mardi 23 octobre 2012

Tu veux savoir

Je sais qu’elle a un amant. Je le sais depuis toujours.

 
-          Comment c’est avec lui ? C’est mieux, c’est plus fort qu’avec moi ? Pourquoi vas-tu le voir, pourquoi as-tu besoin d’un autre homme, d’un autre sexe, je ne te suffis pas ?

-          Tu n’as pas besoin de le savoir. Tu vas te faire mal, ce n’est pas bien, c’est morbide.

-          Si, justement, j’ai envie de savoir. Je veux savoir pourquoi je ne te comble pas, pourquoi tu vas coucher avec un autre.

-          Tu ne te rends pas compte, ça n’a pas d’importance, ça ne compte pas. Je m’éclate avec lui, mais ne comprends-tu pas que si ça s’arrête demain, je m’en fiche ?

-          Tu le vois, tu passes du temps avec lui, j’ai envie de savoir. J’en crève, si tu savais, de t’imaginer dans les bras d’un autre, vos bouches soudées, vos membres enlacés.

-          C’est ridicule. Nous allons nous blesser à ce jeu-là, n’insiste pas.

-          Non, raconte-moi. Je veux connaître les chemins de ton plaisir qu’il a appris et que je n’ai pas découverts.

-          Si tu y tiens. Tu fais une erreur, et moi je te suis.

-          Oui, je veux savoir.

-          Nous nous retrouvons quand il peut. Ce n’est pas souvent, tu sais. Et c’est bien assez, c’est bien assez, ce n’est qu’une parenthèse, une récréation, un jeu.

-          Oui. Tu le vois trop souvent pour moi, bien assez souvent.

-          Il vient chez moi, nous sommes aussi allés à l’hôtel, un soir où j’avais une réunion.

-          Vous parlez, vous discutez ? Tu lui fais tes confidences, vous ne baisez pas tout le temps ?

-          Oui, parfois. Il me raconte un peu son boulot, sa famille. Je lui parle un peu de ce que j’ai fait. Je ne lui raconte pas ma vie, juste quelques bribes, tout ce dont j’ai envie, c’est de sa queue raide dans mon ventre avide, de sa langue sur mon clitoris, de ses lèvres sur les miennes.

-          Tu lui as parlé de moi ? J’ai mal, oui c’est ça, ça fait mal. Mal au bide, mal à la tête, mal au cœur.

-          Il sait que j’ai quelqu’un dans ma vie. J’ai toi, dans ma vie, frère de mon âme, et je n’aime que toi.

-          C’est tout ? C’est tout ce que tu lui as dit de nous ? Il ne sait pas, il ne sait rien.

-          C’est tout, ça suffit, il n’a pas besoin d’en savoir plus.

-          Il ne te pose pas de questions ?

-          Je ne lui en pose pas non plus. Je ne veux rien savoir, il n’a pas d’existence pour moi en dehors des moments que nous passons ensemble.

-          Vous ne vous voyez que pour du sexe. Ma douce, ma belle, ma tendre, tu te donnes à un autre et j’en crève.

-          Oui, c’est ça, du sexe, mais ça n’empêche pas de s’apprécier. S’il ne me plaisait pas, sur tous les plans, je ne le verrais pas. Il est drôle et gentil, franc et direct, il est simple et il me fait rire.

-          Et c’est bien ? C’est bien, c’est mieux, c’est comment ? C’est plus fort, plus…

-          Bien sûr. Sinon, quel intérêt ? Je te l’ai dit, que je voyais un autre homme, je ne veux pas te raconter ça.

-          C’est vrai. Et sinon ?

-          Sinon, que du sexe, c’est simple et c’est bien. Rien de bien compliqué, rien d’élaboré, nos désirs se rencontrent, à peine déshabillés, sa queue est raide et moi je suis inondée. Mes tétons durs contre sa poitrine, et son corps dur contre le mien, la peau rêche de ses doigts qui me parcourent et qui m’ouvrent, et les gémissements qui montent comme une vague. Il me prend comme un hussard contre le mur, et moi je suis prête à l’accueillir, je me penche pour qu’il aille plus loin, rien ne compte plus que le plaisir que nous prenons.

-          Oui, j’imagine. Oui je t’imagine, et je sais comme tu es belle quand tu frissonnes de désir, quand tes seins se dressent et se resserrent, je sais tes soupirs et la délicatesse de tes mains sur ma peau. Quand tu te renverses et quand tu te livres… Je sais la douceur de tes lèvres de ta langue de ta bouche sur mon gland prêt à exploser, quand tu accompagnes goulûment les jaillissements de mon plaisir, et mon ventre qui se crispe. Je connais les ondulations de tes fesses et de tes hanches, tes jambes qui te soulèvent et redescendent, la cadence infernale et la lenteur et l’hospitalité de ton vagin, la tiédeur et la moiteur et les longs sanglots qui accompagnent ton orgasme.

-          Nous nous voyons quelques heures, je le raccompagne, et c’est tout. Non, ce n’est pas tout, j’écarte les cuisses et je cambre les reins pour lui offrir mon sexe humide, j’aime quand il parcourt mon ventre de baisers, quand il caresse mes jambes, quand il pose sa langue sur le bouton de mon plaisir, quand il m’emplit. Nous nous emmêlons pendant des heures, inlassables, inassouvis. Il devine mes désirs, je devance les siens, je ne réfrène pas ma jouissance, je le suis, il me guide, je l’entraine, il m’emmène.

-          Tu vas le revoir ? J’ai mal, j’ai mal. Quel con. Je n’aurais jamais dû demander ça. Je t’aime et je te hais, ma douce, ma belle, ma tendre.

-          Peut-être. Sans doute. Tu en crèves et je le vois. Je t’aime.

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