mardi 20 novembre 2012

J'attends

J’attends. Cette abominable attente, ce moment qui n’existe pas, perdu. Déjà tous ces instants de ma vie que j’ai usés. Je m’occupe, je tourne, je m’agite, je trompe mon impatience. Je vais et je viens, je range, je ramasse ces choses qui trainent et qui d’ordinaire m’indiffèrent. Je remets un coussin en place, je me décide enfin à replacer dans la bibliothèque ces livres qui envahissent ma table de nuit. Je trépigne, j’ouvre mon téléphone, mes doigts volent sur les icônes, j’hésite, je regarde l’heure. Le temps fait du sur place.

Je me pose, bien décidée à laisser passer ces maudites minutes qui goutte à goutte se distillent. Musique ? plate, je la change, je n’ai pas envie d’écouter ce morceau. Je me love dans le fauteuil mais je voue ma solitude aux gémonies. J’éteins la chaine, la chanson m’agace. J’ouvre mon PC, je relis un texte, je corrige un peu. Je suis sotte, à attendre comme ça, ce n’est pas l’heure, et les secondes tombent comme des plumes. Je n’ai pas d’idée pour m’occuper, que d’attendre.

Je calcule, du fond de mes coussins, combien de temps encore. Je pourrais aller dans la cuisine et préparer quelque douceur. T’accueillir dans l’odeur réconfortante du chocolat qui habillera la maison d’un chaleureux parfum de gourmandise. Je caresse cette idée comme un gros chat ronronnant. Et puis je me rencogne dans ma moelleuse inaction. J’attends. Je ne fais rien d’autre.

Je ne suis pas tournée vers toi, toi qui chemines, pas encore. Je suis bien, je suis seule et je laisse mes pensées dériver. Comme des épaves, elles affleurent à peine dans mon esprit. Je vagabonde sans hâte et sans but. Je n’imagine pas ton trajet vers moi, je ne suis pas tes pas sur le quai de la gare, dans le train, je ne regarde pas les horaires. Je me berce dans les vagues de mon inconscient. Parfois, une idée me traverse, je la contemple et je l’abandonne à son errance.

Je sais que tu es en route, je devrais retrouver mon impatience, guetter l’heure. Je savoure ces instants vides, ces moments qui n’appartiennent qu’à moi. Tout ce temps qui nous sépare dure, dure, se dilate et s’étire plus que celui que nous passerons ensemble. Chaque seconde d’attente me mène vers toi, chaque minute de ta présence me rapproche de ton départ. Je suis seule. Je suis bien. Il n’y aura pas de gâteau au chocolat pour le dessert, il n’y a que moi au fond de mon fauteuil. Je regarde la nuit humide qui illumine les carreaux de la fenêtre d’un reflet de réverbère. Il n’y aura pas d’autre moment comme celui-là. Un moment parfait parce que tu arrives, un moment suspendu et qui se tend enfin vers toi. Je suis là, lovée dans mon fauteuil et j’attends.

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