu, je suis retournée lire. Et quand tu es parti, je me renferme sur ma solitude et sur ton absence. Je t’aime et je n’ai pas cessé de vivre. Je suis là quand tu ouvres la porte, un sourire sur les lèvres. Je suis heureuse de te voir. Et comme tu repars, je reprends la vie que j’ai, une vie où un autre homme me fait l’amour.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire