dimanche 11 novembre 2012

Toi

Le temps coule. Je regarde ma vie s’écouler. Café, clope, musique. Je ne me souviens plus de ce que j’ai fait aujourd’hui. La nuit avale les activités du jour. Je ne sais pas si j’ai mangé, mon ventre vide réclame une autre nourriture.

Au bout du temps, ma consolation. Cela passera, avec le temps. Pas les larmes mais la faim.

Je n’ai pas pris le temps d’apprendre si tu souffres. Je suis trop occupée à t’oublier. Tu me manques. J’attends. Pas ton retour, mais ton absence. Un jour, tu cesseras de m’emplir. Un jour, tu cesseras de me déchirer.

J’ai mal où tu étais. J’ai mal à la tête et au ventre. La fumée racle ma gorge, le café chatouille mes nerfs. Le manque de sommeil embrume mon esprit. Seuls surnagent la musique et le besoin que j’ai de toi.

Tes bras autour de moi, ma cage et mon refuge. Tu m’étouffes, tu me serres. Tes mains qui entourent mes poignets, tes muscles tendus, ton poids sur mon corps, je ne peux plus respirer. Le mouvement de mes reins cède à ta force, je ne peux plus bouger. Tes dents sur mon mamelon érigé, ta bouche aspire, tord, blesse. Ta marque sur moi, tatouage, esclavage.

Serre plus fort, mords plus fort, regarde, sens, touche, je vais t’échapper. Les corps rompus, repus, épuisés, la sueur qui nous colle, la semence et la cyprine nous engluent et nous soudent. Je t’ai aimé, alangui, assouvi, éperdu de plaisir, je ne te l’ai jamais dit.

J’essaie d’oublier, dans les heures froides de la nuit, l’été éclatant, le son de ta voix, ta chanson, ta peau brune et douce, ton regard qui me faisait plier. Dans les emportements de nos désirs, je t’ai senti me posséder. Tu m’as emplie et aussi envahie, submergée, soumise.

J’ai regardé les marques de ta passion sur ma peau. Tatouage, esclavage, le goût du sang dans ta bouche, dans la mienne. Le goût de mon sang, à ma chair arraché. Tes bras autour de moi, ma cage, mon refuge.

Dans les heures silencieuses de la nuit, dans le chahut des trains  je me balance comme une folle, repliée sur ma douleur. Je n’ai pas de larmes, pas de cris, ce vertige, je l’ai cherché, voulu. Ton absence m’aspire, comme un gouffre, et je sens le bord de la falaise sous mes pieds. J’ai envie de me pencher, j’ai envie de me jeter dans cet abîme, faire cesser la douleur, ton absence.

Au bout du temps, au bout du vertige, au bout du délire, il y a un chemin sans toi, un chemin où je pourrai marcher. J’aurai la tête haute et les pieds fermes, je serai moi, sans toi.

Je me suis amputée de toi. Comme un animal pris au piège se ronge la patte. Tu me manques, comme l’air que je ne respire plus, l’eau que je ne bois plus, la nourriture que je ne mange plus, la chaleur que je ne sens pas, la musique que je n’entends pas. Je sens encore ta présence autour de moi, fantôme de toi.

Le temps coule. J’attends. Ton absence.

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