Papa est
mort. C’est lui qui avait choisi ce pays et cet endroit pour être en sécurité. Mensonge
ou vérité ? Je ne suis pas née ici, mais ma mère voulait vivre près de mon
père, son héros, et de sa grande sœur. Dans ce pays trop froid, où les hommes
baragouinent comme leurs chèvres, nous apprenions le Coran, dans la langue pure
du Prophète, entre les murs épais de notre résidence. Sous la direction de Khairiah
Saber nous répétions les sourates, le visage tourné vers la Kaaba.
Papa est
mort. Il venait de la terre sanctifiée où la Révélation fut dictée par l’ange
au Prophète. J’espère que nous pourrons y retourner, mais Maman dit que sa
famille ne veut plus entendre parler d’elle et que celle de Papa nous a rejetés
avec lui. Il n’aimaient pas ce que Papa avait fait, lui se battait pour ce
qu’il croyait juste. Maman dit qu’elle va se confier à ses proches, qu’ils ne
laisseront pas les veuves et les orphelins d’un martyr souffrir du dénuement.
Pour honorer sa mémoire et saluer son œuvre purificatrice, ils prendront soin
de nous. Elle ne sera pas sans ressources.
Papa est mort
et les hommes en noir ont enlevé son corps immense, ils ont quitté la maison,
suivis par ce chien. Papa est mort et je ne sais pas ce que sera demain et les
jours suivants, mais j’en veux à ces funestes soldats qui sont venus loger leurs
balles dans la profondeur de son très grand front. J’espère me souvenir toujours
de cette nuit. Plus tard, je serai mariée à un grand combattant qui prolongera
cette œuvre. Il sera le glaive de ma vengeance contre les impies qui ont tué
mon Papa.
"Justice is
done". Non, justice sera faite quand les soldats de mon père auront exécuté les
hommes noirs, quand cette nuit d’Abbottābād aura été lavée dans le sang des
infidèles. Papa est mort et moi je rêve de le venger.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire