mardi 11 décembre 2012

C'est fini

C’est fini, réglé. Je l’ai échappé belle. J’ai une consultation dans quelques jours pour voir si tout c’est bien passé. Je me sens bien. Vraiment bien. Ils étaient très pro, pas vraiment gentils, mais rassurants, sûrs d’eux. Je me sens mieux. Tu comprends, ça tombait mal, avec mon boulot et notre projet de voyage dans les fjords. Ce nouveau poste est vraiment important pour moi, j’ai marné comme une esclave pour y arriver, et en plus j’avais sauvé nos vacances. Alors nous pourrons partir comme prévu. En rentrant, je prendrai le job dont je rêvais, comme prévu.

Tu sais, je ne suis pas prête. On dit que les hormones travaillent, mais les miennes ne me sont pas montées à la tête. Nous sommes bien tous les deux, nous nous entendons bien, mais je ne peux pas faire de projets, enfin pas de cet ordre-là. J’aurais peut-être dû t’en parler avant, mais j’ai géré l’urgence. J’ai pris rendez-vous, j’y suis allée, c’est bon.
On ne va pas se mentir, nous vivons nos plus belles années. Un appart, un chat, des jobs en or, et assez de sous pour faire les voyages dont nous avons envie. Quand je regarde nos amis, je ne les envie pas. C’est quand même une lourde série de contraintes que d’avoir des enfants. Tu as vu la tête de Cédric, on dirait qu’il n’a pas dormi depuis six mois. D’ailleurs, je crois qu’il n’a pas fait une nuit complète depuis six mois. Sa nana a pris trois tonnes, elle ressemble à une grosse vache. En plus, elle allaite. C’est une vache, pas de doute, avec son moutard pendu à ses pis. Pas moyen de passer un diner entier à table, ils passent leur temps à aller voir si leur nain dort bien, ou elle doit se lever pour le nourrir. Non, moi je trouve que c’est une galère. Ils n’arrêtent pas de dire que c’est merveilleux, mais quand on voit leurs cernes, on se demande.
Moi j’aime bien nos sorties, nos petits week-ends, nos escapades en amoureux. Nous sommes libres, nous pouvons prendre la voiture et aller en Normandie se promener sur les planches. Juste une petite valise pour toi et moi, et nous partons. Rien à planifier, pas de bazar à emporter, et les petits pots, les couches… Je suis bien contente que nous ayons nos petites adresses, comme cette chambre d’hôtes adorable que tu as dénichée près de Fécamp. Et puis le dimanche, on peut rester sous la couette, tous les deux, à se chatouiller les orteils.
Mes soirées entre copines… plus ça va, moins il y en a. Je veux dire, une fois en charge d’enfant, elles ne sortent plus. Comme si elles ne pouvaient pas laisser leur progéniture un soir. Ça me passe le temps quand tu es en déplacement, ces soirées. C’est idéal, tout de même. Je ne me rends même pas compte que tu es parti et voilà, tu reviens déjà. Et ça fait du bien de faire des trucs entre filles, des trucs que je ne ferais pas avec toi, je les fais avec elles.
Bon, je ne dis pas que je n’en aurai jamais envie. Pour le moment, les jeunes parents autour de nous me font juste pitié. Ils sont hagards et crevés, ils n’ont presque plus de vie sociale. Je ne te parle même pas de leurs loisirs. Alors que nous, nous avons du temps pour nous. C’est idéal, vraiment.
Bon, je vais revoir le médecin pour qu’il me pose un stérilet. Je n’aurais jamais pensé qu’on pouvait tomber enceinte en prenant la pilule. Mais il est hors de question que ça se reproduise. Je suis certaine de ne pas l’avoir oubliée. Peut-être un jour où j’ai été malade.
Pourquoi tu boudes ? Tu n’as pas l’air bien. Un kleenex, oui bien sûr, je te donne ça tout de suite. Où tu vas ?

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