dimanche 30 décembre 2012

Il m'aime tellement

Il m’aime tellement tu sais ! Il fait tout pour nous rendre heureux. Nous sommes bien installés, maintenant. Il a fabriqué les placards lui-même et j’ai plein de place pour ranger nos affaires. Il a arrangé la cuisine aussi. J’y passe beaucoup de temps, c’est important. Le petit m’occupe énormément alors je ne vois pas le temps passer dans la journée, même si je ne travaille plus. Tu vois, je me lève un peu avant lui pour préparer notre petit déjeuner, et sa gamelle du midi. Je fais toujours un truc différent, parce qu’il n’aime pas les restes. Il lit le journal en buvant son café, et il me laisse pour que j’aie le programme télé. Il part tôt, sitôt sa douche prise, et après je donne son biberon au petit. Il a eu raison à propos de l’allaitement, c’est quand même un esclavage, et puis mes seins sont restés tout beaux.

Non, nous n’avons qu’une voiture, c’est que ça coûte cher et il en a besoin pour aller travailler. C’est une belle économie et ça pollue moins. Maintenant que nous avons un enfant, il faut penser à l’avenir. Nous sommes dans un quartier agréable, très calme. Les commerces sont un peu loin, je fais tout à pied, enfin, en poussette. Bon, le pédiatre, c’est une expédition en bus, mais je n’y vais pas souvent. Les courses, ça me fait ma balade de la journée. Je m’arrête au square pour que Tom puisse jouer avec d’autres enfants. Il s’amuse bien au toboggan, mais j’ai un peu la frousse, alors je le tiens. J’ai vu sur des forums que certains enfants avaient eu des accidents horribles en tombant. A cet âge-là, c’est la tête qui entraine le reste du corps et c’est la commotion cérébrale assurée. Il est dégourdi, mon petit bonhomme, et il n’a peur de rien. Tout le portrait de son père.
C’est vrai que ça fait un moment que je ne me suis pas acheté une fringue, pour ce que je fais, ça n’a pas d’importance. Je ne sors qu’avec le bébé, je n’ai pas du tout besoin de me faire belle. Tu sais, il gambade, je lui prendrais bien un tricycle, avec une barre et une poignée derrière. Ce serait moins pratique pour les commissions, mais il serait mieux que dans son siège.
Le reste du temps ? Il passe dans le ménage, le rangement, les lessives, le repassage, tu vois ce que c’est. Je me demande comment tu fais, toi qui travailles. Le repassage, ça n’en finit pas, et il tient à ce que ses fringues soient très nettes. Ça fait plus propre, plus soigné. Ah, je ne regrette pas d’avoir laissé mon job pour m’occuper de mon chéri et de mon bouchon. Je suis mieux à la maison, je me consacre à notre fils, il lui ressemble tellement ! Je ne confie pas notre bébé  à d’autres gens, et quand il est malade, c’est moi qui m’en occupe, je n’ai pas besoin de négocier avec une nourrice pour qu’elle me le prenne un peu fiévreux et pour aller bosser en me demandant si tout va bien.
Ça fait un bail que je ne suis pas allée au cinéma. Mais quand il rentre, il est crevé et il n’a pas envie de sortir. Ça ne me manque pas vraiment, j’ai la télé. Nous en avons installé une dans la chambre, comme ça, je ne l’embête pas quand il veut regarder un match. Parfois, il ramène des collègues ou des copains. J’ai prévu le truc, j’ai une réserve de bières dans le garage, des chips et des cacahuètes. Ils passent une bonne soirée. Moi, je leur fais un plateau et je m’installe sur mon lit, tranquille.
Je prépare tout moi-même, les purées de Tom et nos repas. Je n’aime pas trop les plats tout prêts, ou les petits pots, alors je cuisine, ça me détend. J’ai trouvé un bouquin de recettes pour les tout-petits, ça permet de varier un peu. La nourriture, c’est un budget, dans le ménage, autant que ce soit bon et agréable à regarder. Il apprécie mes petits plats, enfin je crois. J’ai perdu un peu de poids, mais c’est normal, après la naissance du bébé, je me trouvais vraiment grosse et moche. Je flotte un peu dans mes vêtements, mais comme je te dis, ce n’est pas bien grave, je ne suis pas dehors pour faire des rencontres, d’ailleurs, je ne sors que pour remplir le frigo et faire prendre l’air à Tom.
Il aime bien, quand il rentre, se poser dans le salon pour se détendre un peu. Je lui sers souvent un petit apéro, un verre de whisky avec quelques olives. Il a un boulot fatigant, en fait, et il a besoin de décompresser. C’est dommage qu’il ait arrêté le sport, mais il dit qu’il n’a plus le temps. Il va parfois au club de foot pour les fêtes, les barbecues et des occasions dans ce genre. Je n’y vais pas, ce n’est pas une ambiance pour une mère de famille.
Et de temps en temps, il sort avec ses potes. L’autre jour, il est rentré à pas d’heure, et, c’est curieux, il est allé prendre une douche avant de venir se coucher. Il devait en tenir une bonne ! Au petit matin, tu penses, ça a dû être une sacrée fiesta ! Le lendemain, il était adorable, aux petits soins, il est même sorti m’acheter un joli bouquet de marguerites. Il ne m’avait pas offert de fleurs depuis la naissance du petit. Enfin, pour la naissance, je crois que c’est sa mère qui avait acheté un bouquet. Je ne sais pas ce qu’ils avaient bu, et ce qu’il s’était renversé sur la chemise, mais elle empestait une odeur d’alcool terriblement sucrée.
Tu vois, nous avons la belle vie. Cette marque, là, sur ma joue ? Près de l’œil ? Ce n’est rien, je me suis cognée.

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