jeudi 16 mai 2013

A deux mains

Je ne suis pas l'auteur de ce texte : les deux autres mains de Synecdoques l'ont écrit.

De grandes mains aux doigts longs et mythiques, aux phalanges innombrables et démultipliées, courent sur le clavier d’ivoire et d’ébène et je voudrais tant en atteindre au moins l’ombre inaccessible, Regrets de mes 16 ans. De petites mains potelées, beurrées, sucrées, enfarinées rencontrent les miennes déjà usées pour remodeler les petits sablés de ce jour, Eternité -pour 100 ans. Des mains aux veines saillantes, aux rides naissantes, à la pulpe douce jadis, usées de ces passages sur la nuque, sur le front, sur les cils humides, plongées dans des km de mouchoirs en papier et qui toujours espèrent demain, Soupir dès 30 ans. Des mains armées précises et concentrées, méthodiques et ordonnées, toniques et envolées, de neige et d’eau, ces mains désirées en vain, Pistache à 50 ans. Des mains brunes, dociles, élégantes et saintes, aux ongles rieurs, que je voudrais saisir, empoigner, garder, Idylle pour une poudrée de mois. Des mains lasses qui n’auront jamais entouré qu’une tasse de café, ou parfois flatté une croupe bovine, des mains à la cambrure pourtant si divine, Remords et hoquets, intemporels. Une ronde de mains, crispées, accrochées, suintantes peut être, qui se frottent et jamais ne se quittent dans l’immense espoir que cette ronde enfantine et gaie, si gaie, les protègera tous des incertitudes de demain, des mains, Ensemble.

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