lundi 4 février 2013

Portrait (2)

Tes cheveux gris qui encadrent avec douceur la sagesse de ton visage, tes belles mains qui se posent devant toi, tes doigts fins, admirables, que je prends entre le miens.

Ta voix calme qui raconte les mots des jours, les maux d’aujourd’hui, tes chagrins dignes, tes coups durs acceptés, ta sérénité dans la tourmente, les larmes qui ont perlé à tes yeux et le sourire que tu me faisais à ce moment-là.
Ta tendre résignation et tes combats féroces, ton courage et ta dureté dans l’océan de ta bienveillance, tes silences et tes paroles rares, tes critiques qui font mouche, tes phrases justes, acérées, ciselées, ces remarques qui tombent comme autant de cailloux dans les mares de certitudes.

Tes goûts compliqués et tes projets irréalistes, tes programmes tout bêtes, tes envies trop raisonnables, tes censures et tes rêves de fleurs de cerisiers, tes évasions de plus tard, tes escapades de maintenant.
Ton corps fragile de danseuse, l’ineffable grâce de tes gestes, la mesure de chacun de tes mouvements, le recueillement de ton regard quand tu écoutes, ta maudite empathie qui te fait souffrir toutes nos détresses.

Les visites que nous avons faites, les sages promenades de tes pieds blessés, ta démarche de vieillarde prématurée alors, les rayons de soleil sur ta peau claire, la distance que tu mets entre l’agitation du monde et toi, ta retraite muette en toi-même, ton ermitage intérieur. Tes oreilles disponibles à toutes les confidences, tes aveux inattendus, ta vie d’avant qui ne fut pas sage, ta vie d’aujourd’hui qui l’est trop, le tombeau accueillant de ton attention où j’ai jeté mes peines et mes turpitudes.

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