Et moi je
trompe ma solitude, comme toujours, dans les draps froissés. Tu ne sais pas
rester en place, même contre moi. Tu arrives et tu repars. Tous tes départs me
déchirent, je ne sais pas te retenir. Je vis dans la tiédeur résiduelle de nos
rencontres charnelles, toujours trop brèves, toujours trop rares. Je t’attends
la moitié de ma vie. J’ai besoin de toi, j’ai besoin que tu te poses près de
moi, j’ai besoin que tu t’endormes dans ce lit et que tu t’y réveilles, les
yeux amoureux.
Dans les
limbes imprécis de notre amour sans bornes, tu es là, et tu n’es pas là. Tu m’aimes, tu me quittes. Tu finis toujours par franchir la porte,
attiré au dehors, vers d’autres gens, d’autres entrains, d’autres sourires. Tu
n’as pas le temps de t’abandonner. Nos étreintes ont l’urgence et la violence
de moments finis, limités.
Je ne t’ai
rien demandé, je t’ai accepté comme tu étais, un courant d’air, une
intermittence. Je savais, et j’ai pris ce qu’il y avait à prendre, et je vis ce
qu’il y a à vivre. Ta précieuse présence, quand tu m’en fais grâce, et ces
longs moments où tu n’es pas là. Je me réchauffe comme je peux dans ce lit que
tu abandonnes, je t’entends ramasser tes affaires, prendre tes clés, franchir
le seuil, fermer la porte, t’éloigner. Avant que tu arrives, j’ai attendu
patiemment, j’ai lu, j’ai rangé un peu, je suis retournée lire. Et quand tu es
parti, je me renferme sur ma solitude et sur ton absence. Je t’aime et je n’ai
pas cessé de vivre. Je suis là quand tu ouvres la porte, un sourire sur les
lèvres. Je suis heureuse de te voir. Et comme tu repars, je reprends la vie que
j’ai, une vie où un autre homme me fait l’amour.
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