Non, nous
n’avons qu’une voiture, c’est que ça coûte cher et il en a besoin pour aller
travailler. C’est une belle économie et ça pollue moins. Maintenant que nous
avons un enfant, il faut penser à l’avenir. Nous sommes dans un quartier
agréable, très calme. Les commerces sont un peu loin, je fais tout à pied,
enfin, en poussette. Bon, le pédiatre, c’est une expédition en bus, mais je n’y
vais pas souvent. Les courses, ça me fait ma balade de la journée. Je m’arrête
au square pour que Tom puisse jouer avec d’autres enfants. Il s’amuse bien au
toboggan, mais j’ai un peu la frousse, alors je le tiens. J’ai vu sur des
forums que certains enfants avaient eu des accidents horribles en tombant. A
cet âge-là, c’est la tête qui entraine le reste du corps et c’est la commotion
cérébrale assurée. Il est dégourdi, mon petit bonhomme, et il n’a peur de rien.
Tout le portrait de son père.
C’est vrai
que ça fait un moment que je ne me suis pas acheté une fringue, pour ce que je
fais, ça n’a pas d’importance. Je ne sors qu’avec le bébé, je n’ai pas du tout
besoin de me faire belle. Tu sais, il gambade, je lui prendrais bien un
tricycle, avec une barre et une poignée derrière. Ce serait moins pratique pour
les commissions, mais il serait mieux que dans son siège.
Le reste du
temps ? Il passe dans le ménage, le rangement, les lessives, le repassage,
tu vois ce que c’est. Je me demande comment tu fais, toi qui travailles. Le
repassage, ça n’en finit pas, et il tient à ce que ses fringues soient très
nettes. Ça fait plus propre, plus soigné. Ah, je ne regrette pas d’avoir laissé
mon job pour m’occuper de mon chéri et de mon bouchon. Je suis mieux à la
maison, je me consacre à notre fils, il lui ressemble tellement ! Je ne confie
pas notre bébé à d’autres gens, et quand
il est malade, c’est moi qui m’en occupe, je n’ai pas besoin de négocier avec
une nourrice pour qu’elle me le prenne un peu fiévreux et pour aller bosser en
me demandant si tout va bien.
Ça fait un
bail que je ne suis pas allée au cinéma. Mais quand il rentre, il est crevé et
il n’a pas envie de sortir. Ça ne me manque pas vraiment, j’ai la télé. Nous en
avons installé une dans la chambre, comme ça, je ne l’embête pas quand il veut
regarder un match. Parfois, il ramène des collègues ou des copains. J’ai prévu
le truc, j’ai une réserve de bières dans le garage, des chips et des
cacahuètes. Ils passent une bonne soirée. Moi, je leur fais un plateau et je
m’installe sur mon lit, tranquille.
Je prépare
tout moi-même, les purées de Tom et nos repas. Je n’aime pas trop les plats
tout prêts, ou les petits pots, alors je cuisine, ça me détend. J’ai trouvé un
bouquin de recettes pour les tout-petits, ça permet de varier un peu. La
nourriture, c’est un budget, dans le ménage, autant que ce soit bon et agréable
à regarder. Il apprécie mes petits plats, enfin je crois. J’ai perdu un peu de
poids, mais c’est normal, après la naissance du bébé, je me trouvais vraiment
grosse et moche. Je flotte un peu dans mes vêtements, mais comme je te dis, ce
n’est pas bien grave, je ne suis pas dehors pour faire des rencontres,
d’ailleurs, je ne sors que pour remplir le frigo et faire prendre l’air à Tom.
Il aime bien,
quand il rentre, se poser dans le salon pour se détendre un peu. Je lui sers
souvent un petit apéro, un verre de whisky avec quelques olives. Il a un boulot
fatigant, en fait, et il a besoin de décompresser. C’est dommage qu’il ait
arrêté le sport, mais il dit qu’il n’a plus le temps. Il va parfois au club de
foot pour les fêtes, les barbecues et des occasions dans ce genre. Je n’y vais
pas, ce n’est pas une ambiance pour une mère de famille.
Et de temps
en temps, il sort avec ses potes. L’autre jour, il est rentré à pas d’heure,
et, c’est curieux, il est allé prendre une douche avant de venir se coucher. Il
devait en tenir une bonne ! Au petit matin, tu penses, ça a dû être une
sacrée fiesta ! Le lendemain, il était adorable, aux petits soins, il est
même sorti m’acheter un joli bouquet de marguerites. Il ne m’avait pas offert
de fleurs depuis la naissance du petit. Enfin, pour la naissance, je crois que
c’est sa mère qui avait acheté un bouquet. Je ne sais pas ce qu’ils avaient bu,
et ce qu’il s’était renversé sur la chemise, mais elle empestait une odeur
d’alcool terriblement sucrée.
Tu vois, nous
avons la belle vie. Cette marque, là, sur ma joue ? Près de l’œil ?
Ce n’est rien, je me suis cognée.
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