- Maman, maman, je ne trouve plus ma sœur, elle est trop bien cachée. Elle triche, elle ne veut pas que je la trouve pour ne pas avoir à compter.
- Cherche encore un peu, je suis sûre que tu vas la trouver.
- Non, je veux que tu m’aides. Elle triche.
- Bien, je t’aide parce que c’est l’heure du goûter.
La mère pose son sécateur en hauteur, pose ses gants et suit sa fille. Elles font le tour du jardin en appelant.
- Prunelle, Prunelle, où es-tu cachée ? Reviens, le jeu est fini, c’est l’heure du goûter.
- Prunelle, je n’ai plus envie de jouer. Maman a dit que nous allons goûter, viens.
Pas de Prunelle. La fille s’est assise sur les vieilles
marches de la maison. Elle est fatiguée et elle a un peu chaud. Le jeu n’est
plus drôle, puisque sa sœur ne se laisse pas trouver. Sa mère appelle, un peu
agacée.
Pas de Prunelle.
Prunelle, sors de ta cachette. Je ne te vois pas, dans ce
maudit jardin sans clôture. Il est l’heure de rentrer, tu as assez joué. Ta
sœur est fatiguée, elle est toute échevelée, en nage, lasse de vos courses et
de vos chamailleries. Prunelle, ma pomme acide, mon fruit vert, ça suffit
maintenant, je commence à m’inquiéter. Tu es trop petite pour quitter mon regard
et la portée de ma voix. Je t’entendais crier avec Camille tout à l’heure, tu
étais près de moi, pas loin, je voyais passer ta robe bleue dans les arbres,
sur le tapis de fleurs de pruniers, dans l’herbe inégale du jardin, et tes
petites jambes qui tricotent pour courir.
Pas de Prunelle.
Ma fille, mon petit cœur, ma fée, mon inconséquente
princesse, le jeu a assez duré, il n’est plus temps de te cacher, je veux que
tu rentres. Je suis énervée et mes mains se tordent. Je n’ai pas envie de
fouiller le jardin encore une fois, reviens, je ne te vois nulle part. Je te
lirai une histoire dans un joli livre plein de belles images, une histoire de
souris, une histoire d’ours, et tu te blottiras contre moi, mon trésor, tes
toutes petites mains d’enfant tourneront les grosses pages.
J’ai fait cinq fois le tour du jardin, la cour n’offre
aucune cachette, je ne te vois pas. J’ai fouillé le tas de bois où tu ne
pourrais pas te glisser, j’ai ouvert le réduit fermé à clé où sont rangés les
outils de jardinage. J’ai regardé dans la voiture garée devant la maison, elle
est vide. Et ce chien qui tourne autour de moi, inutile !
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