Au bout du
temps, ma consolation. Cela passera, avec le temps. Pas les larmes mais la
faim.
Je n’ai pas
pris le temps d’apprendre si tu souffres. Je suis trop occupée à t’oublier. Tu
me manques. J’attends. Pas ton retour, mais ton absence. Un jour, tu cesseras
de m’emplir. Un jour, tu cesseras de me déchirer.
J’ai mal où
tu étais. J’ai mal à la tête et au ventre. La fumée racle ma gorge, le café
chatouille mes nerfs. Le manque de sommeil embrume mon esprit. Seuls surnagent
la musique et le besoin que j’ai de toi.
Tes bras
autour de moi, ma cage et mon refuge. Tu m’étouffes, tu me serres. Tes mains
qui entourent mes poignets, tes muscles tendus, ton poids sur mon corps, je ne
peux plus respirer. Le mouvement de mes reins cède à ta force, je ne peux plus
bouger. Tes dents sur mon mamelon érigé, ta bouche aspire, tord, blesse. Ta
marque sur moi, tatouage, esclavage.
Serre plus
fort, mords plus fort, regarde, sens, touche, je vais t’échapper. Les corps
rompus, repus, épuisés, la sueur qui nous colle, la semence et la cyprine nous
engluent et nous soudent. Je t’ai aimé, alangui, assouvi, éperdu de plaisir, je
ne te l’ai jamais dit.
J’essaie
d’oublier, dans les heures froides de la nuit, l’été éclatant, le son de ta
voix, ta chanson, ta peau brune et douce, ton regard qui me faisait plier. Dans
les emportements de nos désirs, je t’ai senti me posséder. Tu m’as emplie et
aussi envahie, submergée, soumise.
J’ai regardé les marques de ta passion sur ma peau. Tatouage, esclavage, le goût
du sang dans ta bouche, dans la mienne. Le goût de mon sang, à ma chair
arraché. Tes bras autour de moi, ma cage, mon refuge.
Dans les
heures silencieuses de la nuit, dans le chahut des trains je me balance comme une folle, repliée sur ma
douleur. Je n’ai pas de larmes, pas de cris, ce vertige, je l’ai cherché,
voulu. Ton absence m’aspire, comme un gouffre, et je sens le bord de la falaise
sous mes pieds. J’ai envie de me pencher, j’ai envie de me jeter dans cet
abîme, faire cesser la douleur, ton absence.
Au bout du
temps, au bout du vertige, au bout du délire, il y a un chemin sans toi, un
chemin où je pourrai marcher. J’aurai la tête haute et les pieds fermes, je
serai moi, sans toi.
Je me suis
amputée de toi. Comme un animal pris au piège se ronge la patte. Tu me manques,
comme l’air que je ne respire plus, l’eau que je ne bois plus, la nourriture
que je ne mange plus, la chaleur que je ne sens pas, la musique que je
n’entends pas. Je sens encore ta présence autour de moi, fantôme de toi.
Le temps
coule. J’attends. Ton absence.
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