mardi 23 octobre 2012

Un soir de septembre

C’est un jour parfait de septembre. Il fait beau, et pas beau. Les nuages immenses et gonflés passent au-dessus de nos têtes. Il fait doux, il fait du vent et du soleil, un peu. Le livre lu, relu, encore lu, m’accompagne sur ce banc dans le soir un peu frais. Le jardin se couvre d’obscurité, le chat tigré se love sur mes genoux, fait sa place, tourne, se cale, se pose. Un ronronnement monte, il fait bon, restons là. Le livre raconte une femme, des amours, une robe de fête. Il est tout petit et j’y reviens sans cesse. Je lis Perceval qui contemple des heures trois gouttes de sang sur la neige, et je rejoins le parfait chevalier dans sa quête. J’attends. J’ai dit que je ne te retiendrai pas. J’ai dit que je ne voulais pas compter le temps. Je t’ai donné envie de te rassurer, de vérifier que mes bras s’ouvrent encore, que ma bouche se relève d’un sourire, que mes yeux se plongent dans les tiens.

Pour te retrouver, j’ai joué de toi, et je t’ai offert les arguments de ta passion. Viens, puisque tu as peur, viens puisqu’il te faut être sûr que je suis toujours là, et que je vais t’accueillir. Viens et pose tes grosses pattes, tes mains immenses sur moi, et attire-moi contre toi. J’ai besoin de sentir ta force, et ta volonté et ton désir de me retenir. Je suis dans le jardin, entre l’ombre et la lumière. Tu arrives et je viens à ta rencontre.

Donne-moi les baisers rugueux de la fin du jour, donne-moi la violence de nos retrouvailles. Je n’ai pas recensé les jours, ils étaient trop nombreux. Quelques nouvelles, vite échangées, ce n’est pas de mots dont tu as soif. Donne-moi la lumière et la douceur de ta peau, donne-moi le froid bleu de tes yeux, donne-moi, donne-moi la rudesse de tes étreintes.

Tu ne veux pas t’attarder, tu ne veux pas partir comme un voleur, tu n’as pas le temps, tu ne veux pas d’un trop bref emmêlement de nous deux. Tu me parcours et tu me caresses, tu dis que tu ne veux pas, tu attends que je veuille. C’est mon désir qui nous conduit, c’est moi qui te voulais, c’est toi qui viens à moi. Mais il faut que je te prenne la main, il faut que je te conduise, il faut que je te conduise à moi. Tu partiras après, tu pars toujours. Je poserai mes doigts sur toi, et je te laisserai partir. Et c’est moi qui te guide, et c’est moi qui t’entraine.

J’ai mis mes griffes sur ta fierté de mâle et pour te faire revenir, je me suis faite femelle et garce. Viens parce que tu doutes, viens pour te consoler, viens pour oublier, viens, je suis un havre, un port, viens, je t’ai voulu incertain, insatisfait, viens, je suis ton refuge. Viens contre moi, mes bras t’entourent, et c’est toi qui me serres. A la minute où je me rends, je veux plonger mes yeux dans ton visage, je veux voir l’éclair trop bref passer sur tes traits. Viens contre moi, je suis dans le soir parfait de septembre, dans les soupirs, dans les ombres du jour, dans la nuit qui monte.

Tu pars, tu vas revenir bientôt, si vite. Ton envie me suffit. Tu reviendras.

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